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cœur. Nous sommes tous ensemble un même

,, temple de Dieu, & chacun de nous est aussi son » temple. Il habite dans l'unité de tous ceux qui ,, sont à luy & dans chacun d'eux: Et il n'est pas » plus grand dans eux tous que dans un seul, par, ce qu'étant un pur Esprit, il est grand fans ,, quantité & fans étendue, & qu'il se donne à ,, plusieurs fans diminution & fans partage.

Nôtre cœur devient son autel, quand il est vraiment élevé vers luy. Lorsque nous implo,, rons sa mifericorde, nous avons son propre Fils ,, pour notre Pontife & nôtre interceffeur auprès ,, de luy. Et nous luy offrons des holocauftes & des ,,sacrifices sanglans, lorsque nous combattons ,, pour sa verité, jusques à répandre nôtre sang ,, pour sa défense : Cum ad illum furfum est, ejus Auguft. eft altare cor nostrum. Ejus unigenito cum facer - Dei L. 10. dote placamus. Ei cruentas victimas cedimus, cum cap. 4 usque ad sanguinem pro ejus veritate certamus.

C'est pourquoy il est marqué dans ce Chapitre, que celuy qui offroit à Dieu un holocaufte, mettoit sa main sur la tête de l'hostie. Ce qui fignifioit dans le dessein de Dieu, quoy qu'il püt être moins connu en ce tems de la vieille loy, que celuy qui offroit cette hoftie ne s'en separoit point: Qu'il la substituoit en sa place: Qu'il reconnoissoit que c'étoit luy-même qui auroit dû s'immoler à Dieu, & luy offrir effectivement sa vie qu'il avoit merité de perdre, en irritant celuy qui la luy avoit donnée. Et que si Dieu la luy laissoit encore, il ne la considereroit que comme un don de sa grace, duquel il croiroit ne devoir ufer que pour luy plaire, se tenant heureux de la luy rendre, quand il luy fcroit naîrre une occafion de la perdre pour son service.

C'est ce qui a fait dire à saint Augustin, Que le sacrifice visible & exterieur n'est autre chose que le Sacrement, c'est-à-dire, le signe sacré du sacrifice

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de Civit.

Aug. de fice invisible & interieur facrificium visibile invi. Cio. Dei fibilis facrificii facramentum, id est, Sacrum fi 1.10.0.5.

gnum eft. Dieu donc, ajoûte ce Saint, ne nous ,, demande point le sacrifice exterieur & fanglant ,, d'une bêre égorgée ou brûlée sur son autel, ,, mais il nous demande le sacrifice de la contri,, tion & de l'humiliation de nôtre cœur : Non vult ergò Deus facrificium trucidati pecoris, fed vult facrificium contriti cordis.

David nous marque clairement cette verité, Pf. 50. v. lorsqu'il dit à Dieu: Si vous aimiez les facrifices 18:19. ,, je vous en offrirois: mais les holocauftes ne vous

2.6.0 Sequent.

,, sont pas agréables. Le sacrifice que vous deman,,dez, mon Dieu, est un esprit abattu d'afflition ,, & de repentir; vous ne rejettez pas, ô Dieu, ,, un cœur contrit & percé de douleur & de regret.

,, Qu'offriray-je à Dieu? dit encore le Prophete Mith. 6. ,, Michée dans le même sens. Que luy offriray,, je qui soit digne de luy? Fléchiray-je les genoux ,, devant le Dieu très haut? Luy offriray-je des ,, holocauftes & des veaux d'un an? L'appaise,, ray-je en luy facrifiant mille beliers, ou des mil,,liers de boucs engraiffez? O homme, je vous >> diray ce qui vous est utile, & ce que le Seigneur ,, demande de vous. C'est que vous agiffiez felon „la justice; que vous aimiez la mifericorde ; & que ., vous marchiez en la prefence du Seigneur avec ,, une vigilance pleine d'une crainte respectueuse.

Ang. de

,, Ce Prophete, dit faint Augustin, diftingue

,, nettement deux fortes de facrifices. Les sacrifiCiv. Dei. ,, ces de bêtes égorgées, ou brûlées sur l'autel, 1.10.0.5 ,, & les facrifices d'un coeur qui ne pense à tout ,, moment qu'à plaire à Dieu avec un amour plein ,, de respect. Er il témoigne que Dieu ne nous , demande point ces premiers facrifices, parce ,, qu'ils ne font que des fignes des seconds, qui ,, font proprement les facrifices interieurs & fpitituels que Dieu demande,

Saint Paul montre encore clairement que les

œuvres de charité sont un sacrifice à Dieu, lors qu'il dit aux Hebreux, ausquels il reprefente quelle a été la vraye fin de toutes les figures &

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de tous les facrifices de la vieille loy: Souvenez- Hebr. 13.

,, vous d'exercer la charité, & de faire part de 2.10. , vos biens aux autres: car c'est par de semblables ,, hofties qu'on se rend Dieu favorable.

,, Lors donc que Dieu dit dans l'Ecriture : J'aime mieux la mifericorde que le facrifice, il ne ,, rejette pas le sacrifice, mais il préfere un facri,, fice à un autre. Il prefere les œuvres de cha,, rité & de mifericorde, qui font, selon faint Paul, ,, un sacrifice vertablement offert à Dieu, au sacri,,fice exterieur, qui est le signe de celuy-cy: Ubi Scriptum eft: Mifericordiam magis volo quàm fa- Aug. de crificium; nihil aliud quam sacrificio facrificium 1. 10.6.5. prælatum oportet intelligi: quoniam illud quod ab omnibus appellatur facrificium, signum est veri sacrificii.

Civ. Dei. 1.10.6.5.

,, Dans ce tems de la loy nouvelle, continuële Aug. de ;, même S. Augustin, le veritable peuple de Dicu, ,, qui n'est autre que l'Eglise sainte, a appris de JE,, SUS-CHRIST & des Apôtres, que tous ces facrifi,, ces, & toutes nos ceremonies de la loy ancienne ,, n'ont été que la figure du culte interieur & fpiri,, tuel que nous devons rendre à Dieu, en nous atta,, chant à luy, & en portant à luy nôtre prochain par ,, tous les devoirs d'une charité sincere & veritable.

,, C'est là le grand objet que nous devons avoir ,, devant les yeux, lorsque nous lisons tant de ,, choses differentes que Dieu ordonne à Moise » pour regler les sacrifices qui devoient luy être ,, offerts dans le ministere de son tabernacle & de ,, son temple: qui est que toutes ces choses se rap,, portent, comme à leur unique fin, à ces deux ,, grands Commandemens, dont le premier eft d'aimer Dieu de tout notre cœur. & le second, „ d'aimer

» d'aimer nôtre prochain comme nous-mêmes : ,, parce que toute la loy, c'est-à-dire, tous les cinq ,, livres de Moiïse, entre lesquels est le Levitique ,, & tous les Prophetes, font renfermez dans ces

,, deux Commandemens : Quacumque igitur in Aug. de ministerio tabernaculi five templi multis modis de Civ. Dei. facrificiis leguntur effe pracepta, ad dilectionem Dei 1.10.6.5.& proximi significandum referuntur. In his enim duobus praceptis, ut scriptum est, universa lex pen. det & Propheta.

Ainsi le facrifice interieur qui est inseparable de la vraye religion, consiste proprement à nous anéantir devant Dieu, à travailler par sa grace à détruire toutes nos passions, à nous tenir attachez à luy comme à notre souverain bien, & à

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tâcher de l'aimer de tout notre cœur, de tout ,, nôtre esprit, de toutes nos forces, comme étant ,, la source de nôtre béatitude & la fin de tous ,, nos defirs: Ipfe enim fons nostra beatitudinis, Civ. Dei. ipse omnis appetitionis eft finis.

Aug. de

1. 10.0.4.

Quand Dieu nous commande ainsi de l'aimer, c'est pour nous-mêmes & non pour luy qu'il nous fait ce commandement. Car quel besoin a-t-il ,, que nous l'aimions, luy qui est luy-même tout ,, fon bonheur ? Vous étes mon Dieu, dit Da,, vid, parce que vous n'avez nul besoin de mes biens. Ainfi c'est à l'homme seul, dit faint Augu,, stin, & non à Dieu, que sert le culte que l'homme ,, luy rend. Car qui ofera dire qu'il soit utile à la ,, fontaine qu'on en boive l'eau; ou à la lumiere que

Ang, de Civ. Dei. dixerit profuiffe, si biberit, aut luci si viderit. 1.10.6.5. Il semble donc que Dieu dise à l'homme quand il luy commande de l'aimer: Je veux que vous m'aimiez afin que vous appreniez à vous aimer. Et vous ne sçauriez vous aimer qu'en m'aimant. Car tant que vous vous aimerez vous-même & tout ce qui est hors de moy, yous vous haïrez verita blement,'

,, l'œil la regarde? Neque enim fonti se quisquam

۱

Eccli 30.

blement; & vous ne trouverez en cet amour qu'une source de maux éternels. Ainsi ayez pitié de vôtre ame, & apprenez-luy à s'aimer en tournant son amour vers moy, & en s'efforçant de me plaire: Miferere anima tue placens Deo. ,, Lorsqu'un homme a appris de cette forte à 24. s'aimer soy-même en aimant Dieu, continuë :,, faint Augustin, quand Dieu luy commande d'ai,, mer fon prochain comme soy-même, que luy ,, commande-t-il autre chose, sinon de le porter à ,, aimer Dieu, afin qu'il trouve dans cet amour

"

la beatitude qu'il cherchoit vainement dans les ,, créatures: Jam igitur diligere seipsum, cum man- Aug. de proximo diligendo ficut feipfum, quid aliud Civ. Dei. mandatur, nisi ut ei, quantum potest, commender 19.6. 6.

datur de

diligendum Deum ?

„Nul ne nous aime veritablement, ajoûte le ,, même Saint, qu'autant qu'il nous porte à aimer Dieu. Et nous n'aimons personne veritablement

دو

,, qu'autant que nous le portons à aimer Dien, &

دو

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à se rendre digne d'être aimé de luy: Ad hoc Aug, ib.

bonum debemus, & à quibus diligimur duci, &

quos diligimus ducere.

,, C'est-là le yray culte de Dieu; c'est la veri ,, table religion; c'est la pieté sincere; c'est la fer,, vitude & l'adoration qui n'est dûë qu'à Dieu: Hic eft Dei cultus; hec vera religio; bac recta pie- Ang de tas; hac tantum Deo debita servitus.

Ce facrifice interieur par lequel nous nous offrons nous-mêmes à Dieu, ne dure pas seulement un petit espace de tems comme les sacrifices exterieurs, mais il doit enfermer toutes nos actions, & durer autant que nôtre vie.

Puis donc que faint Paul nous apprend, com,, me il a été marqué auparavant, que lorsque nous

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Civ. Dei. 1.10.0.6

affistons nôtre prochain, nous offrons à Dieu Angteft.

,, une hoftie qui luy est agréable, nous devons croi- Ibidem. >> re que toutes les fois que nous agissons avec l'œil cap. 6.

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de

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