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core que les Sacremens & le sacrifice de la loi Auguft. „nouvelle que JESUS-CHRIST a remplis de tant de spir.& ,,de graces, dûssent être si differens de ceux de l'an-4.6. 250 cienne, qui n'étoient que des ombres & des fi

gures; néanmoins le Saint-Esprit parlant par la „bouche de Jeremie, & depuis par celle de faint „Paul, & voulant montrer précisément la differen, ce de la loi de Moise & de celle de JESUS CHRIST, ,, n'a marqué le caractere de la loi nouvelle, qu'en ,, dilant qu'il l'imprimeroit dans l'esprit & qu'il l'é„criroit dans les coeurs des fidéles, non avec de l'encre, >> comme dit saint Paul, mais par l'Esprit du Dien >vivant, qui est l'Esprit d'amour & d'humilité.

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Dieu donc felon sa sagesse nous a conduits au falut par divers degrez. La loi faisant connoîrre le peché sans le guerir, a perfuadé l'homme de fa foiblesse. L'homme voyant l'impuissance de sa vo lonté a imploré la grace du Sauveur. La grace a gueri la volonté. Et la volonté étant guerie a gar. déla loi, ayant obtenu par la foi la force de faire avec joye ce qui lui étoit prescrit par la loi: Voluntas oftenditur infirma per legem, ut sanet gratia August; voluntatem, & fanata voluntas impleat legem. de pir. Quod operum lex minando imperat, hoc fidei lex credendo impetrat. C'est ce que le même Saint ditencore en ce peu de mots : Lex data eft, ut gratia quæreretur; gratia data eft, ut lex impleretur.

Mais pour comprendre plus sensiblement la difference de ces deux loix, il ne faut que confiderer les fuites & les effets de l'une & de l'autre.

க Lic. 6.9.

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Dicu donne sa loi fur le Mont Sina. Il défend fur toutes choses l'idolâtrie aux Israëlites. Et autlitot après ils quittent Dieu pour adorer un veau d'or. Ils s'abandonnent à l'impieté.,, Dieu se plaint ,, par un Prophete qu'ils ont adoré dans le defert les A2.7. „aftres du ciel, & qu'ils ne lui ont point offert de 42. ,,sacrifice durant quarante ans. Et de fix cens mil. Je hommes portant les armes qui étoient fortis de

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PEgypte, il n'y en a que deux, Josué & Caleb qui entrent dans la terre promife.

Voilà les suites de la loy ancienne, & voici le fruit de la nouvelle. Le Saint Esprit descend du ciel sur les disciples avec tous fes dons. Il les remplit de feu & de lumiere. Ils foulent aux pieds les biens de la terre. Ils ne sont tous ensemble qu'un cœur & qu'une ame. Ils adorent comme le DieuL du ciel & comme l'auteur de la vie, celui qu'ils ont vû traité devant leurs yeux de la maniere du monde la plus honteuse & la plus cruelle. Ils merrent leur joye dans les mépris & dans les fouf frances. Ils ne pensent qu'à vivre & à mourir pour celui qui est mort pour eux.

§. VIII.

Combien il est utile de confiderer l'état des fuifs & des Apôtres mêmes, avant que le Saint-Esprit eût été donné.

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TE fruit de la loi donnée aux Juifs a paru diLvinement dans cette premiere Eglife de Jerufalem: Mais Dieu n'a pas voulu qu'il fût renfermé en elle seule. Il a eu tous les Chrétiens en vûë. lorsqu'il a donné au peuple Juif durant tant de fiecles la lumiere de sa verité, separée de l'infufion de fa grace & de fon Efprit.

Car il ne faut pas s'imaginer, que les Juifs seuls ayent été prevenus de cette pensée superbe, que pourvû que Dieu leur fit connoître sa volonté ils n'auroient pas de peine à lui obeït. Cet orgueil est si profondément enraciné dans la volonté des hommes, que le Fils de Dieu venant sur la terre a bien voulu s'appliquer à le détruire, non seulement en des personnes ordinaires; mais dans le cœur mesme des Apôtres, & particulierement dans faint Pierre, le premier & le chef de tous.

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Car à quoy peut-on attribuer cette foiblesle fi furprenante des disciples de JESUS-CHRIT, remarquée si souvent par les faints Peres; & la chûte de S. Pierre qui auroit dû être le plus fort de tous, fiuon à l'ignorance où ils étoient de cette verité, comme tous les Juifs y avoient été avant eux, qu'il ne fuffit pas de connoître la verité de Dieu, quelque parfaite que puisse être la connoiflance que nous en ayons, mais qu'on demeurera toûjours foible & languissant, comme ont été les Apôtres, jusqu'à ce que l'on ait reçû de Dieu un cœur nouveau par l'impression du Saint - Esprit, ,,& que que la la foiblesse humaine foit confumée par cet,, te force que JESUS-CHRIST promettoit à ses ,,difciples, lorsqu'il leur difoit: Demeurez dans Jerufalem jusqu'à ce que vous soyez remplis de la vertu qui vous doit venit d'enhaut : Quoadusque Luc. induamini virtute ex alto.

Voilà la merveille & en même-tems le grand fecret de la loi nouvelle, que S. Pierre n'avoit pů comprendre durant trois années qu'il avoit été dans Pécole du Sauveur, & qu'il n'a appris que par l'experience de sa propre chite.

2.49.

Lorsque ce Saint est appellé à l'Apoftolat par JESUS-CHRIST, il paroît humble, & plus humble que les autres Apôtres. Il est épouvanté de la Luc. 50 puissance divine HRIST avoit fait 2.8. 9. JESUS-C que paroître dans cette prise miraculeuse de tant de poiffons. Il se jette à ses pieds, & il lui dit cette parole pleine d'un profond abbaissement:,, Sei„gneur, retirez-vous de moy, car je ne suis qu'un » pecheur.

Qui ne croiroit que l'humilité d'un tel Apôtre, inftruit par un tel Maître, témoin de tant de paroles & d'actions si prodigieusement humbles d'un Dieuhomme avec lequel il étoit sans cesse, iroit toûjours en croiffant, & qu'elle paroîtroit dans son comble à la mort du Fils de Dieu? Et cependant il arrive tout le contraire, Quand

Quand JESUS-CHRIST l'appelle, il ne se croit pas digne de le suivre. Et lorsque le Fils de Dieu est prêt de souffrir, & qu'il annonce sa mort à tous ses disciples, dans ce même - tems où l'on s'attendroit qu'un homme aussi éclairé que faine Pierre, témoigneroit au Sauveur une soumission plus profonde; c'est alors qu'il se laisse emporter à des mouvemens de presomption. Il affure que quand tous les Apôtres abandonneroient le Fils de Dieu, il ne l'abandonneroit jamais. Qu'il est prêt de souffrir pour lui la prison & la mort. Et quand JESUS-CHRIST lui prédit qu'il le renonceroit par trois fois cette nuit-là même, il dispute contre lui, & il lui soûtient qu'il est tout prêt de mourir plûtôt que de manquer à la fidelité qu'il lui a promife.

Il est sans doute que ces protestations étoient mêlées de quelque amour, comme S Augustin le reconnoît. Mais il est étrange que S. Pierre ne s'apperçût pas que ce pretexte d'un zele apparent le jettoit dans la presomption, en le portant à contredire le Fils de Dieu même, & à se preferer à tous les autres,

D'où vient cette ignorance & cette méprise si peu attenduë en un Apôtre, & un chef des Apôtres, finon de ce que ce Saint ne comprenoit pas encore affez ce mystere caché dans la loi & dans la conduire que Dieu avoit gardée durant quinze cens ans à l'égard du peuple Juif, qui est que quand nous aurions un homme aussi éclairé qu'étoit Moise, qui apprendroit de Dieu même tout ce qu'il nous diroit: Je dis plus, quand ce seroit le Verbe de Dieu revêtu d'un corps mortel, qui nous parleroit lui-même comme il parloit à faint Pierre & à tous les Apôtres, & quand nous ap. prendirons la verité de la bouche, non plus d'un homme de Dieu, comme étoit Moise, mais de la bouche de l'homme-Dicu, comme étoit JE.

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JUS-CHRIST, fi nous ne reconnoissons en même tems qu'outre tous ces feeours exterieurs, nous aurions besoin d'un autre secours fans comparaifon plus puissant & plus interieur qui nous portát à nous abbaisser profondément devant Dieu, & à implorer sa mifericorde par des prieres humbles & ferventes: il nous arriveroit ce qui est arrivé aux Apôtres qui ont abandonné le Fils de Dieu à sa Paffion, & à S. Pierre même qui l'a renoncé trois fois, après avoir protesté tant de fois qu'il étoit prêt de mourir pour luy.

Que fi nous recherchons la cause d'une fi gran de foiblesse des Apôtres, nous la trouverons dans l'Evangile même, où nous voyons que l'exemple de cette humilité si prodigieuse du Fils de Dieu ne les portoit point à s'humilier, ni à prier autant qu'ils auroient dû, & ne les gueriffoit point des paffions qui regnoient encore secrettement au fond de leur cœur.

C'est pour cette raison que S. Jean & S. Jacques qui étoient les plus favorisez après S. Pierre, de manderent par leur mere à JESUS CHRIST, rou giffant de le faire eux-mêmes, que dans son royaume il mit l'un d'eux à sa droite, & l'autre à sa gauche, comme pour transferer à eux deux la premiere place, & l'ôter à S. Pierre, auquel il paroissoit qu'elle avoit été destinée.

Ainsi on les voit disputer pour sçavoir qui étoit le premier d'entr'eux, non seulement durant la vie du Fils de Dieu, mais à la veille même de sa mort. Après celà ils tombent, & S. Pierre plus dangereusement qu'aucun autre, comme s'étant élevé au-dessus de tous, parce que la parole du Sage est infaillible : » L'orgueil precede la chû,,te, & l'ame s'éleve avant qu'elle tombe : Con-Prov. 16. tricionem pracedit fuperbia, & ante ruinam exalta-v. 18. tur spiritus.

Če sont-là les grandes veritez qu'il faut avoir
de

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