Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Hevel.

roit un vrai bonheur, fi nous pouvions recouvrer ces mémoires; mais ils font enfevelis dans l'oubli, ou peut-être ne subsiftent-ils plus,

Occupé depuis long-tems à écrire l'hiftoire des hommes illuftres de Provence, infenfiblement les mémoires pour celle de Gaffendi, ont groffi entre mes mains, & m'ont fait naître l'envie de la donner féparément: j'ai cru que le Public me fçauroit quelque gré de lui conferver le détail de fes actions.

Jean Hevelius, fameux aftroGaff.p.535. nome de Dantzic, remerciant Gaffendi du beau préfent qu'il lui avoit fait des vies des célébres aftronomes, Tycho-Brahé, Copernic, Puerbachius ; & Regiomontanus, le félicite de ce que, ces vies ont été écrites par un fi grand homme que lui, &

fouhaite que quelque grand homme donne un jour la vie de Gaffendi: Plût à Dieu que fon fouhait s'accompliffe, & que cet essai fasse naître à quelqu'un l'envie de l'écrire d'une maniere digne de fon fujet! En effet c'est la vie d'un fçavant astronome, d'un profond philofophe, d'un excellent humaniste, d'un judi cieux hiftorien, & d'un habile mathématicien: à toutes ies connoiffances que peut acquerir un homme, il joignoit toute la candeur, toute la politeffe, & toute la complaifance qu'on pouvoit fouhaiter; rien n'étoit moins à charge que fa profonde érudition: il n'étoit fçavant que dans fon cabinet & dans fes livres. En attendant donc que quelque grand homme prenne la peine de l'écrire, je dirai quelles font les fources principales

où j'ai puifé. Six volumes in fol. latins des œuvres de Gaffendi, m'ont fervi infiniment, & furtout le dernier qui contient les lettres de Gaffendi à tous les Sçavans de l'Europe, & des Sçavans à Gaffendi. C'est dans les lettres qu'on fe peint naturellement: ces lettres font des ouvrages admirables, on le trouve toûjours modefte, plein de candeur & d'honneur; mais toûjours fçavant. On ne vit jamais un homme avec tant de mérite, moins

présomptueux que lui: il explique fon sentiment avec neteté & précision; mais toûjours avec tant de fageffe, qu'on ne fçait ce qu'on doit plus admirer de fon érudition ou de fa modeftie.

J'ai traduit quelques-unes de fes lettres entierement à caufe des matieres intereffantes qu'il

traite, je me fuis contenté quel quefois d'en donner des fragmens, & quelquefois de fimples analyses; mais j'ai parlé de prefque toutes, parce qu'elles renferment les circonftances de fa vie.

L'Oraison Funébre de Gaf fendi, que Nicolas Taxil fon fuc ceffeur à la prévôté de Digne prononça dans cette Ville peu de tems après fa mort, & qui fut imprimée à Lyon en 1556. in-8°. Son éloge latin par San muël Sorbiere imprimé à la tête de fes œuvres, & ce que dit François Bernier de lui dans la préface de l'abregé de fa philofophie, font des morceaux précieux que je n'ai eu garde de négliger. Sorbiere ne nous a donné qu'un éloge, il ne s'est point affujéti aux dates; je l'ai redreffé quelquefois, ce qui n'empêche

ǎ iiij

pas que fon éloge ne foit une bonne piéce intime ami de Gaffendi, il étoit inftruit de bien des faits. L'illuftre Montmor le pria de travailler à cet éloge; comme il ne le paya pas, il fe plaignit : le plaifir qu'il avoit eu de louer fon ami, n'étoit-ce pas la plus grande récompenfe qu'il pouvoit éxiger; mais tenir pareil langage à un avare, & à un homme auffi intereffé que Sorbiere, ce n'étoit pas vouloir fe faire écouter. Dans le récit de la derniere maladie de Gaffendi, Sorbiere parla des fréquentes faignées qu'on lui avoit faites, & qui avoient abregé fes jours:Guy Patin un des médecins de Gaf fendi dans une de fes lettres, annonce cet éloge avec complaifance; mais il ne l'eût pas plûtôt lû, qu'il changea de fentiment, qu'il fe répandit en invectives

« AnteriorContinuar »