qu'il sera prêt à vous recevoir. Je suis avec affection en Notre-Seigneur, Mefdames, tout à vous, &c. A Montpellier ce 13. Janvier 1707. LETTRE CCLXXVI. De pieté à une Demoiselle, sur la mort d'une amie. V : Os Lettres ne m'ont pas été fidellement renduës, ma chere Fille, mais j'ai deviné tout ce que vous avez souhaité pour moi au commencement de cette année, & je me suis dit tout ce que vous pouviez m'avoir écrit. De mon côté j'ai demandé pour vous au Ciel ce que je lui demande tous les jours, vôtre santé, vôtre repos, vôtre satisfaction, & par-dessus tout vôtre sanctification. J'ai bien crû que vous auriez été touchée de la mort de Madame vôtre cousine. Vous l'avez assistée durant sa maladie, & vous n'avez oublié aucun office de charité dans le befoin qu'elle en a eu. C'est un assez trif te spectacle de voir une jeune, vertueuse & malheureuse Dame mourir dans le sein de sa famille, dans les premieres années de fon mariage, & rendre à Dieu une ame occupée de son mal & des esperances flateuses de guerison. Je ne doute pas que votre bon esprit ne vous ait fait faire : de solides reflexions sur la fragilité des choses humaines, sur la necessité de mé-, nager dans les maladies tous les momens qui peuvent servir au salut. & sur les fausses compassions de ces foibles amis qui diffimulent aux mourans les dangers d'une mort prochaine. Il n'y a rien qui doive tant desabuser du monde que ces feparations imprévûës des personnes que notis aimons. On les pleure & on les oublie bien-tôt après... Je suis bien-aise que vous soyez contente du voyage que vous avez fait à Sommieres, que vous soyez tranquille chez-vous, & que vous ayez cette année les mêmes intentions que Pautre. Lorsque, Dieu rompra vos liens, vous vous fauverez dans la folitude. Je le prie tous les jours qu'il vous console dans vos peines, qu'il vous affermisse dans vos deffeins, & qu'il vous conduise dans les voyes qu'il vous a marquées. Nous voilà à la fin des Etats, je m'en retourne à Nifmes dans peu de jours. Donnez-moi souvent de vos nouvelles, & croyez-moi autant que yous le pouvez fouhaiter, & plus que je ne puis vous le dire, ma chere Fille, vôtre, &c. A Montpellier ce 15. Janvier 17079 : i LETTRE CCLXXVII. De civilité & de compliment, au General des Chartreux. E Pere Tournu, non très-Reverend a bien voulu se charger de vous presenter de ma part une Lettre Paftorale & un Mandement que j'ai fait publier dans mon Diocese, à l'occasion d'une Croix miraculeuse, & des prieres ordonnées pour la prosperité des Armes du Roi. Il n'a pas manqué d'accompagner ce petit present de quelques témoignages d'eitime & de confideration que je lui avois confié, afin qu'il les fit passer jusqu'à vous. Je n'ai pas mérité, mon très-Reverend Pere, la reconnoiffance que vous me marquez. J'ai crû que tout ce qui porte le titre de Croix, de dévotion & de priere, avoit droit d'aborder dans vos folitudes, & que personne ne pouvoit mieux que vous autoriser auprès de Dieu, le soin que nous prenons de le faire connoître aux Peuples. La veneration que j'ai toujours eüe pour votre saint Ordre, m'a fait regarder ceux qui le composent, & plus encore ceux qui le gouvernent comme des Hommes spirituels, en qui toutes les vertus Evangeliques se rassemblent, & qui font separez du monde pour en éviter les dangers, & pour en déplorer les miferes. Bien que l'approbation que vous avez la bonté de donner aux deux petits imprimez que j'ai eu l'honneur de vous envoyer, viennent du fond de võtte charité, je ne laisse pas de sentir le plaisir qu'il y a d'être honoré de vôtre estime. Je vous ai fait dresser un petit mémoire de quelques Ouvrages que j'ai rendus publics en divers tems. Le nombre n'en est pas grand, le mérite encore moins, & rien ne peut leur attirer plus de réputation, que la place honorable que vous leur destinez dans vôtre Bibliotheque. Si j'étois en lieu où je pusse les trouver bien conditionnez, je ne vous donnerois pas la peine de les chercher. Je vous prie de m'accorder quelque part en vos prieres, & de croire qu'on ne peut être plus parfaitement que je le fuis, mon très-Reverend Pere, vôtre, &c. A Montpellier ce 15. Janvier 1707. LETTRE CCLXXVIII. De civilité à la Sœur Angelique du Saint J Esprit. E fuis en peine, ma chere Sœur, fur vôtre santé, n'ayant point reçû de vos nouvelles depuis long-tems. J'attribuë ce filence aux longues & frequentes retraites que vous faites, perfuadé que vous perfe verez toûjours dans votre premiere ferveur, pour mériter les graces du Seigneur & le bonheur éternel. Je vous envoie la Lettre Pastorale que j'ai faite sur la Croix de faint Gervafi, & mon Mandement pour la profperité des Armes du Roi,qui pourront remplir quelques momens de vôtre loisir par la lecture que vous en ferez. Donnez-nous de tems en tems de vos nouvelles, comine vous faisiez ci-devant. Je ne doute pas que vous ne vous soyez souvenuë de moi dans vos prieres au commencement de cette année. Je vous en' demande la continuation, ma chere Sœur, étant toûjours très-parfaitement à vous, &c. A Montpellier ce 24. Janvier 1707. LETTRE CCLXXIX. De compliment à M. le Maréchal Dus DEuffai-je de Villars. Monfieur, interrompre pour quelques momens les projets glorieux que vous méditez pour la Campagne prochaine, je ne puis m'empêcher de vous témoigner le désir que j'ai qu'on vous les laisse executer. La mort du Prince de Bade, l'obstination des Mécontens de Hongrie, les mouvemens du Roi de Suede, & la Ligue qui paroît formée |