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dentes. Tout étoit prefque prêt, poudre, armes, recrûës,lorfque Meffieurs de Barv. & de Bav... ont eu des avis certains de ce

qui fe tramoit prefque à leur porte. On a fouillé dans la nuit les maifons fufpectes à Montpellier; on y a trouvé les Chefs, fur tout un Dragon de Fimarcon déferteur, revenu des païs étrangers avec la confiance des Alliez, qui a été tué en fe défendant, dont on a pris les papiers, fur lefquels on a arrêté plufieurs perfonnes mal intentionnées. On a fçû que les plus méchans étoient dans Nifmes.On y a pris par le plus grand bonheur du monde Ravanel, Catinat, & quelques autres de ces Rebelles, dont on a découvert les intrigues: quelques Marchands de nôtre Ville s'y trouvent envelopez. M.de Barv. & M. de Bav. fe font tranfportez ici, & ce dernier vient d'en juger quatre; deux à être brûlez vifs, pour facrileges, rebellion, meurtres, &c. deux autres à être rompus. Demain on en jugera d'autres. Ils prétendoient une révolte prête dans le Languedoc,Dauphiné & Vivarez qu'ils vouloient avoir l'honneur de commencer. Ils avoient deffein de mettre le feu dans plufieurs endroits de Nifmes & Montpellier, & pendant qu'on s'occuperoit à l'éteindre, fe faifir des Corps de Garde & des armes, & faire mouvoir au même-tems

leurs

gens de la campagne, efperant que les Catholiques laffez de la Capitation fe joindroient à eux, & qu'on feroit obligé de faire venir ici les troupes de Savoye. La Flote ennemie, le nom de M.de Miremont qu'ils nomment le dernier Prince fidele à Dieu de la Maifon de Bourbon, étoient les motifs de leurs efperances.

Voilà leurs folies & leurs vifions. Cependant ce font des folies & des vifions dangereufes. J'efpere que cette confpiration fera étouffée dans le fang de ces fcelerats. Mais il eft bien ennuyeux d'être toûjours dans les apprehenfions de voir une guerre fanglante & plus que civile.

A Nifmes ce 21. Avril 1705.

V

LETTRE CCVIII.

Sur le même fujet.

Ous avez bien raison, Monfieur, de regarder comme un effet de la Providence de Dieu, la découverte de la confpiration qui fe tramoit en ce païs, & qui étoit fur le point d'éclater. Les Emiffaires d'Angleterre & de Hollande, les fcelerats chaffez d'ici & revenus furtivement Chefs autrefois des Fanatiques, & quelques malheureux Bourgeois de Nifmes & de Montpellier conduifoient cet ouvrage de tenebres. Les enrólemens de la jeu

pas

neffe gâtée, l'amas de poudre, d'armes, de bales, &c. fe faifoient dans les Villes & dans la campagne fecretement ; les efperances des fecours étrangers de Meffeurs de Miremont & de l'Abbé de la Bourlie leur paroiffoient prochaines & affurées. On devoit commencer par Meffieurs de Barv. & de Bav. nous n'étions oubliez. Un avis eft venu comme du Ciel. On a arrêté quelqu'un de ces fouffleurs de fédition, qui en a découvert d'autres ; ceux-là, d'autres : quelques-uns étourdis du coup, & portant leurs cri mes fur leur vifage, fe font comme livrez à la juftice fans y penfer, & nous. efperons que Dieu ne permettra pas que les mauvais efprits qui reftent accompliffent, leurs mauvais deffeins. Priez le Seigneur pour nous, & croyez, &c. A Nifmes ce 1. Mai 1705.

LETTRE CCIX.

Confolation Chrêtienne à une Religienfe, fur la mort d'une Abbesse.

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'Ai été, Madame, également furpris & touché de la mort de Madame l'Abbeffe de faint Geniés, & je ne doute pas que vous n'en ayez été fort affligée. Votre Profeffion & la fienne vous tiennent toujours préparées à fuivre les ordres de

Dieu, foit qu'il vous laiffe dans cette vie, foit qu'il vous appelle à une meilleure. Vôtre féparation du monde eft une efpece de mort qui doit vous disposer à l'autre, & la Foi & la Religion ont déja commencé en vous, ce que la nature & la défaillance du corps y acheveront. Cette confideration doit être un motif de foumiffion & de confolation dans les afflictions que le Seigneur nous envoye.La nature ne laiffe pas d'y être fenfible, & c'est pour cela que je compatis à vôtre douleur, & que je vous afsûre que je m'intereffe à tout ce qui vous regarde, & que je fuis, Madame, vôtre, &c.

A Nifmes ce 7. Mai 1705.

LETTRE CCX.

Compliment à Monfieur le Maréchal Duc

JA

de Villars.

'Ai déja fait, Monfieur, mes complimens à Madame la Maréchalle fur vôtre expedition par de-là la Sarre. Agréez que je vous les faffe à vous-même. Si ce païs-là avoit été auffi chaud & auffi fec que le nôtre, quelque perte que les ennémis ayent faite, ils n'en auroient pas été quittes à fi bon marché. Vous avez jetté la frayeur & le défordre dans leurs quar tiers. Vous en avez battu, vous en avez

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fait plufieurs prifonniers, & fi le Ciel ne
s'en fut pas mêlé, & que les pluies & les
rivieres euffent favorifé vôtre deffein,peu
d'Allemans auroient échapé à la valeur
des Troupes Françoifes fous les ordres
d'un tel General. Quoiqu'il en foit,Mon-
fieur, voilà un beau prélude de Campa-
gne, vous remettez nos gens
fur le train
de fuperiorité & de victoire, & vous ap-
prenez aux ennemis à vous craindre & à
fuir devant vous, dès que vous paroiffez.
Je m'imagine que vôtre armée fera bien-,
tôt affemblée, & que vous agirez bien-
tôt. Je fouhaite pour votre gloire que
tout le poids de la guerre tombe fur vous
qui pouvez mieux le foûtenir ; & la seule
crainte que j'ai, c'eft qu'on ne vous
craigne trop, & qu'on n'aime mieux avoir
à faire à d'autres qu'à vous.

Je ne vous parle point de la confpiration de nos Fanatiques, de leurs projets, de leurs folies, de leurs intrigues, de leurs fupplices; on vous en a fans doute écrit le détail. Je me contente de vous afsûrer que perfonne ne fait des vœux pour vous de meilleur cœur, & ne peut être avec un plus fincere & plus refpectueux attachement que je le fuis, Monfieur, vôtre, &c.

A Nifmes ce 10. Mai 1705.

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