que n'auroit-il pas fait ? Mais le fort ou l'état des affaires, nous a fait perdre le fruit des belles actions qu'il avoit projettées, & la bonté que vous auriez eu de nous les apprendre, qui auroient été deux grands plaisirs pour nous. Ce fera pour la Campagne prochaine. Vous ne songez presentement qu'à passer l'Hyver à Paris, où je voudrois bien pourvoir vous aller assurer, Madame, qu'on ne peut vous honorer plus parfaitement que fait vôtre, &c. J A Nismes ce 3. Novembre 1705. LETTRE CCXΧΙΧ. De civilité a une Demoiselle. 'Avois toûjours attendu, Mademoiselle, que M. l'Abbé de Merez s'en retournât à Alais, pour le charger de tous les remercimens de vôtre souvenir & de toutes les assurances du mien. Mais je ne voi pas qu'il soit prêt à partir, & je ne crois pas pouvoir ni devoir differer davantage à vous témoigner le plaisir que j'ai de parler souvent avec lui de tout ce que nous connoiffons en vous de vertueux & d'estimable, & nous n'y connoissons que cela. Je suis revenu ici de la campagne, où j'ai demeuré deux mois, soit pour me 4 tirer des grandes chaleurs de l'Esté, soit pour respirer un air plus pur que celui de la Ville, foir enfin pour jouir de quelque repos & me mettre à couvert pour quelque-tems des importunitez des petites affaires journalieres. J'étois dans le Château de saint Privat sur la route de Bagnols, où l'on m'avoit fait esperer que vous passeriez, & où j'aurois eu grand plaifir de vous recevoir. Mais les devoirs domestiques ne vous laissent pas cette liberté. Je voudrois bien qu'il vous permissent de venir à Sommieres, où j'ai résolu d'aller dans sept ou huit jours faire ma visite de la Parroisse & du Couvent. J'ai vû à mon retour le Pere de Roussi Jesuite, & je lui ai dit que vous me l'aviez recommandé avec affection & avec éloge, & que puisqu'il avoit mérité vôtre eftime, il y avoit apparence qu'il feroit bien estimé de moi. Il me paroît un homme sage & un bon Religieux. Faites-moi la grace de croire que je serai toûjours bien aise de vous témoigner que personne ne connoît mieux & n'est plus touché de vôtre vertu que moi, & ne peut être plus parfaitement que je le suis, Mademoisel le, vôtre, &c. A Nismes ce 5. Novembre 1705. LETTRE LETTRE CCXXX. De civilité à Madame de Monfalcon, qui lui avoit recommandé un Ecclesiastique, quelque autre affaire. J 'Ai fait soigneusement, Madame, ma sollicitation à Monseigneur l'Evêque d'Ufez en faveur de M. l'Abbé d'O... Il avoit déja disposé du Benefice vacant que vous souhaitiez; mais j'ai connu qu'il avoit de très-bonnes intentions de faire du bien à un sujet qu'il estime digne de le recevoir. Je n'ai encore aucune habitude avec M. le Roi; mais ou je lui parlerai, ou je lui ferai parler par M. de Bas... Je plains bien M. le Lieutenant de Roi, afligé de son mal & de ses remedes. Vous n'êtes gueres moins à plaindre. Je lui souhaite une prompte guerison, & à vous une vie heureuse & tranquille, étant aussi parfaitemens que je le suis. Madame, vôtre, &c. A Montpellier ce 16. Decembre 1705. Tome II. : ! LETTRE CCXXXI. De civilité & de nouvelles publiques, à M. l'Archevêque de Saragosse. A tribulation où vous vous trouvez, LMonseigneur , par le malheur des tems & par la rebellion des Peuples de vôtre voisinage, dont le mauvais exemple a porté sa contagion jusques chez-vous, m'engage à vous souhaiter avec plus d'ardeur les bonnes & heureuses Fêtes de la Naissance de Jesus-Christ. Je n'ai pas douté que vôtre Excellence ne se servît de tous les moyens que son autorité, sa vigilance, sa Religion & son zele pour le service du Roi lui fourniroient, pour arrêter ces déreglemens populaires. Mais je sçai par experience les dérangemens & les désordres que causent dans un païs l'irreligion & la révolte, & la difficulté qu'il y a d'éteindre un feu que l'infidelité & l'heresie ont allumé ; & je juge de vos inquiétudes, Monseigneur, durant les cour ses & les violences des Rebelles qui vous ont troublé, par celles que nous ont donné les Fanatiques, quoique nous n'euffions qu'un pouvoir fubordonné, & que nous ne fusions chargez que de la conduite spirituelle de nos Dioceses. J'ai donc compati à toutes les peines qu'à eües vôtre Excellence, & je commence à concevoir de grandes esperances des confolations qu'Elle aura bien-tôt. Les Catalans, à ce que nous apprenons, suivant leur inconstance naturelle, commencent déja à s'ennuyer de la domination qu'ils ont souhaitée. Les contributions qu'on leur demande, le mépris qu'on a pour eux, la division & le peu d'intelligence qui eft entr'eux mêmes, la rudesse des Anglois & des Hollandois, les profanations des Eglises, & les scandales que l'herefie & la rebellion traînent après elle, leur ont déja fait naître les premiers repentirs de leur perfidie. Le Roi Catholique apparemment marche à la tête de son Armée. Nous voyons passer ici les Troupes qui vont s'assembler dans le Roussillon. Rofe est presentement en état de défense. Il y a déja neuf ou dix vaisseaux de Toulon ou de Cadix qui vont se joindre. On fait en ces quartiers de grands magasins de vivres & de munitions. Le Château de Nice que M. de Barwik assiege sera bientôt pris, & toutes les Troupes du siege marcheront vers la Catalogne. L'Archiduc pourra bien se trouver embarrasse, si toute cette machine se remûë avec diligence. Je prie le Seigneur qu'il conserve vôtre Excellence pour le bien de l'Etat & |