toit plus de vie que son âge. Cependant peu de jours après il est emporté par un accident imprévû. Vous êtes fille à reflexions, & je m'assüre que sur tous les évenemens qui vous peuvent regarder, vous pensez toûjours ce qu'il faut. Les bonnes Filles de Sommieres ont vû mourir leur pere sous leurs yeux, & Dieu semble leur avoit reservé ce triste spectacle pour leur faire voir de plus près la fragilité du monde qu'elles ont quitté, & les en détacher plus parfaitement. J'ai appris des nouvelles de vôtre santé par M. vôtre Frere, par M. de Vence, & par quelques autres personnes. Chacun parle de vous comme je le puis souhaiter. Il s'emble qu'on s'est donné le mot pour me dire du bien de vous. Mais comme ils ne sçavent pas tout l'interêt que je prends à vôtre réputation, & que d'ailleurs on ne peut avoir un si grand nombre de flateurs, je ne puis douter qu'ils ne disent la verité. Je les croi, & j'aime à les croire. Le Pere de Roussi Jesuite a bien répondu à la bonne opinion que vous nous aviez donnée de lui. Il prêche bien,il sçait vivre, il est honnête homme & bon Religieux. Je vous prie de nous donner souvent de vos nouvelles, comme il convient à une amitié filiale; & d'être perfuadée de l'affection veritablement paternelle avec laquelle je suis, Mademoiselle, vôtre, &c. A Nismes ce 22. Fevrier 1706. LETTRE CCXL. Nuifque De civilité & de pieté à la même. Ous vous envoyons, ma chere Fille, vous voulez bien que je vous donne ce nom, dont j'ai déja l'amitié depuis long-tems, le Pere Roussi Jefuite, vôtre Prédicateur & le nôtre. Il me paroît qu'il va vous voir aussi volontiers que vous le verrez. Il vous dira que dans les entretiens qu'il peut avoir avec moi;il est toûjours fait quelque agréable & honête mention de vous; & que c'est par ces fortes de conversations que je me délaffe du soin d'une infinité d'affaires plus embarrassantes que difficiles. Je m'imagine que Madame de la Lande & vous avez fait le projet de ce pelerinage de dévotion que ce bon Pere va faire à Alais, où il prendra la direction de vos innocentes confciences durant le cours de cette fainte Semaine. Ne vous prendra-t-il jamais envie aussi aux folemnitez de ce païs-ci. Il y a des Prédicateurs & des Directeurs qui auroient grand soin de vôtre ame. Je vous prie du moins de dire à Dieu quelque chose de moi dans vos prieres, fur tout dans ces prieres du cœur, qui se font avec affection, & qui sont presque toûjours exaucées. Je ferai mes vœux de mon côté pour tout ce que je sçai que vous défirez & tels qu'il convient à une fille comme vous, & à un Pere comme moi, qui est vôtre, &c. A Nismes ce 26. Mars 1706. LETTRE CCXLI. De civilité & de picté à M. le Pelletier, fur la Translation de M. Son fils à Orleans. J Ai appris, Monfieur, la nomination de M. l'Evêque d'Angers à l'Evêché d'Orleans, comme j'apprends tout ce qui vous regarde avec la satisfaction que vous en pouvez avoir vous-même. Quoique je fois perfuadé que ni vous ni lui n'avez pas eu grand part à cette tranflation, & que la chair & le sang ne l'ont pas revelée, je n'ai pas laiffé de m'y interesser & de croire que la Providence avoit voulu le tirer de son Eglise pour lui donner lieu de faire de plus grands fruits dans une autre.L'empressement qu'on a eu à le loisir & à publier ce choix, l'envie de le voir, l'ordre de preffer son départ sans avoir égard à son indisposition, marquent affez qu'on a eu quelque dessein sur lui, & ce ne pouvoit être que pour la gloire de Dieu & pour l'utilité de l'Eglife. Je ne me réjouis donc pas avec vous, Monfieur,comme je ferois avec un autre qui regarderoit cette distinction comme une espece de fortune, qui verroit approcher un fils du reste de sa famille, & multiplier du moins en sa personne les honneurs & les dignitez Ecclefiaftiques. Quoique cette nouvelle élection n'ait rien qui ne paroiffe canonique, & qu'il n'y ait ni plus de revenu ni plus de grandeur, je m'imagine aifément que ces fortes de changemens ne font pas de vôtre goût; que M. l'Evêque d'Angers vous paroissoit assez bien placé, & que vous aimerirz mieux le voir suivre son premier établissement que d'en fonder un nouveau, & faire valoir en repos un champ qu'il cultive depuis long-tems, que d'aller entreprendre un nouveau travail, & faire, pour ainsi dire, un fecond marché avec le Pere de famille. Agréez, Monfieur, que je vous dise ainsi mes sentimens, & que je devine les vôtres ; & que je vous assure que prrfonne ne vous honore & n'est plus parfaitement que je le suis, Monfieur, votre, &c. LETTRE CCXLII. Compliment à M. d'Usez, sur la nomination de M. Son Neven à l'Evêché d'Angers. JE TE souhaitois depuis long-tems, Monseigneur, que Dieu & le Roi nous donnaffent M. l'Abbé Poncet pour Confrere. Il le méritoit. Il l'est dans un Siege fort honorable, affez près de Paris: helas ! un peu loin d'ici. Bon air, bon païs, honnête revenu. Ce sont de tels choix qui font honneur à ceux qui les font, qui font utiles à l'Eglife, & qui réjoüiffent tout le monde. Personne ne prend plus de part que moi à l'élevation du Neveu & à la fatisfaction de l'Oncle, étant depuis longtems ami, voisin, Confrere, & avec un fincere & refpectueux attachement, Monseigneur, vôtre, &c. A Nifones ce II. Avril 1706. LETTRE CCXLII I. Compliment à M. l'Abbé Poncet, nommé à l'Evêché d'Angers. Ous voilà, Monseigneur, Vouhaitois où je vous , & où vous deviez être depuis long-tems, tout jeune que vous êtes. Les qualitez que Dieu vous a don |