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tre courage & vôtre fortune vous meneront. Vous fçavez, Monfieur, que perfonne n'est plus attentif que moi, ni plus fenfible à tout ce qui regarde vôtre fatisfaction & vôtre gloire. Il s'en faut bien que les conquêtes de ces quartiers-ci n'aillent fi vite que les vôtres. Le fiege de Barcelonne nous tient dans de grandes inquiétudes. Le Montjouy pris,nous comptions que la Ville feroit bien-tôt forcée de fe rendre; cependant nous apprenons la retraite de M. le Comte de Touloufe à Toulon, l'arrivée de la Flote ennemie, le débarquement de quelques bataillons Anglois & Hollandois,nôtre Armée étonnée, les attaques molles, la réfiftance plus vigoureuse, les Troupes rebelles groffies & encouragées par les fecours prochains; nôtre artillerie mal fervie beaucoup de malades, peu de vivres. Nous ne doutons pas que la premiere nouvelle qui viendra de là, ne foit la levée du fiege. Dieu veüille que ce ne foit que cela, & que le Roi d'Efpagne foit du moins

heureux dans fa retraite. Dans le malheur de cette expedition, Monfieur, nous nous confolons par les bons fuccez des vôtres, & nous allons demain chanter le Te Deum à vôtre intention. Nous fçavons de plus qu'Haguenau s'eft rendu, & que fi l'on. vous croit, le miferable Landau eft en

de

grand danger. Je prie le Seigneur qu'il vous continue fes benedictions; qu'il commande à la victoire de vous fuivre toute cette Campagne, & qu'il nous donne lieu de lui rendre de fréquentes actions graces fur vôtre compte. Je vous prie de croire que perfonne ne s'acquittera plus volontiers que moi de cette efpece de Religion, parce que perfonne n'est avec un plus fincere & plus refpectueux attachement, Monfieur, vôtre, &c. A Nifmes ce 16. May 1706.

J

LETTRE

CCXLIX.

De civilité à M. Margon Brigadier des
Armées du Roi.

E fuis bien-aife, Monfieur, de voir re

nouveller nôtre commerce dans ce trif te renouvellement d'affaires en Catalogne; vous reprenez l'empire de la mer, c'eft à vous à bien ufer de vôtre trident, & à calmer ou émouvoir les flots pour la feureté de nos côtes. Je ne croi pas qu'il y ait de grands dangers,mais il ne faut pas moins veiller que s'il y en avoit. J'ai eu 'une veritable joie de l'arrivée de M. vôtre fils, & plus encore de l'amitié qu'il veut bien avoir pour mon Neveu. Je vous prie de lui faire connoître que vous m'honorez de la vôtre, & qu'on ne

peut être plus parfaitement que moi, vôtre, &c.

Ce 27. Mai 1706.

LETTRE

CCL.

De pieté à Mademoiselle de Monclar Lafare, fur fa vocation aux Hofpitalieres.

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Ous fçavez, bien, Mademoiselle, le défir ardent que j'ai toûjours eu de vous voir folidement heureufe. Vous êticz faite pour vous faire vous-même vôtre bonheur par vôtre fageffe à quelque érat que vous fuffiez destinée; mais vous avez mieux aimé le chercher en Dieu & le te

nir de lui, en fuivant fes infpirations & les mouvemens de fa grace, que de le recevoir des hommes, ou de le partager avec eux par les engagemens avantageux & honorables que le monde vous a fi fouvent propofé. Quoique la réfolution que vous avez prife de vous confacrer à Dieu, ne me fut pas encore connuë, je n'ai pas laiffé d'entrevoir en vous depuis plufieurs années, au milieu de tant de partis que vous refufiez, le parti que vous aviez pris. Vos incertitudes me rendoient certain, & je trouvois toûjours dans toutes les affaires fur lesquelles vous vouliez bien me confulter, qu'il manquoit quelque chofe à vos défirs & à mes confeils.

Vous voilà donc, Mademoiselle, déterminée, & qui plus eft déclarée pour un Inftitut où l'on s'employe entierement au fervice de Dieu, & à celui des pauvres malades. Grande charité, grand mérite; mais auffi grand dégoût & grand rebut pour la nature. Il eft bon de vuos éprouver & de connoître fi vous allez où le Seigneur vous appelle, & s'il vous a donné autant de force que de courage pour foûtenir une Regle moins auftere dans fes fouffrances, que défagréable dans fes fonctions. Venez donc examiner & voir ce que c'est qu'une Hofpitaliere. Vous verrez fi vous ferez fatisfaite de leur charité, de leur regularité & même de leur gaieté. Je vous attends avec impatience, & fuis avec une affection particuliere, Mademoifelle, vôtre, &c.

A Nifmes ce 29 Mai 1706,

LETTRE CCLI.

De civilité au P. Vignes.

E m'étois déja attendu dès l'année derniere, mon Reverend Pere, au plaifir que j'aurois eu de recevoir chez-moi Madame de Villefranche à fon paffage alant à Balaruc, & fi j'avois été informé du jour qu'elle arriva ici, je n'aurois pas manqué de l'aller voir & de lui offrir ma

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maifon. Quel plaifir n'auroit-ce pas été pour moi d'y recevoir M. le Marquis de Villefranche, & de l'y garder jufqu'au retour de Madame fon Epoufe : J'aurois recueilli avec joïe les marques de l'amitié dont il m'a toujours honoré, & lui aurois témoigné combien cherement je conferve celle que je lui ai voüée.

J'ai fait faire une envelope au troifiéme tome des Ouvrages du Pere Hercule, on y a mis vôtre adreffe & on le remettra au Frere Roman pour vous le rendre, ou à fon défaut à quelque autre commodité affurées. J'efpere que vous me ferez part du recueil que vous voulez faire de ce que vous pourrez déchiffrer de ces Ouvrages, & que vous voudrez bien continuer vos prieres pour ma fanctification, étant toûjours, mon Reverend Pere, très-cordiale ment à vous, &c.

ANfmes ce 4. Juin 1706.

LETTRE

CCLII.

Compliment à M. le Cardinal Gualtiery, fur fa promotion.

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'Ai appris, Monfeigneur, avec beaucoup de joye, la juftice que fa Sainteté vous a renduë, que nous vous avons fouhaitée, & que vous avez méritée il y a long-tems. Les affaires du faint Siege

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