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LETTRE

CCLVIII.

De civilité à M. le Chevalier de N..... Il y eft parlé des affaires publiques du tems.

T'Ai

J

eu, Monfieur, un très-grand plaifir de recevoir de vos nouvelles. Nous ne sçavions où vous étiez, & nous craignions que vous ne fuffiez enveloppé dans quelqu'un des malheurs qui nous fatiguent depuis quelque-tems. Cependant, bonne fanté, bon Regiment, bonne esperance pour l'avenir: que peut-on vous souhaiter de plus ?

Il est vrai que cette malheureuse bataille a & les fuites fâcheuses qu'elle a eue nous ayoient tous consternez. Personne n'ofoit plus écrire des nouvelles, personne n'osoit plus en demander. Il n'y avoit plus ni vigueur ni confiance Françoise. M. de Vendôme vient relever la gloire de la Nation, & la remettre dans son émulation & dans fon habitude de vaincre. J'espere tout de l'Armée qu'il vient commander, & je ne sçaurois m'empêcher de craindre un peu pour celle qu'il a quittée, quelque sage & vaillant que foit le Prince qui lui fuccede : ce jeune Scipion b ne connoît pas affez les ruses de l'annibal a qu'il a pour adversaire. Nous apprenons que le fiege de Turin prend un bon train, & que Menin fait une vigoureuse resistance. Dieu nous a humiliez, parce que nous étions trop orgueilleux : les ennemis le sont devenus, ils auront sans doute le même fort.

a Bataille gagnée en Flandres par Marleboroug, contre M. de Villeroy.

Monfeigncur le Duc d'Orleans,

contens

Nous sommes ici, graces au Seigneur, dans une grande tranquillité que Cavalier soit embarqué dans la flote Angloise. Ce vaisseau perira sans doute, étant chargé de tant de crimes ; quelque orage imprévû se levera & le brisera contre quelque effroiable rocher : auffi-bien ce scelerat seroit-il venu perir ici sur une

rouë.

Tous nos amis se portent bien. Faitesnous sçavoir vôtre destinée, & mandeznous ce qui se paffera en vos quartiers. On ne peut, Monfieur, être à vous plus que je le fuis, &c.

A Nismes ce 15. Août 1706.

LETTRE CCLIX.

De civilité à M. Margon Brigadier des

Vous

Armées du Roi.

Ous avez tres-bien fait, Monfieur d'éviter le service qu'on vous pra

pofoit. Il vaut mieux être Brigadier en Le Prince Eugene

Languedoc, que General d'Armée en Rouffillon. Il n'y a pas grands lauriers à cüeillir d'un côté ni d'autre ; & faute de gloire, il faut chercher la commodité. Monseigneur d'Agde est bien heureux de paffer de belles journées à Montpellier, & Monseigueur de Beziers d'être revenu victorieux de Toulouse. Il est vrai que nôtre Croix fait grand bruit, & qu'on crie miracle de tous côtez; il y a un concours extraordinaire de peuple qui croît tous les jours. On y vient de plusieurs Provinces, & beaucoup d'infirmes ou de malades disent qu'ils ont été gueris ou du moins foulagez. Je souhaite que Madame vôtre Epouse ressente les effets de sa Foi, & que nôtre Croix lui soit favorable. Je suis parfaitement, Monfieur, vôtre, &c. De Nismes ce 23. Août 1706.

LETTRE CCLX.

Compliment à M. le Pelletier, fur la mort

de M. l'Evêque d'Orleans fon fils.

A

mort de

L M. l'Evêque d'Orleans, Monfieur, est une perre que l'Eglise a faite aussi-bien que vous. Les principes que vous lui aviez donné pour sa conduite & pour celle d'un Diocese, lorsque Dieu ly cut appellé, joints à fon application & à fon experience, & au zele que le Seigneur lui avoit donné pour la conversion des Peuples, doivent le faire regreter de tous ceux qui connoissent ses bonnes sentions. Il a bien combattu, il

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a confervé sa fide

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dura reçû la cou

Agréez, Monfieur,

queste triste occafion, je vous renouvre les assurances de l'attachement refpectueux avec lequel je suis, Monfieur, vôtre, &c.

A Nismes ce 26. Août 1706.

LETTRE CCLX I.

Compliment à M. de San-Vitale, nommé Affeffeur du S. Office.

Stje

suis pas preffé d'écrire à vôaux fonctions du saint Office, ni rendre des Jugemens plus équitables en matiere de science & de verité. Rien ne convient tant à votre Excellence, que de veiller à la pureté de la Religion qu'elle connoît & qu'elle pratique depuis long-tems avec tant d'édification. J'espere qu'elle ne demeurera pas dans ce dégré inferieur à fon mérite, quoique glorieux, & que l'impatience de sa sainteté vous élevera à un honneur dont vous devriez déja être revêtu. Comme on ne peut être plus touché que je le suis de l'estime de vos vertus, on ne peut aussi défirer plus ardemment de les voir couronnées, ni être avec plus d'attachement & de respect que je le fuis, Monseigneur, de vôtre Excellence, le, &c.

ne me

tre Excellence, Monseigneur, fur la Charge honorable que Sa Sainteté lui a donné dans Rome, c'est que je ne sçavois si elle avoit quitté Florence. J'avois toûjours bien crû, Monseigneur, que le faint Pere ne vous tiendroit pas éloigné de lui; que vos lumieres & vos exemples devoient briller dans la plus sainte Cour du monde, & que si vous n'êtiez pas appellé à la dignité que tous les Gens de bien vous souhaitoient, vous en seriez du moins approché. Personne ne pouvoit avec plus de raison & de sagesse, présider

A Nismes ce 5. Septembre 1706.

LETTRE CCLXI I.

De nouvelles fur les affaires publiques, à Madame de Marbeuf.

T'Ai déja

déja eu l'honneur, Madame, de vous mander que cette flote si terrible, qui jette la fraïeur depuis si long-tems fur nos côtes, suivant toutes les apparences, va secourir les Portugais qui se sont engagez mal à propos en Espagne, & qui ont suivi trop legerement les conseils témé

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