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SCENE VL

DANAUS, HYPERM NESTRE,

MA

PASYTHE'E.

DANAUS.

A fille, approchez-vous; dans mes embrasse

mens,

Venez de mes amours flatter les fentimens.
Dés vos plus jeunes ans, cette amitié fi tendre,
Sans partage, fur vous prit foin de fe répandre ;
Et croiffant avec vous, vous la voyez monter
Au point, qu'il n'eft plus rien qui la puiffe augmenter.
HYPERMNESTRE.

Seigneur, de vos bontez je garde la memoire.
Senfible à leurs effets, j'en fais toute ma gloire;
Et les Dieux, à mon cœur n'offrent rien de fi doux,
Que la preffante ardeur qu'ils m'infpirent pour vous.
DANAUS.

Qu'il m'eft doux de vous voir répondre à ma tendreffe! Qu'à jamais, comme moy, la même ardeur vous preffe.

Confervez-la, ma fille; & par un noble effort,
Ofez faire éclater un fi jufte tranfport.

HYPERMNESTRE.

Ouy, Seigneur, & c'est là tout ce que je demande. Faut-il, pour vous, aux Dieux prefenter quelque of frande.

Par de nouveaux prefens implorer leur fecours?
Ma main, de ce devoir s'aquitte tous les jours.

DANAUS.

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DANAUS.

Que des foins plus preffans fuccedent à ce zele,
Ma fille, il faut s'armer d'une vertu nouvelle ;
Il faut que votre amour, par des effets puissans,
Justifie à mon cœur, tout celuy que je fens
A mes ordres, vos foeurs obertont fans peine,
Pour peu qu'à leur devoir votre exemple les mene.
Aux que je fais, ardente à confentir,
Pourrez-vous dans vos vœux ne vous point démentir?
D'un grand effort enfin vous fentez-vous capable à
HYPERMNESTRE.

Si j'ofois balancer, je me croirois coupable,
Seigneur, pour conferver vos jours, ou votre rang
Je pourray, s'il le faut, répandre tout mon fang,
J'en attefte les Dieux. Fidelle à la nature,
Je fubiray mon fort, fans regret, fans murmure:
En terminant mes jours, heureuse de pouvoir
Signaler ma tendreffe, & remplir mon devoir.

DANAUS.

Ah! cachez-moy, ma fille, un fentiment trop tendre Votre fang m'eft trop cher pour vouloir le répandre Et mon cœur, fans fremir, ne peut confiderer L'horreur ou votre amour s'offre de vous livrer. Non: je ne veux de vous qu'un peu d'obreïffance, Bien-tôt de mes deffeins vous aurez connoissance: Mais avant ce moment, venez avec vos fœurs, Attefter fur l'Autel, la foy des Dieux vangeurs. Venez, par vos fermens, me montrer votre zele. J'attends de votre amour cette preuve fidelle, Ne la refufez pas à mes juftes fouhaits : Uniffez vos efforts aux deffeins que je fais. ~7 Par mon ordre, vos fœurs viendront toutes au temples Animez-les, ma fille, à fuivre votre exemples Je vais les raffembler, & dans quelques momens, J'attends que vous veniez confirmer vos fermens.

B

i

SCENE VII.

HYPERMNESTRE, PASYTHEE,

Sindh HYPERMNESTRE.

Ay-je

AY-je bien entendu, ma chere Pafythée.?. Quels font les mouvemens dont je fuis agitée? D'où naiffent ces tranfports inconnus à mon cœur 2 Qui font que je fremis d'une fecrette horreur ? A mon Pere ma foy feroit-elle fufpecte?

Eh quelle de mes foeurs, plus que moy le refpecte? Quel de tous les Mortels le cherit plus que moy? Cependant il exige un gage de ma foy,

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Il veut que mes fermens confirment ma promeffe.
Moy-même aurois-je fait foupçonner ma tendreffe,
Rafythée as-tu veu que mon cœur rallenti
Se foit, dans fon amour, un moment démenti ?
PASYT HE'E.
Votre coeur ? Non Madame, il est toujours le même
Penetré des bontez d'un Pere qui vous aime
Il eft dans fon devoir d'autant plus engagé,
Qu'entre deux paffions il n'eft point partagé.
HYPERMNESTRE.

Helas!

PASY THE'E.

Vous foupirez ! Me ferois-je trompée?
D'une nouvelle ardeur feriez-vous occupée ?
Madame, aimeriez-vous ?

HYPERMNESTRE.
Pourquoy te le cacher?

Si je brûlois d'un feu qu'on pût me reprocher,
J'en ferois à tes yeux un éternel mystere

Mais non,tout mon amour ne vient que par mon Pere

PASYTHEE.

Madame, expliquez-vous,

HYPERMNESTRE.

Eh, quoy? ne fçais-tu pas

Quel genereux Guerrier l'a fauvé du trépas?
PASY THE' E.

Quoy ? ce jeune Etranger a captivé votre ame?

Et...

HYPERMNESTRE.

Toy qui me connois, condamnes-tu mà flame? Je n'ay pû, dans l'ardeur des premiers fentimens, Démêler de mon cœur les fecrets mouvemens. D'un charme decevant j'ignorois la puiffance; Je croyois ne l'ouvrir qu'à la reconnoiffance; par ce feint appas m'abufant fans retour,

Et

Le fang & l'amitié m'ont livrée à l'amour.

Ne penfe pas pourtant, quelque ardeur qui me preffe,
Que jamais mes foupirs découvrent ma foibleffe.
Non, d'aucun fol efpoir mon amour n'eft nourry.
Cet Etranger pour qui mon cœur eft attendry,
Ignorant le progrés qu'il a fait dans mon amë,
N'a jamais d'un regard entretenu ma flâme;
C'est un bonheur pour moy. Si dans nos entretiens,
Il eût fait éclater des feux pareils aux miens,
Peut-être, en ce moment, ma raison confonduë,
D'un charme feduifant m'auroit mal deffenduë,
Et cédant à des feux que je dois étouffer,
Je ferois hors d'état d'en pouvoir triompher.

PASYTHE' E.

Madame, jufqu'au bout portez votre victoire.
Cet Etranger, comblé de bienfaits & de gloire,
Va bien-tôt de ces lieux s'éloigner pour jamais.

HYPERMNESTRE.

Qu'il parte, Pafythée, & me rende la paix.
Qu'il me laiffe en repos, obeir à mon Pere:
Car enfin, tu fçais bien que fon ordre fevere,
A fon fang, de l'hymen ne laiffant nul efpoir,
Toujours fur fes deffeins regle notre devoir.
Cependant il eft temps qu'auprés de luy renduë;
J'aille paroître au Temple où je fuis attendue.
Allons-y, mais fur-tout évitons l'Etranger;
Je ne puis luy parler, ny le voir fans danger;
Mon cœur d'un feul regard fe laifferoit confondre,
Et, s'il l'ofe attaquer, je n'en puis plus répondre.

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