SCENE V.
DANAUS, HYPERMNESTRE.
Enfin, nes enteris font remis en dos mains,
Ma fille, c'eft à vous d'accomplir mes deffeint. La victime bien-tôt và vous être livrée, A la facrifier êtes-vous préparée ?
Hâtéz-vous, vous fçavez le peril que je cours, Songez que votre main the répond de mes jours. HYPERMNESTRE.
De tous corez, grands Dieux quelle horreur m'eft offerte ?
Quoy, c'eft-là l'ennemy dont j'ay juré la perte Aprés ce que pour vous executa fon bras, Parmy vos ennemis je ne le comptois pas. DANAUS.
Eh! quoy, balancez-vous à me fauver la vie? HYPERMNESTRE.
Non, je feray fidelle au ferment qui me lie. Si votre cœur jamais n'a pufe démentir, Le mien à vous trahir pourroit-il confentir? De ce que je vous dois, pour peu qu'il me fouvienne; Vos perils font les miens, votre vie eft la mienne, Et quelques mouvemens qui déchirent mon cœur Il y va de vos jours, tout cede à ma frayeur. Le peril trop prochain excite ma colere;
Dieux ! Je pourrois fouffrir qu'on immolât mon Pere? Non, de votre ennemy j'ay juré le trépas,
Et toutes les vertus ne le fauveront
DANAUS.
Ah! de quel fouvenir frappez-vous ma penlée ? Et pourquoy rappeller les vertus de Lyncée ? Quoy ! N'eft-ce pas affez du fang qui va couler Sans me faire fentir, pour me mieux accabler, Que de trop de rigueur ma vangeance fuivie, A qui je dois le jour, veut arracher la vie? De quel fcrupule vain fuis-je encor combattu? Me laiffé-je toucher d'une fauffe vertu ? Non, Perfide, ta main ne me fauva la vie, Qu'afin que par toy-même elle me fût ravie, Et que bien-tôt, flatté de l'efpoir de regner,, Dans mon fang à loifir tu pufles te baigner. Mais malgré tes fureurs je previendray ta haine, Je te tiens, & déja ma vangeance eft certaine; Allons, ma fille, allons, que j'arme votre main Du fer qui cette nuit doit luy percer le sein, Et fongez pour hâter ce jufte facrifice, One fi vous l'épargnez, il faut que je periffe, HYPERMNESTRE.
Témoins de mes fermens, & garans de ma foy, Dans l'état ou je fuis, Grands Dieux, infpirez-moy,
SCENE PREMIERE. HYPERMNESTRE, PASYTHEE:
'A Y donc veu celebrer votre augufte hymenée.
Puiffe le Ciel benir cette illuftre journée.
Quel fpectacle, Madame, & quel bon- heur pour vous !
Dans un Amant cheri vous trouvez un Epons. Vos fœurs même, vos fœurs auprés de vous rangées, Sous les loix de l'hymen viennent d'être engagées, Senfible à leur bonheur, le vôtre en eft accru; Vos defirs font comblez, Madame, qui l'eût cru? Euffiez-vous ofé même en former la pensée ? Et quand vous me difiez ...
HYPERMNESTRE.
PASITHE' E.
Aprés le don de votre foy,
Madame, fon devoir l'a conduit chez le Roy3
Et ne prefumez pas que fon impatience
Vous laiffe encor long-temps fouhaiter fa préfence, reviendra bientôt. Mais je vois vos regards Incertains & troublez errer de toutes parts. A quels chagrins encor vous livrez-vous en proye? Ou plûtôt, cft-ce ainfi que s'exprime la joye? Quand tout flatte vos vœux...
HYPERMNESTRE.
Finy ces vains propos
Et me laiffe jouir d'un moment de repos.
A m'éloigner ainfi quel deffein vous oblige? Ne pourray-je obtenir que ..
HYPERMNESTRE.
Laiffe-moy, te dis-je ? Garde pour d'autres temps ces inutiles foins; Ya, je veux demeurer un moment fans témoins.
98222288*3222922
SCENE II.
HYPERMNESTRE.
14 elt temps que ma main fauve les jours d'un
Et les Dieux m'ont preferit un crime neceffaire, Quel que foit l'ennemy que l'on veut immoler, L'inftant fatal approche, & le fang va couler. Oh! vous, qui dans mon cœur foutenez la nature De mes fens revoltez reprimez le murmure Grands Dieux & s'il vous faut un crime de mon bras
Vous l'avez ordonné, ne le puniffez pas.
l'on deftine à ce fanglant ufage
Fidelle à mon devoir, feconde mon courage; Et puifqu'il faut enfin porter des coups certains Poignard, affermy-toy dans mes tremblantes mains. Quel eft donc mon deffein, & que vais-je entre- prendre?
Perfide, as-tu fongé quel fang tu veux répandre ? D'un malheureux Amant n'as tu fait ton Epoux, Que pour mieux le livrer à tes injuftes coups? Infenfible aux remords dont mon ame eft preffée, Tremperay-je mes mains dans le fang de Lyncée? Et portant jufqu'au bout ma barbare fureur, Verray-je dans mes bras?... Ah! Je me fais hor
Je fremis, tout mon fang dans mes veines s'éleve. Mon Pere, n'atten pas que mon crime s'acheve. Lyncée, à mon amour trop de pitié fe joint,
foit mon devoir, non, tu ne mourras point. Tu ne mourras point? Dieux ! Que devient ma co◄ lere?
Fille ingrate, va donc voir expirer ton Pere
Va l'entendre, en mourant, reprocher à ta foy D'avoir ofé trahir & ton Pere, & ton Roy, Et remettant aux Dieux à vanger fon injure, Les exciter luy-même à punir ton patjure.
Oh, mon Pere Oh, fermens Oh! malheureux{
Decidez, & ceffez de regner tour à tour;
Mon cœur ne peut fuffire à toutas fes allarmes. Contre ton propre fein tourne plutôt tes armes, Acheve...
« AnteriorContinuar » |