lui, sûr prefque qu'il périra, ou du moins qu'il n'arrivera jamais au terme heureux vers lequel il marche, fans un de ces hazards & de ces miracles que la prudence. ne permet pas de fe promettre. Tel eft celui qui entre témérairement dans un état & dans une voie que Dieu ne lui avoit pas destinée il y marche feul, accompagné de fes feules foibleffes; il eft dans un état où tout devient danger pour lui, où il est privé de ces lumières, de cette protection Ipéciale, c'est-à-dire de ces graces fingulières propres à cet état, avec lefquel-. les il en auroit évité tous les dangers, & que Dieu n'a préparées qu'à ceux aufquels il avoit lui-même préparé & destiné cet état. Or, mes chers Enfans, fi cette vérité si terrible, eft pourtant incontestable en général pour le choix téméraire d'un état auquel Dieu ne nous appelle point; fi ce choix attire toujours l'indignation de Dieu fur nous, s'il nous rend indignes pendant tout le refte de notre vie de fa bienveillance; que fera-ce de ceux qui fe font appellés eux-mêmes à un miniftère de gloire & de fainteté, dont il n'a pas voulu même honorer les Efprits céleftes? que fera-ce de ceux qui fe font intrus dans le Sanctuaire, le feul lieu fur la terre qu'il fembloit s'être réfervé, la demeure de fa gloire, l'azile facré & inviolable de fes loix & de fa doctrine, le dépofitaire de fon culte, des hommages mages qu'il exige des hommes, & de tous: les lignes précieux de fon amour pour eux ? de quel il pourra-t-il regarder un témé-raire qui vient s'y affeoir au milieu de l'affemblée vénérable de fes Miniftres › qui vient le forcer de l'établir fon envoyé, & à la place de Jefus-Chrift fur la terre; de lui confier malgré lui le fang de fon Fils, les fonctions divines de fa médiation, de fa rédemption, de fon Sacerdoce, & de tout ce que fa miféricorde n'avoit ceffe de préparer dès le commencement des fiécles, de plus grand & de plus digne de fa toutepuiffance pour le falut des hommes ? Quel tréfor de colère, & quels charbons de feu cet infortuné n'amaffe-t-il pas fur la tête? quel caractère de réprobation n'imprime-t-il dans fon ame avec l'onction fainte dont il eft oint? Les mains que le Pontife & tout le Preibytère impofe fur fa tête, que fontelles que le dévouer comme une victime infortunée, rejettée de Dieu, & comme deftinée à un anathême éternel? pas Auffi, mes chers Enfans, un Prêtre vi cieux, & qui contre l'ordre de Dieu, s'eft ingéré lui-même dans le faint ministère, ne fe convertit prefque jamais. Plus il vieillit, plus il accumule fur fa tête fes profanations: & fes facriléges les remédes divins euxmêmes dont il eft difpenfateur, l'endurciffent chaque fonction eft pour lui un nouveau crime & ajoûte un nouveau dégré fa réprobation; & il meurt impénitent, Conf. Tom. II.. B comme il avoit vécu chargé de l'ufurpation facrilége de fon Sacerdoce, & de toutes les profanations qu'il en a faites: c'est l'expérience de tous les jours. Les pécheurs dans les autres états fe repentent & fe convertiffent; nous en voyons tous les jours des exemples confolans: un Prêtre défordonné, & que le Seigneur n'avoit pas appellé meurt endurci; & les exemples des converfions des mauvais Prêtres, n'ont pas encore confolé Eglife de la fin déplorable & de l'impénitence de tous les autres. Pf. 244 Ainfi, mes chers enfans, ne négligez rien dans l'examen que vous faites ici devant Dieu de votre vocation : les précautions ne fauroient être exceffives, où la faute eft irréparable. Ne vous laffez pas de vous demander dans ce lieu d'épreuve & de retraite, destiné à confulter la volonté de Dieu fur vous; fi l'état faint auquel vous afpirez convient à vos mœurs paffées, à la pureté des motifs qui doivent vous y engager, & aux talens que l'Eglife exige de vous fi l'une de ces conditions yous manque, c'est comme fi vous manquiez de routes. Priez fans ceffe ; & que votre prière la plus ordinaire foit celle du Prophéte: Seigneur, montrez-moi vous-même la voie par où je dois marcher; & apprenez-moi quels font les fentiers que vous m'avez préparés, & qui doivent feuls me conduire au falut: Vias tuas, Domine, demonftra mihi, & femitas tuas edoce-me. Ce n'est pas trop d'une année d'examen, de prière, & de retraite, pour décider d'un choix qui doit décider lui-même de votre falut éternel, & de celui des peuples qui vous feront un jour confiés c'est-à-dire, & ne l'oubliez jamais, qui doit donner à l'autel des Miniftres du falut, cu de la perte des Fidèles : les opprobres de l'Eglife, ou fa gloire & fon ornement; des pierres de fcandale, ou les colomnes & le foutien de l'édifice faint ; des profanateurs, ou des difpenfateurs des chofes faintes; en un mot, les inftrumens de la miféricorde, ou de la colère de Diag fur les hommes. RETRAITE POUR DES CURÉS. Noli negligere gratiam quæ eft in te,, quæ data eft tibi cum impofitione manuum Prefbyterii.. Ne négligez point, ne laissez pas affoiblir la: grace facerdotale, que vous avez reçue par l'im-pofition des mains. 1. Tim. 4.-14. 'EST l'avis que l'Apôtre rappelle: Cplus d'une fois fon difciple thée; & rien ne me paroît plus propre à prévenir cette négligence & cet affoibliffe-ment dont parle l'Apôtre, que de confacrercomme vous faites, mes Frères, un certain: tems de l'année, au recueillement & à la retraite. Les fautes font inévitables dans les fonctions; c'est ici où vous venez vous en rendre compte à vous-mêmes, en gémir devant Dieu, & prendre des mesures pour les éviter à l'avenir; première réflexion.. |