Imágenes de páginas
PDF
EPUB

II.

REFL.

[ocr errors]

me de la part de Dieu, & cette malédiction fecrette qui forme dans un Prêtre l'endurciffement & l'impénitence; c'est une trifte expérience, qui nous a fait gémir plus d'une fois : les peines, les corrections deviennent inutiles à ces miniftres infidèles; & nous les voyons avec douleur, fortir de ces retraites forcées que nous leur prefcrivons, fans aucun fentiment de piété & de repentir, & plus déterminés que jamais à continuer leurs égaremens & leurs fcandales. Auffi quand nous leur impofons cette peine publique, c'eft plus pour les couvrir de honte, que pour efpérer un changement pour réparer l'honneur de l'Eglife par une improbation publique & éclatante de leurs fcandales publics, nous voulons les punir; nous n'espérons pas de les corri gcr.

MAis, mes Frères, quand nous aurions

été affés heureux pour vivre dans les fonctions du ministère, exemts de ces infidélités journalières inféparables de la foibleffe humaine & de la diffipation même attachée à nos fonctions; quand nous n'autions pas befoin de venir nous recueillir ici pour en gémir devant Dieu, & prendre des mefures pour lui être déformais plus fidèles : n'éprouvons-nous pas tous les jours que notre première ferveur fe relâche; que ce goût tendre de piété s'ufe & fe rallentit par l'ufage même des chofes faintes; que la fain

teré de nos devoirs fait fur nous chaque jour des impreffions moins vives; que ce qui nous avoit paru d'abord des obligations indifpenfables, ne nous paroît plus qu'un état de perfection, où il n'eft pas donné à chacun d'atteindre ; & qu'enfin nous ne marchons plus que languiffamment dans les voies où nous avions couru d'abord avec un zèle & une célérité fi édifiante? Or c'eft ici, mes Frères, où nous avons puifé les prémices de l'efprit facerdotal; c'est ici où nous devons venir les renouveller, les ranimer, quand elles commencent à s'affoiblir: c'eft ma feconde Réflexion.

Oui, mes Frères, ce relâchement de piété & de ferveur inévitable aux Miniftres les plus fidèles, eft comme une maladie fecrette qui nous mine, qui nous defféche & qui peu à peu conduit au dépériffement. Ce font de ces maux qui ne fe manifeftant point par des fymptômes vifibles & marqués, & affoibliffant néanmoins tous les jours les forces, & effaçant cette première fleur de fanté, trouvent difficilement des remédes, & où l'art ne connoît d'autre ref fource que de renvoyer à l'air natal de pareilles langueurs. Or c'eft dans cette fainte maifon, mes Frères, que nous fommes nés dans la cléricature & dans le ministère;c'est ici, pour ainfi dire, l'air natal du Sacerdoce, que nous devons venir refpirer, quand nous fentons que nos forces s'atfoibliffent ; que notre piété languit; que notre zèle fe

relâche; que tout notre intérieur dérangé nous menace d'un dépériffement entier. Plus nous différons, plus le mal gagne : tout ce qui nous environne dans le monde loin d'y remédier, l'augmente, & l'aigrit: l'ufage lui-même de nos fonctions faintes, loin de nous réveiller de notre affoupiffement, n'est plus qu'une reffource ufée à laquelle nos maux font accoutumés, & qui prefque toujours au lieu de les guérir les aggrave; & par le défaut des difpofitions & de cet efprit de piété qui doit les fanctifier, les change en abus, & tourne contre nous ces reffources de falut. Cet état, mes Frères, a fes dangers, & d'autant plus grands, qu'il n'a rien qui nous effraye: nous nous endormons dans cette habitude d'affoiblif fement & de langueur, nous croyons lą mort de l'ame encore bien loin de nous nous nous calmons fur certains defirs d'une vie plus fervente & plus fidèle, qui échappent quelquefois à notre létargie, & qui nous y laiffent retomber un moment après, Nous penfons de nous ce que les Apôtres penfoient de Lazare, que notre maladie n'eft qu'un fommeil paffager, & que notre falut eft en sûreté : Si dormit, falvus erit; mais Jefus-Chrift qui nous voit tels que nous fommes, en juge peut-être bien différemment: Tunc dixit eis manifeftè Jefus : v. 14. Lazarus mortuus eft. Ce ne font pas les grands crimes tout feuls, que nous devons le plus craindre un fonds de Religion, une

Joan. II.

12.

Education fainte, une réputation établie de régularité, le refpect pour la fainteté de notre ministère, fuffit pour nous préferver de ces chûtes honteufes: ce qu'il y a de dangereux pour nous, c'eft de laiffer éteindre cette première ferveur, cet efprit de piété fieffentiel à nos fonctions; c'eft de nous endormir dans une vie toute naturelle, molle, infenfible aux chofes du Ciel, accompagnée" d'une régularité apparente, & deftituée d'efprit & de vie intérieure. Nous n'y voyons point de crime marqué; & nous ne voyons pas que ce fond de vie dans un Prêtre fur-tout, fans ceffe occupé des plus faints ministères, eft un grand crime aux yeux de Dieu : nous ne voyons pas que cet état éloigne de nous la bienveillance parti culière de Dieu, & ces graces spéciales qu'il réferve aux Miniftres fidèles, & que' fi nous nous défendons encore des chûtes groffières, c'eft peut-être un artifice du démon qui craindroit par-là de réveiller les remords de la confcience, & qui aime mieux nous laiffer périr plus sûrement dans un fommeil de mort, où il nous a plongés. Le tumulte du nionde au milieu duquel nous vivons, nous étourdit, loin de nous réveiller, & de nous rappeller à nous-mêmes: nous y voyons jufques parmi ceux qui nous font affociés au faint ministère des égaremens qui augmentent notre fauffe paix, parceque nous nous en trouvons exemts nous-mêmes: nous croyons que

Dieu eft content de nous, parceque les hommes le font, ou qu'ils ont lieu de l'être. Témoins des excès de quelques-uns de nos confrères, nous nous difons en fecret, comme le Pharifien, que nous ne fommes pas faits comme tels & tels : ce parallèle fecret nous calme, peut-être même qu'il flate notre orgueil; & dépourvûs au-dedans de cette vic de la foi, de cet efprit de zèle & de ferveur qui ne nous anime plus, l'amour-propre ne ceffe de nous rappeller nos mœurs irrépréhenfibles, de nous préfenter un phantôme de vertu & de régularité qui nous endort & nous raffure. C'est donc à nous mes Frères, que s'adreffe Ephef.s. Cette parole de l'Efprit faint: Surge, qui dormis, & illuminabit te Chriftus. Venez dans ce lieu de réveil & de lumière, où vos yeux fe r'ouvriront à des vérités autrefois connues, mais qui peu à peu commençoient à s'effacer de votre cœur: Jefus - Chrift vous y manifeftera de nouveau tout ce qu'exige de vous, de piété, de ferveur, de charité, de défintéreffement, votre confécration, & la fublimité de vos ministères: vous vous trouverez fi loin aux yeux de Dieu de la fainteté qu'il demande de vous; vous regarderez cette régularité apparente, qui vous raffuroit, cette écorce de vertu, If. 64. Comme un linge fouillé : Quafi pannus menftruata. Vous vous trouverez vuides, fans fuc, fans vie devant Dieu: ces nouvelles lumières commenceront à réchauffer le

14.

« AnteriorContinuar »