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pas l'affreufe témérité de venir porter dans le tabernacle faint, non-feulement un feu & un encens étranger, mais un feu criminel, la fumée impure de vos débordemens : ne venez pas dans le Temple de Dieu faire une union facrilége de Jefus Chrift avec Bélial; du Saint des Saintsavec l'idole honseufe de la volupté. Un feu vengeur ne fortira pas comme autrefois du Sanctuaire pour vous dévorer, & punir l'attentat de votre profanation: mais la main invifible de Dieu vous repouffera comme un intrus & un profanateur; mais un feu fecret & impur s'alJumera avec encore plus de violence dans Votre ame, la fouillera, la rendra encore plus hideufe, y régnera jufqu'à la fin, y confumera peu à peu ces reftes de foi & de 'crainte de Dieu que vos défordres avoient épargnés; & vous ferez jufqu'à la fin marqué d'un caractère de réprobation, & un anathême caché au milieu d'Ifrael.

Je ne vous dis pas que fi vous avez eu le malheur jufqu'ici de perdre votre innocence, & qu'un repentir promt & fincère vous ait rappellé à une vie plus fidèle, vous deviez abfolument renoncer au deffein de vous confacrer à l'Eglife. C'étoit autrefois la régle rigoureufe qu'elle obfervoit: ceux qui étoient tombés, c'est-à-dire, qui avoient commis de ces fautes mêmes fecrettes qui tuent l'ame, & pour lefquelles les Canons exigeoient des exercices publics de pénitence; ces fidèles tombés, elle les excluoit

c'étoit

pour toujours du faint ministère une flétriffure que les larmes avoient pu expier devant Dieu, mais qu'elles n'avoient pas couverte aux yeux de l'Eglife. Elle ne vouloit pas que les pénitens mêmes les plus fervens, qui avoient eu befoin de ces remédes publics d'expiation, euffent jamais le droit de les appliquer aux autres: l'innocence feule étoit admife dans l'affemblée vénérable des Miniftres de fes autels. Les befoins de l'Eglife & la dépravation générale des mœurs, l'ont depuis obligée de fe relâcher un peu & à regret de cette première rigueur: fa difcipline a changé; mais fon efprit & la fainteté qu'exige fon ministère est encore le même. Il est donc toujours terrible pour nous d'avoir befoin' là-deffus de fon indulgence: il eft terrible pour nous que la dépravation générale foit le feul titre qui nous ouvre les portes du Sanctuaire; que le changement & la perverfité des tems foit notre feul privilége; & que nous foyons comme les enfans de Ia douleur & des gémiffemens de l'Eglife & les Miniftres, non des beaux jours de fa liberté, mais de fa néceffité & de fa contrainte. Il faut que la réparation que vous avez faite de ces chûtes paffagères, & le repentir vif & fincère qui les a fuivies, vous tienne comme lieu aux yeux de l'Eglife d'une feconde innocence: il faut qu'un fentiment vif& profond de votre indignité, qu'une fainte frayeur, en vous préfentant, Aj

pour être affocié aux Miniftres de l'Eglife; un zèle fincère & ardent pour la fanctification des peuples qui vous feront confiés ; un amour tendre pour l'Eglife, la dédommage des défauts de votre installation, remplace ce qu'elle exigeoit autrefois de ceux qu'elle croyoit feuls dignes d'étre choifis, & confole en quelque manière fa douleur & la trifte néceffité de fon indulgence, par l'efpérance que les fuites de votre repentir de ces chûtes paffagères, lui feront plus utiles que l'innocence qu'elle demandoit autrefois. N'augmentez pas fes regrets fur l'affoibliffement de fa difcipline; & foyez d'autant plus exact à faire obferver fes régles dans la conduite des ames, qu'elle a paru s'en relâcher, en vous en établiffant le difpenfateur. Mais je le répéte, fi vos défordres n'ont été jufqu'ici qu'une dépra vation continuelle depuis le premier âge; fi. vous n'avez compté vos jours que par VOS crimes, & que le déréglement ait été, pour ainfi dire, l'état fixe & permanent de toute votre jeuneffe; vous portez gravée dans la corruption de votre cœur en caractères ineffaçables, la fentence formidablequi vous éloigne à jamais du faint ministère. Dieu vous auroit-il préparé à ces fonctions divines, qu'il n'a pas même confiées aux Anges, par une vie toute impure? Auroit-il choifi lui-même un vafe d'ignominie pourle placer fur fon autel faint? conduiroit-il lui-même comme par la main un corps cou

vert de fouillures, dans l'intérieur du Sanctuaire terrible pour y immoler l'Agneau fans tache en préfence des Efprits celeftes qui entourent alors l'autel ? pourriez-vous vous le perfuader à vous-même, à moins que la juftice de Dieu ne veuille punir vos défordres, par un aveuglement qui en feroit la confommation & le dernier trait de fa vengeance? Mais vous vous promettez de pleurer vos déréglemens, & de mener une vie toute nouvelle. Cherchez donc un azile parmi des Solitaires & des pénitens ; & ne choififfez pas pour l'expiation de vos crimes un ministère de fainteté & d'autorité, qui fuppofe des vertus acquifes, & non des crimes à expier. Vous êtes le fumier & la balayure de la terre, & vous voulez en devenir le fel? vous êtes, comme un autre Lazare, un cadavre pourri & infect, & vous voulez être le miniftre de la réfurrection & de la vie? vous avez été lié jufqu'ici par des chaînes honteufes, & vous ofez vous préfenter pour en aller délier vos frères? Mais faut-il défefpérer de la miféricorde du Seigneur ? A Dieu ne plaife: repentez-vous fincèrement de vos fautes; faites-en pénitence, & Dieu vous les pardonnera mais il ne vous pardonnera pas la témérité de votre intrufion dans le faint ministère; mais votre repentir ne fera pas fincère, fi malgré la connoiffance des régles de l'Eglife qui vous rejette, vous la forcez de vous admettre au nombre de fes Mi

niftres. Remettez-vous-en là-deffus ici au juge de votre confcience: confiez-lui avec fincérité l'état de votre ame, & toute la fuite jufqu'ici de votre vie; découvrez-lui fans feinte ce tréfor ancien & nouveau d'iniquité. Ne vous contentez pas de lui expofer les dernières circonftances de votre vie, & de laiffer tout le paffé dans un filence & dans un oubli affecté : vous l'avez choifi pour être devant Dieu le juge de votre vocation; faites-vous connoître tout entier, pour le mettre en état de juger; montrezvous à lui tel que vous êtes, & tel que Dieu vous connoît. Ecoutez tout ce qu'il vous annoncera de fa part: ne l'obligez pas de vous donner extérieurement un confentement qu'il vous a refufé en fecret, & que fa piété, fes lumières, & les loix de l'Eglife vous refufent: ne le forcez pas à une condefcendance que le fecret de fon miniftère exige, & n'obtenez pas de lui qu'il laiffe admettre un Miniftre que Dieu rejette & vomit de fa bouche. Si malgré les avis fecrets & falutaires vous avez l'affreuse témérité de paffer outre ; fi comme Saül, perfuadé que Dieu l'avoit réprouvé, vous exigez d'un autre Samuel obligé au fecret qu'il vous honore devant les hommes, & qu'il vous laiffe ufurper un honneur qui ne vous appartient pas, & que Dieu vous 1. Reg. refufe: Honora me coram fenioribus populi : 15.30. je n'ai plus rien à vous dire : votre réprobation va être écrite fur votre front avec le

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