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fon devoir de pere envers vous, après avoir fait agir AN. 1561. tout fon zéle pour remettre ses enfans égarés dans la voie du falut, vous fera un jour & à vous & à toute l'Allemagne, le même reproche que JefusChrist fit à la ville de Jérufalem dans fon évangile. Matth. xx111 37. „ Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans, comme la poule rassemble ses pouffins fous les aîles, & tu ne l'as pas voulu, » Pour les civilités que vous nous avez faites en notre particulier, de la part de vos princes, nous vous prions de les en remercier auffi en notre nom : mais nous leur déclarons que nous ne méritons rien qu'en confidération de celui qui nous envoye. Ce discours ne fut pas également reçu de tous ceux qui l'entendirent; quelquesuns en furent touchés, d'autres parurent indignés de la hardieffe avec laquelle on venoit de leur parler; & l'effet qu'il produifit fut de prendre des mefures à Naümbourg afin de se réunir tous dans la

XII.

princes Proteftans

lib. 18. n. 8.

1

Spond. hoc anno

doctrine.

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Cette affemblée étoit compofée de prefque tous Affemblée des les princes Proteftans, l'électeur Palatin Frederic, à Naumbourg. Augufte électeur de Saxe, Jean-Frederic de Saxe De Thou in hift. Wolfang Palatin, Erneft & Philippe ducs de BrunfPallavic ut fup Wick, Ulric duc de Meckelbourg, Chriftophle lib. 5. cap 3. n. 8. duc de Wirtemberg, Charles marquis de Bade Erneft prince d'Henneberg. De plus les députés de l'Electeur Joachim de Brandebourg, de Jean & de George-Frederic de Brandebourg, de Philippe Lantgrave, de Barnime & de Jean-Frederic ducs de Pomeranie, & de beaucoup d'autres, outre le roi de Dannemark & les princes de Lunebourg, qui avoien, écrit à l'assemblée pour marquer leur affection & la

n. I.

part qu'ils prenoient dans tout ce qu'on y détermineroit. Tous ces princes sur le bruit d'un prochain concile général qui fe répandoit, & fur l'accufation' qu'on formoit contre ceux de la confeffion d'Aufbourg, qu'ils étoient fi différens en opinions, que les uns combattoient ouvertement ce que les autres foutenoient avec opiniâtreté, fe propoferent de mettre deux choses en délibération. La premiere, que tous ceux qui étoient féparés de l'église Romaine convinssent entr'eux d'une même profeffion de foi, parce qu'autrement les Catholiques feroient bien autorifés à les condamner, fans qu'on y pût trouver à redire, puifque leurs propres docteurs se traitoient les uns les autres d'hérétiques, comme on l'avoit vû dans le dernier colloque de Wormes. La feconde, fi les Proteftans devoient fe rendre au concile, ou s'ils devoient abfolument le refufer.

AN. 1561.

XIII

te affemblée au

fujet de la confef

fion d'Aufbourg.

In actis convent.

Nanmb. apud Hof180.&fiq.

pinian. 1561 pag.

Il y eut beaucoup de division touchant le premier article. Quelques-uns regardant cette difcor- Divifion dans ce:de entre les églifes, comme une chofe nullement effentielle, prétendoient qu'il falloit s'arrêter à la confeffion d'Aufbourg, comme au fondement de la doctrine, & fur tout à celle qui avoit été préfentée à Charles V. en 1530. & qui fut confirmée de nouveau, pour être enfuite envoyée par les électeurs & les autres princes à l'empereur Ferdinand, que les Catholiques avoient fortement prévenu contre les Proteftans ; qu'on la propoferoit enfuite dans le concile au nom de leurs églifes, comme celle qu'ils vouloient tenir, de peur que fi chacun montroit la fienne en particulier, ceux de cette confef

sion ne fuffent expofés au mépris & à la rifée. On AN. 1561. produifit les divers exemplaires & les différentes editions de cette confeffion, principalement celle de l'affemblée d'Aufbourg où la paix fut arrêtée, & qui avoit été écrite de la main de George Spalatin, que Jean-Frederic de Saxe Weymar & le duc de Wirtemberg foutenoient être tout-à-fait conforme aux autres & fur-tout à la premiere de Wirtemberg, à peu de chofes près. Mais les électeurs Palatin & de Saxe preffoient pour en faire recevoir une plus nouvelle qui étoit entre les mains d'un grand nombre de perfonnes, & qui étoit plus étendue que la premiere, parce que certains fentimens y étoient expliqués.

XIV. L'on y propose différens exemplaires de cette confeffion.

ut fupra.

80.

Acta conventûs

Enfin comme tous les autres princes & les ambaffadeurs des abfens étoient d'avis qu'on foufcrivît aux mêmes articles qui avoient été présentés à De Thou, ibid. Charles V. les électeurs y confentirent à cette condition, qu'on y feroit une nouvelle préface, où l'on Naümb. loco cita- approuveroit cette derniere édition de la confeffion & l'apologie comme conforme à la premiere, & quelques endroits de la premiere qui fe rapportoient à la tranfubftantiation : qu'on expliqueroit auffi plus amplement les difputes touchant l'expofition & proceffion du Saint Sacrement, parce que la division qu'on y faifoit des deux efpéces ne convenoit pas avec l'Inftitution de Jefus-Chrift, de la meffe & d'autres inftitutions femblables. De plus, les électeurs vouloient qu'on parlât dans la préface de la confeffion des églises de Saxe & de l'assemblée de Francfort: mais parce que Jean-Frederic de Saxe & les autres étoient d'avis qu'on reprît plutôt les arti

cle de Smalkalde, on ne mit rien dans la préface AN. 1561.

que Cracovius & Ehemius mirent par écrit, & lurent devant les princes, parmi lesquels il y en eut qui l'approuverent, & d'autres qui refuferent d'y fouscrire. En quoi ces derniers furent appuyés par ceux qui entretenoient les erreurs & les fectes contraires à la parole de Dieu & à la confession d'Aufbourg, en blâmant d'une maniere indirecte l'électeur Palatin, qui avoit depuis peu renvoyé d'Heidelberg Tilman Heshaufen, parce qu'il défendoit l'opinion de Luther touchant la céne.

XV.
Le duc de Saxe-

fort en colere.

Mais Frederic de Saxe-Weymar, qui, à l'exemple de fon pere, avoit toujours fait profeffion du weymar fe retire pur Luthéranifme, ne put fouffrir qu'on mît fauffement dans la préface qu'il n'y avoit point de difcorde dans les églifes d'Allemagne. IÎ dit hautement que c'étoit fe mocquer du monde de parler de la forte, & qu'après ce que leurs miniftres écrivoient & difoient tous les jours les uns contre les autres dans leurs écrits & dans leurs prêches, il falloit être fourd ou aveugle pour ne point s'appercevoir de la diverfité de leurs fentimens & de leur créance dans les principaux articles de la doctrine; ce qui donnoit fujet aux émiffaires du pape, non-feulement de les calomnier, mais encore de les convaincre d'un mensonge manifeste. Il demanda donc qu'on retînt, non pas la confeffion publiée depuis plus de trente ans & qui avoit été changée en plufieurs endroits ; mais celle qui avoit été imprimée depuis neuf à dix ans & qu'on inserât dans la préface, pour tenir lieu de déclaration, les articles de Smalkalde; mais n'ayant purien obtenir, il conçut tant tant de chagrin contre

ceux qui lui étoient oppofés, que quoiqu'il eût AN. 1561. épouse la fille du Palatın, il eut fi peu de refpect pour fon beau-pere, qu'il l'appella publiquement Calvinifte, Sacramentaire & déferteur de la confeffion d'Ausbourg, la plus grande injure qu'on puiffe dire aux Lutheriens. Après quoi il partit de Naümbourg, & se retira dans ses terres.

XV I.

Ce qu'ils délibere

rent entr'eux tou

Lorsqu'on délibéra enfuite touchant le concile, les opinions furent différentes. Quelques-uns étoient chant le concile. d'avis qu'on le refusât entierement, & les autres De Thou ut fup approuvoient que chaque état y envoyât ses ambasPallav. ut fup. fadeurs, pour rendre raifon de leur foi dans un conSpond. hoc. an. n. 3. cile libre & chrétien, & former une puiffante ac

28.

:

a

cufation contre le pape & la cour de Rome; que
dans le même tems on exposât les exceptions ordi-
naires & les récufations touchant les juges fufpects,
l'ordre renverfé du droit & les incommodités du
lieu que cela contribueroit beaucoup à diffiper la
haine qu'on portoit aux Proteftans
comme s'ils
vouloient éluder l'autorité d'un concile légitime;
qu'on feroit connoître par-là qu'il ne tenoit pas à
eux, mais à l'ambition de leurs ennemis, qu'on ne
travaillât à rétablir l'union ; & qu'ainsi l'on auroit à
l'avenir moins d'averfion pour les églifes d'Allema-
gne. Enfin tous convinrent qu'on accepteroit le
concile, pourvû que ce ne fût
celui du pape,
& qu'il n'y préfidât pas ni par lui ni par fes légats.
Telle fut la réponse qu'ils donnerent aux ambassa -
deurs de l'Empereur Ferdinand, qui étoient arrivés
à Naimbourg avec les nonces le vingt-huitiéme de
Janvier, & qui fe trouverent dès le lendemain à la
diéte. Ils ajouterent encore pour conditions, que la

pas

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