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parole de Dieu feroit le feul juge & nullement le pape; que les évêques feroient difpenfés du ferment de fidélité qu'ils font au fouverain pontife; que les théologiens qu'ils y envoyeroient, auroient droit de fuffrage, & qu'après avoir communiqué avec ceux qui ne fe trouvoient pas à cette assemblée, il feroient une réponse plus ample à sa majesté impériale.

AN. 1561.

XVII.

Weymar.

L'on réfolut enfuite d'envoyer des députés à Jean- L'affemblée déprFrederic de Saxe-Weymar qui s'étoit retiré, pour lui tau duc de Saxefaire fçavoir que les princes fouhaitoient avec beau- De Thoa ibid, st coup d'ardeur qu'il fût demeuré à Naümbourg jus- Suprà. qu'à la fin de l'affemblée, mais que puifqu'ils avoient reçu ses excuses sur son départ, ils étoient bien aise de lui apprendre qu'ils avoient résolu de souscrire à la confeffion d'Aufbourg, pour laquelle ils étoient affemblés, & que pour le contenter l'on avoit ajouté dans la préface un article touchant la céne : qu'ainfi ils le prioient d'y vouloir fouscrire, & que s'il le refufoit, ils demandoient au moins qu'il imposât filence à fes théologiens, & qu'il fit enforte que les actes de l'affemblée de Naümbourg ne fuffent point appellés publiquement l'interim de Samarie, comme on avoit déja donné ce nom à ceux de l'affemblée de Francfort. Qu'enfin on ne condamnât point leur conduite par les écrits publics, qu'autrement ils feroient obligés de fe juftifier & de faire voir publiquement leur innocence, en marquant l'origine & le progrès de cette affemblée : en un mot, qu'ils n'oublioient rien de ce qui concernoit la grandeur & l'importance de cette affaire. La diéte finit le vingt-feptiéme de Février; on y fit un décret qui

AN. 1561

XVIII.

portoit que tous tiendroient la confefsion d'Aufbourg fuivant les explications qu'on trouveroit les Fin de l'affemblée plus propres pour la rendre commune à tous ceux Pallavicin. lib. 15. qui s'en étoient écartés ; & que pour cet effet l'on s'affembleroit de nouveau à Erford le vingt-deuxiéme d'Avril prochain. Mais cette union qu'ils affectoient n'eut aucun fuccès.

de Naütboug.

cap. 4. n. 1.

XIX. Départ des deux

don va dans la

baffe Allemagne.

Gratiani in vitâ

2. cap. 4.

Pallavicin,

fuprà.

Les deux nonces Delfino & Commendon en parnonces. Commen- tant de Naümbourg pour fe rendre dans les provinces où ils avoient ordre d'aller, donnerent avis au pape de la maniere dont les princes Proteftans les Commendon. lib. avoient reçus dans cette ville. Leur fermeté fut beaucoup louée à Rome, & l'on fçut bon gré à " Commendon d'avoir réprimé les Allemands qui infultoient avec tant de fierté à l'église Romaine. Ce prélant devant vifiter la baffe Allemagne vouloit commencer par la ville de Weymar pour y voir JeanFrederic de Ŝaxe qui s'y étoit retiré; mais ayant appris par un des Confeillers de ce prince, que son maître n'étoit pas dans la difpofition de le recevoir parce qu'il ne vouloit avoir aucun commerce avec le pape, Commendon réfolut d'aller d'abord dans le Brandebourg trouver l'électeur Joachim : & comme il étoit obligé de paffer par la Saxe, il obtint de l'électeur Auguste un fauf-conduit des plus honorables. Ce prince lui fit beaucoup d'excufes de la réponse qu'on lui avoit faite à Naümbourg contre son avis, & lui donna des lettres pour ordonner aux magiftrats des villes de fes états par où il pafferoit, de le recevoir honorablement, & de le faire efcorter jufqu'aux frontieres de l'électorat de Brandebourg. Le nonce traversa Leipfik & Hall, comptant

de

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LIVRE CENT CINQUANTE-SIXIÉME.

25

de voir en chemin l'archevêque de Magdebourg; AN. 1561. fils de l'électeur Joachim; mais n'ayant pas trouvé ce prélat chez lui, il prit la route de Berlin, où il fut reçu avec toutes fortes d'honneurs par l'électeur de Brandebourg.

&

X X.

Il arrive à Berlin

y voit l'électeur

de Brandebourg. Gratiani loco fu

Extant in epif.

Ce prince avoit établi la religion proteftante dans ses états en 1 5 39. & étoit un de ceux qui avoient plus de disposition pour rentrer dans le fein de l'église catholique, dont il avoit confervé beaucoup de cé- prà cit. cap. 4. rémonies & plufieurs coutumes. Auffi-tôt qu'il eut Pallav. ubi suprà appris l'arrivée du nonce, il lui envoya deux de ses cap. 4.n.2. premiers confeillers pour le complimenter de fa Commend. ad Borpart, & l'inviter à venir dîner chez lui le lende- rom, card.15. Feb. main. Comme le nonce avoit appris que le deffein de l'électeur étoit de l'entendre avant le repas, & de lui donner ses réponses en présence de quelques-uns de fes théologiens ennemis de l'union, il affecta d'arriver dans le tems auquel il falloit fe mettre à table, & il réfolut de laiffer échapper pendant le repas quelques paroles fu la religion pour mieux connoître les difpofitions de l'électeur, & le porter à prendre des confeils avantageux à la religion. La chose réuffit à son avantage; il fut reçu avec tous les honneurs que lui auroit pû rendre le prince le plus attaché & le plus foumis au faint fiège. Joachim écouta avec tranquillité ce qu'il lui dit du concile; loin de marquer aucune peine du deffein que l'on avoit de le continuer, il parut qu'il le verroit tenir avec joie, & il fit paroître beaucoup de difpofition la paix, & ne parla jamais du pape ni de l'églife Romaine qu'avec honneur & refpect. Après le dîner, fous prétexte de procurer quelque repos à fon hôte, Tome XXXII.

D

il le mena dans un cabinet, & de tout le jour il ne AN. 1561. voulut lui parler d'aucune affaire. Le lendemain étant à table avec lui, il l'entretint de différentes affaires affez vagues, & comme fon deffein étoit de le retenir au moins une quinzaine de jours, il éloignoit toujours l'occafion de traiter du fujet de fa légation.

XXI.

Il lui préfente la

& l'clecteur don

4. n.4.

Raynaldus n. 32.

Ex epift. dig 5. Februarii ad card.

Borona um.

les

ayant

Cependant Commendon, voulant profiter du bulle du concile, tems, fit beaucoup d'inftances pour obtenir une ne fa réponse. audience. Il préfenta à l'électeur les lettres du pape Pallav, ibib cap: & la bulle pour la convocation du concile, lefquelété lûes, l'électeur demanda quelque tems. pour en délibérer. Il ne fit fa réponse que fur la fin de Février, cinq jours après l'arrivée du nonce : elle contenoit en substance; qu'il étoit très fenfible au fouvenir du pape, & qu'il lui en rendoit de trèshumbles actions de graces, qu'il avoit été informé des bonnes intentions & de la bonté particuliere du fouverain pontife dès le tems qu'il étoit en Hongrie. Qu'il avoit toujours fouhaité la paix & qu'actuellement il travailloit à l'établir, quoique fes démarches ne fuffent pas agréables à tout le monde mais qu'il se soucioit fort peu de ne pas plaire hommes, pourvû qu'il pût mettre fa confcience en repos, & pratiquer la parole de Dieu : que c'étoit dans cette vûe qu'il avoit embraffé la confeffion d'Aufbourg fans aucune légereté d'esprit ; & qu'il défiroit que tout le monde, & particulierement les papes reconnuffent la vraie foi. Enfuite passant au concile, il dit que comme cette affaire ne le regardoit pas lui feul, ni les feuls princes qui s'étoient affemblés à Naümbourg; mais tous ceux qui fui

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plaire aux

voient la confeffion d'Aufbourg, il ne pouvoit répondre que ce qui avoit été réfolu d'un commun AN. 1561. accord: que pour ce qui le regardoit, il n'oublieroit rien établir la concorde & l'union, quoiqu'il pour y prévît de grandes difficultés, comme il lui avoit fait fouvent connoître en particulier, avec cette fincérité qui lui étoit naturelle, & qu'il connoissoit être la même dans le nonce; ce qui étoit cause qu'il ne pouvoit lui refuser son estime, & qu'il vouloit entretenir amitié avec lui.

Le nonce répondit à ces civilités avec tant d'éloquence & une si grande étendue d'efprit, qu'il ne lui auroir pas été difficile de retirer ce prince de l'erreur où il s'étoit engagé par une trop grande crédulité, fi fes confeillers ne l'euffent empêché de profiter de fes converfations & de fes confeils. Commendon lui dit, que comme c'étoit par un principe de confcience qu'il avoit embraffé la confeffion d'Ausbourg, cette même confcience l'obligeoit à connoître Jefus-Chrift, & qu'il ne le pouvoit mieux faire que par le fecours d'un concile œcuménique muni de l'autorité du pape, à qui il étoit enjoint de confirmer fes freres; & dont la foi ne pouvoit jamais manquer, felon le privilége que le fils de Dieu lui avoit accordé. Qu'il n'avoit donc point de plus sûr parti à prendre, que celui de se soumettre à la conduite de Dieu, & de puifer la lumiere dans la fucceffion continuée du fiége apoftolique, & dans la doctrine conftante des faints peres. Enfuite il le remercia de la liberté qu'il lui avoit accordée dans les entretiens particuliers qu'il avoit eu avec lui. Il le pria de faire réflexion fur les conditions que les Protestans de

XXII. Réponse de Com

mendon à cet éle

&eur.

Pallav. ut fuprà

cap. 4. n. 4. & so

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