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feroit davantage, fon maître feroit contraint d'aAN. 1561. voir recours aux prélats de fön royaume; c'est-àdire, d'affembler un concile national au défaut du concile univerfel. Le pape répondit qu'il n'avoit rien tant à cœur que de voir les évêques affemblés à Trente, que le retardement ne venoit point de lui, mais des princes qui ne s'accordoient pas, quoiqu'il eût donné à sa bulle la forme la plus convenable pour les contenter tous.

XLII. Nonces du pape

ques princes.

56.

Cambden, in vita,

Segin. Elifab.

pas

En effet, plufieurs de fes nonces n'avoient mal reçus de quel- lieu d'être fatisfaits des princes vers lefquels ils Pallav. ut fup. lib. avoient été députés. Quoique la réponse qu'Elifa15. cap. 7. & n. 1. beth reine d'Angleterre avoit faite l'année précédente à l'Abbé Parpaglia, ne fût guéres propre à faire concevoir au pape de grandes espérances du rétablissement de la vraie religion dans ce royaume, il ne laiffa pas de nommer dans cette année un nonce pour aller notifier à la reine que le concile de Trente qui avoit été interrompu, devoit fe continuer au même lieu, & pour la prier d'y envoyer des évêques Anglois. L'Abbé Martinengo qui étoit chargé de cette commiffion, s'étant rendu en Flandres employa le crédit du roi d'Espagne & du duc d'Albe, pour obtenir d'Elifabeth la permiffion de se rendre auprès d'elle ; ce qu'elle refufa constamment. A la priere de Martinengo, le nonce du pape qui réfidoit à Paris engagea Trochmorthon ambassadeur d'Angleterre, d'en écrire à la reine, qui répondit qu'elle n'avoit aucune affaire à difcuter avec le pape, qu'elle fouhaitoit de tout fon cœur de voir affembler un concile véritablement œcuménique; mais qu'elle ne reconnoiffoit point un concile con

voqué

voqué par l'évêque de Rome, dont l'autorité avoit AN. 1561. été bannie d'Angleterre par le parlement.

Le nonce Delfino évêque de Phare n'agit pas avec plus de succès auprès des villes impériales de la haute Allemagne ; ni toutes les exhortations qu'il leur fit pour établir la paix dans leurs états, ni les assurance d'un fauf-conduit en bonne forme qu'il leur offrit pour venir au concile & en partir avec toute sûreté, ne produifirent aucun effet. Il vint d'abord à Nuremberg, & le sénat lui rendit cette réponse le huitiéme de Mars : que depuis l'année 1530. il fuivoit la confeffion d'Aufbourg, & qu'il ne lui étoit pas permis de fe féparer des princes qui y étoient attachés ; qu'au refte il ne prétendoit pas déroger en rien à l'eftime qu'ils faifoient du nonce en particulier. Ceux de Srafbourg firent à peu près la même réponse, ajoutant, que le dernier concile avoit été entierement favorable au pape : que celui qu'on vouloit affembler feroit femblable, & que pour être légitime, il devoit être convoqué par l'empereur. Le refus de ceux de Francfort fut un peu plus modefte: Ils dirent qu'ils fouhaitoient fort qu'on fût uni en Allemagne au fujet de la religion; qu'on fçavoit les raifons pour lefquelles les deux dernieres tenues du concile avoient été inutiles ; & que fi le pape jufte & prudent, comme il étoit, vouloit lever ces empêchemens, ils en feroient charmés qu'au refte, ils ne vouloient pas rompre avec les princes de la confeffion d'Aufbourg qui leur étoient unis. Le nonce trouva d'abord plus de foumiffion dans le fénat d'Aufbourg; mais le tout n'aboutit qu'à un refus, puifqu'ils repréfenterent que l'une Tome XXXII.

G

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AN. 1561.

XLIII.

Entretien de Del

fino avec Xar

chius.

Pallav:

lib. 15. c. 10. n. 1.

par

& l'autre religion ayant été permife dans leur état
Charles V. ils avoient toujours vêcu en paix;
qu'ils fouhaitoient fort de voir finir toutes ces divi-
fions, mais que leur petite république n'étoit pas
affez confidérable pour commencer à entamer une
affaire de cette importance; que tout ce qu'elle pou-
voit faire, étoit de défirer de voir regner la con-
corde, & qu'elle ne manqueroit pas de s'y préter
auffi-tôt que
les principaux membres de l'empire
auroient pris ce parti. Delfino vifita auffi plufieurs
évêques d'Allemagne, comme ceux de Spire, de
Conftance, de Merfbourg, dont il reçut beaucoup
d'honnêtetés: mais les uns s'excuferent fur leur
vieilleffe, d'autres fur leurs infirmités & fur les in-
commodités du voyage pour fe rendre à Trente.

Dans le cours de ces vifites, Delfino vit plusieurs miniftres de la prétendue réforme, & eut des entretiens avec quelques-uns, fur-tout avec Zanchius up: de Bergame, apoftat des chanoines réguliers de faint Auguftin, & qui étoit dans le couvent de Lucques lorfque Pierre Martyr qui en étoit prieur, lui inf pira & à plufieurs autres moines les fentimens des Zuingliens; il étoit intime ami de Brentius ; & tous deux fçachant le nonce à Strasbourg l'allerent trouver avec beaucoup de Vénitiens qui avoient quitté leur patrie pour embraffer les nouvelles erreurs. Delfino les reçut avec beaucoup de bonté, leur donna des avis charitables, & leur marqua beaucoup de zéle pour les faire rentrer en eux-mêmes. Zanchius fut touché de fes remontrances, & en le quittant il lui dit à l'oreille, qu'il feroit ravi d'entrer en conversation avec lui pour lui propofer fes sentimens

ne

fur quelques points de la religion: A quoi le nonce confentit par un figne de tête. Zanchius revint, & AN. 1561. eut un entretien fort long avec Delfino. Il étoit accompagné de Sturmius autre Protestant, qui voulant pas qu'on le vit dans la ville entrer chez nonce une feconde fois, lui donna rendez-vous dans un lieu proche de Strasbourg, où il se trouva avec l'autre.

Zanchius & Stur

leurs fentimens au

nonce.

Pallav. Ibid. cap.

10. n. 2. & 3.

Comme Zanchius étoit de tous les Proteftans le XLIV. plus modéré, qui ne parloit de l'église Romaine que mins découvrent comme de sa mere, toujours prêt, difoit-il, à rentrer dans fa communion, lorfqu'elle auroit réformé quelques abus qui s'étoient gliffés, selon lui, dans fa créance & dans fa difcipline, & que Sturmius qui enfeignoit la réthorique à Strasbourg n'étoit pas fort éloigné des mêmes fentimens ; ils afsurerent le nonce, que tous leurs vœux ne tendoient qu'à voir l'union rétablie, & à rentrer enfuite dans le fein de l'églife catholique, non avec la confufion de gens coupables à qui l'on accorde le pardon, mais avec la dignité de gens qui ont fervi Îa religion & qu'on veut récompenser. Delfino char- Ex mé de leurs bonnes difpofitions, écrivit au cardinal Borromée, qu'il lui fembloit plus à propos d'imiter arch. Vatic.& ejus faint Paul, qui écrivant aux Philippiens, dit qu'il Barbarin. eft vrai que quelques-uns prêchent Jesus-Christ par Philipp. 1. 15. 19. un efprit d'envie & de contention, que les autres le font par une bonne volonté ; & ajoute enfuite. Mais qu'importe, pourvû que Jesus-Chrift soit annoncé en quelque maniere que ce foit, ou par occafion, ou par un vrai zéle, je m'en réjouis, & je m'en réjouirai toujours; d'où il concluoit qu'il étoit de la

epist. Delfin. ad

Boriom. 13. Jun. 1561. Auguft. in

fumma in biblioth.

prudence de tirer de ces Proteftans ce qu'ils pour AN. 1561. roient faire, quand même ils ne rempliroient pas leurs promeffes.

Les fentimens que Zanchius propofa au nonce, furent. 1. Qu'on modérât l'autorité que l'églife attribuoit au pape, n'étant pas conforme à l'antiquité. 2. Qu'on ne prononçât dans le concile que fuivant la pure parole de Dieu & la doctrine des plus. anciens peres. 3. Qu'on difpensât les évêques du ferment fait au pape, afin qu'ils puffent parler librement & felon leur confcience. 4. Qu'on établît dans le concile de petites affemblées compofées des prélats les plus fçavans, avec lesquels les théologiens Protestans puffent conférer, afin de produire leurs fentimens, avant qu'on décidât rien dans les congrégations générales, parce que les hérétiques fe plaignoient qu'entre les évêques catholiques il y en avoit plufieurs qui ne paffoient pas pour fçavans. Le nonce répondant à ces avis ou demandes de Zanchius, commença à relever beaucoup l'autorité du pape, qu'il appuya de preuves tirées de Théodoret, du concile de Calcédoine, de faint Jérôme & d'autres. Sur le fecond chef, il dit qu'exiger une décifion uniquement fondée fur la parole de Dieu & fur les anciens peres, c'étoit ôter aux conciles & aux décrets des papes toute leur autorité. Sur le troifiéme, il répliqua qu'exempter les évêques de leur ferment étoit une chofe inutile d'un côté & fcanda leufe de l'autre. Enfin fur le quatrième, il dit que l'antiquité avoit fuivi un ufage contraire. La converfation fut fort longue, & tout le détail en fut envoyé au pape & aux légats: la réponfe fut qu'on

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