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appro

Allemande, & qu'il avoit toujours été animé du deAN. 1561. fir d'y voir regner la concorde & la tranquillité ; que c'étoit dans cette vûe qu'il y envoyoit deux nonces pour exhorter, pour prier, pour folliciter les princes à y travailler; que le deffein du concile étoit de traiter les chofes dans un efprit de paix avec beaucoup de douceur & de charité; que toute fon application feroit d'approuver ce qui mérite bation, & de condamner ce qui eft condamnable pour ôter le schisme qui duroit depuis fi longtems dans l'églife, & réduire tout à l'unité. Qu'il étoit donc de l'intérêt des princes du faint empire, de faire réuflir une fi bonne œuvre, en envoyant au concile leurs procureurs à qui le pape étoit prêt d'accorder toutes les sûretés qu'on pourroit exiger, & un fauf-conduit en bonne forme, afin d'appaifer les difcordes qui depuis fi long-tems divifoient les princes, établir une même foi, & rendre à l'église fon premier éclat. i

VIII.

de Commendon à

bléc.

Quand Delfino eut fini fon difcours, CommenAutre difcours don prit la parole & repréfenta aux princes que le la méme affem- tems étoit favorable pour la célébration du concile, puifque la paix venoit d'être conclue entre la Pell; France & l'Espagne. Que Dieu avoit donné à fon Flechier vie de églife un fouveraiu pontife, qui mettoit tous fes Commerdon, Pag. foins & toutes fes penfées à rétablir le culte divin,

Pallav. ubi fu

prà cap. 3. n. 2.

127. suiv.

& à remettre la religion dans fa pureté. Que fi par la négligence des prélats, il s'étoit gliffé quelques abus dans les cérémonies publiques, qui fuffent contraires à la dignité de la foi chrétienne, il étoit dans la réfolution de les abolir. Que pour ce qui concernoit le relâchement & le déreglement des mœurs, il

prétendoit

prétendoit les corriger & les réduire aux formes de la difcipline ancienne. Que tous les Chrétiens devoient le réjouir de la célébration d'un concile, qui rétabliroit la foi & la piété des fiécles paffés. Que ceux même qui fe trouvoieut engagés dans les opinions nouvelles, ou par leurs propres erreurs, ou par les perfuafions de quelques docteurs, qui donnoient trop à leurs fens, & qui abufoient des faintes écritures, devoient en être fatisfaits. Que le falut des hommes dépend de la foi & des fentimens qu'ils ont de la divinité; que cette foi ne peut être véritable si elle n'est une, qu'elle ne doit pas être reglée par les paffions & par les caprices de quelques particuliers; mais par le confentement univerfel de l'église, fondé sur la révélation des écritures : & que la vérité ne peut être mieux recherchée ni mieux expliquée, que dans une affemblée générale où se devoient trouver les plus fçavans & les plus faints personnages de l'Europe, qui n'entreprendroient rien qu'après avoir imploré le fecours du ciel par prieres & par des facrifices, & qui n'agiroient que par les principes de leur confcience, & par les mouvemens intérieurs du Saint-Efprit.

des

Il ajouta qu'il ne falloit point différer les remedes, puifque les maux étoient preffans: que les affaires prenoient un cours très-dangereux, depuis que les auteurs des nouveautés fe donnoient la liberté de dépraver & d'expliquer selon leur sens les instructions & les préceptes de l'évangile, & que s'infinuant dans les efprits des peuples groffiers, ils fe foutenoient par la faveur & la faveur & par la force de la multitude. Que par ce moyen ils ébranloient les fonTome XXXII.

B

AN. 1561.

demens de la religion, & qu'affoiblissant ainsi l'auAN. 1561. torité des loix & des coutumes de l'églife, ils donnoient lieu à des défordres dont on avoit déja fait de très-fâcheuses expériences. Que la religion n'étant pas une invention des hommes, mais une inftitution de Dieu même, on ne pouvoit y toucher, en rien retrancher, y rien accommoder à fon fens a particulier, fans fe rendre devant Dieu coupable du plus grand de tous les crimes, & fans tomber dans l'aveuglement, dans l'impiété & dans la révolte. Que s'il étoit permis à chacun d'interpréter les livres facrés felon fon efprit, & de croire fes pensées véritables, il y auroit autant de fentimens différens que de perfonnes.

Il leur rapporta enfuite des exemples des premiers. fiécles, & leur repréfenta que les faints qui nous ont enseigné les vérités qu'ils avoient apprifes de Dieu même, & qui ont répandu leur fang pour les confirmer, étoient fi éloignés de cet orgueil, que dans les controverfes qui s'éleverent parmi les Chrétiens dans Alexandrie fur le fujet des loix de Moïfe, faint Paul & faint Barnabé n'oferent rien déterminer; mais qu'ils allerent à Jérufalem, qu'ils rapporterent la chofe dans le concile des apôtres, & qu'ils s'arrêterent à leurs décisions. Que de-là venoit la foi folide & uniforme des Chrétiens, au lieu que celle des autres étoit toujours foible & toujours changeante. Que le culte de Dieu fondé fur des principes immuables, fe fortifie par la longueur des fiécles, au lieu que les inventions des hommes qui ne font fondées que fur le caprice, fe diffipent avec le tems. Que dans ces excès de licence il étoit

impoffible de donner des bornes à la témérité & à AN. ISGI l'orgueil de l'efprit humain, qui ne craignoit point de se plonger dans les abîmes de l'impiété; & qu'on pouvoit croire que ceux qui alloient impunément d'erreur en erreur, & qui s'attachoient à toutes les nouveautés, après avoir fouvent changé de reli gion, dans peu de tems n'en auroient aucune. Qu'il falloit donc mettre ordre à ces divifions, & empêcher que cette contagion ne fe répandît & ne s'attachât à toutes les parties de la Chrétienté; que le ciel étoit irrité, & que l'Europe alloit fe parta ger en plufieurs fectes contraires les unes aux autres, pendant que le Turc, cet ennemi irréconciliable du nom Chrétien, enflé de fa puissance, & de notre malheureufe défunion, menaçoit de ruiner nos plus belles provinces. Qu'ils étoient donc priés d'envoyer leur ambaffadeurs au concile pour propoposer leurs doutes, & les sujets qu'ils avoient de faire fchifme & de fe féparer de nous. room all Pendant les difcours des deux nonces, plufieurs des princes marquoient fur des tablettes le précis de ce qu'ils avoient dit; & ces difcours étant finis, les mêmes princes après s'être entretenus quelque tems entr'eux à voix baffe, ordonnerent au chancelier de l'électeur Palatin de répondre il le fit en pou de mots. » Les illuftres princes, leur dit-il, ont « entendu ce que vous venez de leur expofer au nom « du pontife Romain : & parce qu'il s'agit d'une affaire difficile, il ne veulent rien définir pour le préfent: ils s'affembleront, enfuite ils répondront; ils feroient pourtant bien aise que vous leur don naffiez par écrit ce que vous avez dit. A quoi les

IX.

Réponse dez prin

ces aux difcours des deux nonces.

Pallav. ut sup. c. 3.". 3. & 4•

n.

nonces répliquerent qu'on connoifsoit assez par la

AN. 1561. bulle du faint pere, & par les lettres qu'il écrivoit à l'empereur, quelles étoient fes intentions; que d'ailleurs ils avoient ordre de ne rien laiffer par écrit. Les princes après avoir parlé bas entr'eux y confentirent, & congédierent honnêtement les nonces avec la même fuite & le même équipage avec lequel ils étoient venus. Un quart d'heure après ils virent arriver à leur logis trois confeillers des princes pour leur rendre les lettres que le pape écrivoit à leurs maîtres. » Les princes, leur dirent-ils, dans le peu de >>> tems que vous avez été avec eux, n'ont pas pris garde à ces paroles des lettres du pape, à notre fils bien-aimé, parce qu'elles étoient fous une envelop pe. Mais informés que le pontife Romain les ap» pelle fes fils ils n'ont point de réponse à faire » aux chofes que vous leur avez propofées. « Comniendon leur dit que fa fainteté les traitoit comme elle avoit coutume de traiter tous les princes Chrétiens fuivant la coutume conftamment obfervée par fes prédéceffeurs. Mais les envoyés, fans faire aucune attention à cette réponse, laifferent fur la table les lettres du pape avec la bulle pour la convocation du concile, & fe retirerent..

X.. Difcours outra

geux des Proter

tans aux deux non

ces.

3. n. 5.

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Lesnonces jugerent aifément par toute cette conduite, que leur négociation n'auroit aucun fuccès. puifqu'on refusoit de voir les lettres du pape qui Pallav. Ibid. cap. Contenoient leurs lettres de créances. Cependant deux jours après, le feptiéme de Février, ils furent Commendon. lib. 2. vifités par dix confeillers des princes accompagnés de beaucoup de Proteftans. Un d'entr'eux nommé Gregoire Cracovius, homme fçavant & confident

Gratiani in vitâ

cap. 3.

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