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PHEDRE, Liv. III. 173 d'un fou & d'un extravagant qui radotoit. Ce bon vieillard plus propre à fe moquer des autres, qu'à s'en faire moquer, s'en étant apperçû, prit un arc débandé, le mit au milieu de la rue, & dit à cet Athenien: Hola, Monfeur te Philofophe, qui faites ici l'homme fage, découvrez-nous un peu la raison de ce que je viens de faire? Auffi-tôt le peuple s'affemble, & l'Athenien le tourmente long-tems, & ne peut comprendre le fujet de la question qu'on lui a propofée. Enfin il fe rend & avoue fon ignorance. Alors le fage vieillard demeuré vainqueur, lui dit : Vous romprez bientôt cet arc, fi vous le tenez toujours bandé; mais fi vous le débandez, vous pourrez vous en fervir, quand vous voudrez.

De même il faut quelquefois rélâcher & divertir fon efprit, afin qu'il soit enfuite plus capable de réflexion.

34. Quid. C'est-à-dire, cur hoc. Dites-moi ce que fignifie ce que je viens de faire.

38. Ille. L'Athenien dont on a parlé plus haut.

45. 46. Quaftionis pofita. Le fujet de la question qu'on lui a propofée, de même que s'il y avoit, propofita.

47.48. Novißimè fuccumbit. Enfin, novissimè, comme on le trouve fouvent dansCiceron en ce fens là, l'Athenien fuccombe, & n'en peut pas venir à bout.

So. 51. Victor Sophus. Elope qui portoit à jufte titre le nom de Philofophe & victor qui triomphoit de voir ce pré tendu fage arrêté fur une que

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FABULA DECIMA QUINTA

Agnus à Capella nutritus.

Qui educat, pater magis, quàm qui genuit.

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Stulte, inquit, erras, non eft hæc mater tua;

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Non illam quaro, qua, cùm libitum eft, concipit

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Verùm illam qua me nutrit admoto ubere,

45 44 46 47 48 49 So

Fraudatque natos lacte, ne defit mihi.

2. Balanti.Balare. Bêler, faire | un bélement ce qui eft le propre des Brebis qui dans Lucrece, lib.2. font appellées, balantum pecudes.

9. Hac. Dans l'édition de Phedre, donnée par Gronovius en 1703. dans celle d'Hollande en 1725. & dans beaucoup d'autres, on lit hic, adverbe de lieu. Ta mere n'eft pas ici. Il est vrai que le bêlement de l'Agneau, marque qu' il cherchoit celle qui lui donnoit à têter, & qu'il ne l'avoit pas fous les yeux, puifqu'il dit plus bas, non illam quaro ; mais

eela n'empêche pas qu'on ne puille lire, hac, comme fi le Chien difoit: Hac Capella quam quaris. Cette Chevre que tu cherches. Ce qui eft fi vrai que vers la fin de la fable, l'Agneau fe fert du pronom démonftra tif, hâc.

21, Illam. En foufentendant, matrem. Je ne cherche point

cette mere.

25. 26. Libitum eft. Quand il lui plaît, forfque l'envie lui en prend.

31. 32. Certis menfibus. Un certain nombre de mois, il est de quatre mois & demi pour

FABLE QUIN ZIEM E. L'Agneau nourri par une Chevre, Celui qui prend foin de l'éducation d'un enfant en eft plutôt le pere que fon pere même.

UN

N Agneau bêlant parmi desChévres avec lefquelles il vivoit, un Chien lui adreffa ces paroles: Tu te trompes, pauvre fot, cette Chévre qui t'allaite, n'eft pas ta mere: & en même tems il lui montra des Brebis qui paiffoient loin de là dans un lieu feparé. Je ne cherche pas, lui répondit l'Agneau, celle qui conçoit quand elle en a envie, & qui chargée durant quelque mois d'un fardeau qui lui eft inconnu, s'en décharge enfin & le met bas ; mais je cherche celle qui me nourrit en me prefen

les Brebis.

29. 30. Onus ignotum. L'Ag. neau dans le ventre de la Brebis, qu'elle ne connoît pas, ne fçachant s'il fera mâle ou femelle blanc ou noir.

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33. Novißimè. Ce mot a déja été expliqué dans la fable précedente, p. 173. n. 47. 48.

34. 35 Effundit farcinam. Le mot de Sarcina, veut proprement dire, un paquet, un fac de hardes. Sarcinas colligere, Plier bagage, faire fon paquet. Ainfi, effundere farcinam. C'eft Je délivrer d'un fardeau qu'on porte, & ici, c'eft mettre bas, comme on le dit des animaux, lorfqu'ils font leurs petits. L'expreffion eft de Juven. fat. V. 141. Pueros tres in gremium

patris fundat. Votre femme vient de vous faire d'une feule couche pere de trois enfans. Virg.l.8.de l'Ene.v.139. parlant de Mercure, dit que candida Maia conceptum fudit. La belle Maïa le conçut & le mit au monde.

36. Prolapfam. Participe de prolabor. Tomber, fe laiffer aller, parce que les femelles laiffent tomber leurs petits en les mettant au monde.

38. Illam. On foufentend, Quaro. Qui eft quatre vers plus haut.

42. Ubere. C'eft la tette des animaux.

43. Admoto. Il faut foufentendre mihi.

45. Fraudat. Cette Chevre

SI 52 56 57

53 55 54

58 60 5

Tamen illa eft potior, que te peperit. Non ita eft

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66 64 67

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10 Unde illa fcivit, niger, an albus nafcerer?

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15 Cur hac fit potior, que jacentis miferita eft,

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Obfiftere homines legibus, meritis capi.

épargnoit fon lait à fes petits
Chevreaux pour nourrir cetAg-
neau. Tite Live dit, fraudare
fe vidu fuo. Epargner fur fa
bouche, & Plaute, Fraudare
genium fuum, fe refufer les
moindres plaifirs.

61.62. 63. Unde illa fcivit.
On foufentend après illa,
qua
me peperit. Celle qui m'a mis
au monde.

64.66. 67. Niger an albus. Ces expreffions font imitées de Catulle,qui parlant de l'Empereur, dit qu'il ne vouloit pas fçavoir fi cet homme étoit blanc ou,noir, Nolle fe fcire albus an ater home efset.Plaute faifant allufion à ce Proverbe, Pfeud. Act.4. Sc. 7. V. 99. dit d'un homme fans merite, fans naiffance, home

nullius colori.

68. Age. Soit, hé bien. Dans Ciceron, age fis. voyons un

peu.

70. Scißet, c'est-à-dire quandoquidem fcivißet, Quand même elle l'auroit fcû.

74. Sane. Gudius lit fine na tali, voulant dire, outre ma naisance, j'ai encore de grane des obligations à ma mere, mais fanè fait un plus beau fens. 1

8. 81. Expectarem lanium. Columelle dit que les Fermiers de la campagne donnent aux Bouchers les Agneaux fort jeunes, avant qu'ils ayent man gé de l'herbe, & qu'on refer. ve les femelles qui deviennent Brebis,

tant fes tettes, & qui prive fes petits du lait qui leur appartient, afin que je n'en manque pas.Cependant, répliqua le Chien, celle qui t'a mis au monde doit être, toujours préférée à l'autre. Point du tout, répartit l'Agneau; car d'où a-t'elle pui apprendre de quelle couleur je naîtrois, fi je ferois blanc ou noir? mais je fuppofe qu'elle l'ait fçû,ne m'a-t-elle pas rendu un grand fervice dans ma naiffance, en mè faifant naître mâle, pour attendre à toute heure que le Boucher vienne me faifir & m'égorger: Pour quoi donc eftimer ois-je davantage celle qui n'a eu aucun pouvoir fur moi, en me donnant la vie, que celle qui me voyant couché par terre & abandonné de tout le monde, a eu compaffion de moi, & qui fans y être obligée me donne de fi grands témoignages de fa tendreffe & de fa bienveillance. C'eft la bonté qui fait les peres & les meres, & non pas la feule neceffité de la nature.

L'Auteur à voulu montrer par ces vers que les hommes réfiftent à ce que les loix de la nature leur prefcrivent, & qu'on les gagne aifément en leur faifant du bien.

86. Cujus, fçavoir, matris mea Ouis. Puifque ma mere n'a pû s'empêcher de me donner la vie : & de me mettre au monde.

1. Praftat. Ce qui marque combien la Chevre étoit audeffus de la Brebis qui avoit abandonné fon Agneau.

5. Bonitas. La bonté du na turel, avec laquelle on fait du bien aux autres.

17. Legibus. Ce font les Loix de la nature, qui nous prefcri vent l'ufage de la raifon, à la quelle les hommes ont beau coup de peine à fe rendre.

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