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Simon

Hift. Crit.

autre fens aux paroles de ce divin Livre, c'eft raffiner & fubtilifer fans raifon. Les Anciens ont trop raffiné là-dessus, dit Mr le Clerc, avec Mr Simon, & Epifcopius Chef des Remontrans, & avec Grotius.. Voyez la Bibliotheque Univerfelle du premier, Tome 23, page 466, & Epifcopius dans fes inftitutions Theologiques.

pen

Il ne faut pas que ces quatre Auteurs, non plus que le Pere Mallebranche, fe flatent d'être les premiers, d'avoir fait cette objection contre Saint Auguftin. Les Pelas giens la luy ont faite fouvent, & luy ont reproché bien des fois d'avoir pris trop à la lettre, par exemple, ce que l'Ecriture dit. de ceux qui fuivirent le parti de David dant que tout le refte embraffa celui d'Ab. falon Elle dit qu'il n'y eut que ceux dont Dieu toucha le cœur, qui fuivirent David, Reg. quorum Deus tetigerat corda. Cela ne fignifie autre chofe dans le langage dévot des Juifs, difoient les Pelagiens à S. Auguftin, finon que les gens de bien, les honnêtes gens les gens fages, fe déclarerent pour David: les Juifs ayant accoûtumé d'appeller les méchans, enfans de Belial & de Satan; & les· gens de bien au contraire, gens, dont Dien a touché le cœur, on Enfans de Dieu. Mais cela ne veut pas dire pour cela, que Dieu. par une impreffion de fa Grace efficace. change les inclinations du cœur, & le tourne:

10.18.

d'une autre maniere qu'il ne fe feroit tourné de luy même ainfi que vous (Auguftin) l'entendez toûjours.

Tout de même, les Pelagiens ont reproché auffi à S. Auguftin qu'il

Ex.9. 12.

14. 13.

I.

qu'il prenoit mal ·ces paroles: excæca cor populi hujus : indu. If 6.10. rabit Dominus cor Pharaonis, & celles-ci, noluit audire Amafias, eo quod Domini 4. Reg. effet voluntas ; ut traderetur in manus hoftium, & celles-ci, cor regis in manu Dei, Prov. 284 quocumque voluerit inclinabit illud, & en fin par expres celles-ci,erunt omnes docibiles Job. 48. Dei. Aug. op. imp. in Jul. & lib. de corr. &Grat. & lib. de Grat. Chr. & contra duas Epift. Pelag. ad Bonif. & Epift.107. ad Vital. & fragment. Serm. ad Popul contra Pelag. & lib. de Geft. Pelag. & contra Celeft.

S. X.

MAIS S. Auguftin leur a fermé la

bouche par trois argumens qui font fans repartie, & qui juftifient pleinement que c'eft luy qui a bien entendu le fens de l'Ecriture, & que celui que fes Adverfaires luy donnoient eft infoutenable, & vifiblement faux & oppofé à l'intention des Ecrivains facrez, & du S. Efprit qui leur avoit dicté les paroles.

Son premier argument eft la Priere. Si David & Salomon, ( dit-il, ) & la Reine

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Efther & Judit, n'avoient pas été perfua dez
que Dieu tourne le cœur des Rois, comme
il veut, par une action pofitive & par une
impreffion fecrette & efficace fur eux, ils
ne fe feroient pas adreffez à, Dien dans le
befoin,
, pour le prier jour & nuit de leur

donner un cœur docile, un cœur nouveau » un efprit droit, un cœur pur; & ces deux faintes Femmes ne l'auroient pas prié de changer le cœur d'Affuerus & d'Holoferne, & de leur infpirer de l'amour & de la tendreffe pour le Peuple Juif qu'ils haïffoient. Cependant tous les Pfeaumes de David, & toutes les prieres de Salomon fon fils, retentiffent des fupplications continuelles qu'ils font à Dieu pour le conjurer de créer en eux un cœur pur, & de renouveller dans leurs entrailles l'efprit de droiture, Pso. Cormundum crea in me Deus, & Spiritum

824

rectum innova in vifceribus meis, de brûler Pf. 25.2.leur cœur d'un feu nouveau, ure renes meos &cor meum, de l'incliner & de le tourner vers l'amour de fa Loy, inclina cor meum Deus in teftimonia tua, de leur donner un cœur flexible aux mouvemens de fa Grace,

Pf. 118.

36.

3.Reg. 3.

Jb. 8.58.

da

ergo fervo tuo cor docile, de ramener & d'incliner leur cœur vers luy, inclinet corda noftra ad fe. Tout de même les deux faintes Femmes Esther & Judit prient Dieu ardemment qu'il change le cœur d'AffueEfth. 14. rus & d'Holoferne: Transfer cor illius dit

83.

19.

Lib. de

cap. 14.

Ether: Cor autem Holofernis converte. Il Judit 124 y a de la folie, dit S. Auguftin, de deman-. der à Dieu qu'il faffe une chofe qu'on fçait bien qu'il ne fera pas, & qu'on ne croit pas même qu'il puifle faire: mais c'est que des uns & les autres croyent fermement, poursuit le même S. Auguftin, que Dieu a un fouverain pouvoir fur les cœurs, & qu'il les tourne comme il veut, fans bleffer leur liberté: Habet inclinandorum quocum- corrept que voluerit cordium omnipotentiffimam po- & Grat. teftatem. La Reine Elther le croyoit ainsi, puifqu'elle tenoit ce langage-ci à Dieu dans fa priere: Seigneur infpirez, moy ce qu'il Efth. 144 faut que je dife au Roy: donnez de l'ornement & de la force à mon difcours. Faites que je touche & que j'ébranle le cœur de ce Lion farouche: changez fon cœur, & donnezluy pour Aman la même haine qu'il a pour nous. En verité une telle priere marvisiblement que que Dieu opere dans les cœurs des Hommes toutes les bonnes volontez qu'ils conçoivent pour le bien: Quid eft autem quod Efther illa Regina orat & dicit: Da fermonem concinnum in os meum, & verba mea clarifica in confpectu Leonis, & converte cor ejus in odium impugnantis nos? Ut quid ifta in Aug.lib oratione dicit Deo, fi non operetur Deus in nif.c, 20, cordibus hominum voluntatem?

La Priere, dit ailleurs le même faint

1. ad Bo

Docteur, par laquelle on demande à Diet fa propre converfion, ou celle des pecheurs & des ennemis de la Foy, eft l'argument le plus convaincant, qu'on eft perfuadé que Dieu peut changer, & qu'il change effectivement fouvent les inclinations & les mœurs les plus dépravées des plus méchans Hommes, par la force de fa Grace, & par Poperation interieure de fa main toute puiffante: Oratio clariffima eft Gratia teftifi

catio.

On peut dire à proportion la même chose des prieres que les Payens faifoient à leurs faux Dieux, & à leurs Idoles. On con-vient qu'ils étoient dans le dernier aveuglement d'efperer & de croire que des Idoles de pierre & de bois, & des Dieux monAtrueux & chimeriques, ou des veritables Demons, puffent écouter les vœux & les prieres qu'ils luy faifoient, tantôt de changer le cœur de leurs ennemis, tantôt de difpofer le cœur des Princes & des Souverains, afin qu'ils quittent le deffein de faire la guerre, & qu'ils donnent la Paix à leurs Peuples. Virgile même s'en moque,

n.lib, Jam tum Relligio pavidos terrebat agreftes Dira Loci: jam tum fylvas, faxumque treme➡ bant.

On convient, par exemple,avec Heraclite que c'étoit parler à la muraille, que de demander

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