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Virgfl.

five filen.

Egleg. 6. Namque canebat, uti magnum per inane toacta Semina, terrarumque, animæque, marif-ve fuiffent,

8. five

Phar.

Et liquidi fimul ignis: ut his exordia primis
Omnia,& ipfe tener mundi concreverit orbis.
Tum durare folum, & difcludere Nerea Ponto
Cœperat, & rerum paulatim fumere formas:
Jamque novum ut Terræ fupeant lucefcere Solem
Altius, utque cadant fubmotis nubibus imbres.
Inciptant filvæ cum primum furgere, cumque
Rara per ignotos errent animalia montes.
Hinc lapides Phyrræ jactos, Saturnia regna,
Caucafeafque refert volucres, furtumque Pro-
methei.

Il y a quelque fondement de croire que Virgile a eu quelque connoillance du Myftere adorable de la tres fainte Trinité, & qu'il avoit appris ce qu'il en fçavoit des Livres de Platon, où tous les Peres ont remarqué qu'on y en trouvoit de frequens veftiges. Il eft au moins difficile de ne pas avoir cette penfée de Virgile, quand on y lit ces Vers fuivans.

Eglog Terna tibi hæc primùm Tiiplici diverfa colore Licia circumdo: Terque hæc altaria circum Effigiem duco ( Numero Deus impare gaudet.) Necte Tribus nodis Ternos Amarylli colores.

M Virgile

S. XVIII.

Ais il eft encore plus étonnant que Virgile ne penfant qu'à feliciter Augufte fur la naillance de Drufus fils de fa Femme, ou Afinius Pollio, fur la naillance de fon fils Saloninus, ait décrit d'une maniere évidente & fenfible la naiffance adorable de J. C, & qu'il ait dit en termes clairs & précis, que ce divin Enfant étoit tout nouvellement defcendu du Ciel, ou qu'il en alloit defcendre incellamment, exprés pour expier nos pechez, & détourner de la Terre la punition qu'ils méritoient. Il ajoûte que cet adorable Enfant eft Dieu, qu'il vit de la vie des Dieux, & que, quoiqu invifible de fa Nature, il fe rendra vifible & palpable aux Hommes. Il dit qu'il fera l'ornement de la Terre, qu'il fera ceffer le Siecle de fer, & qu'il formera une Nation & une Race toute d'or, (ce qui marque manifeftement les Chrétiens.) Il aflure que les Enfans qui naîtront de luy feront tous des Heros, & des Gens accomplis en toutes fortes de vertus, & qu'il gouvernera l'Univers fur le modele que fon Pere luy prefcrira. Enfin il nous apprend que la Sibylle avoit pronoftiqué fa venue, & avoit marqué nettement que ce devoit être au temps d'Augufte que ce divin Enfant naîtroit, & qu'alors le feroit le renouvellement de

GY

Eglog 4.

la grande & myfterieufe Année de Platoir, que le temps heureux de Saturne & d'Aftrée reviendroit au Monde, & que tout feroit dans le calme, & jouiroit d'une profonde paix

Ultima Cumai venit jam carminis ætas. Pellio Magnus ab integro fæclorum nafcitur ordo qüe l Jam redit & virgo; redeunt Saturnia regna ;. Jam nova progenies Calo demittitur alto. Tu modo nafcenti Puero, quo ferrea primum Definet, ac toto furget gens aurea Mundò, Cafta fave, Lucina: Tuus jam regnat Apollo.. Teque adeo, decus hoc ævi, Te confule inibit Pollio, & incipient magni procedere menfes. Te duce, fi qua manent fceleris veftigia noftii, Irrita perpetuâ folvent formidine Terras. Ile Deûm vitam accipiet, Divifque videbit Permiftos heroas, & ipfe videbitur illis Pacatumque regit patriis virtutibus orbem.

Il n'eft pas poffible de mieux caracterifer le Myftere de l'Incarnation & de la Naif fance de J. C. ni d'en mieux marquer le temps: Et nous avons une obligation immortelle à Virgile, de nous avoir confervé les Vers de la Sibylle, de nous avoir avertî que c'etoit fous le regne d'Augufte, qu'ils devoient s'accomplir, & que devoit arriver le renouvellement general de l'Univers, la grande Année de Platon, lé regne de

9.24.

la Juftice, la fin du peché, la délivrance du genre Humain, & l'abondance de la Paix Car c'eft avec ces mêmes traits que David & Daniel ont prédit la Naillance de J. C. Orietur in diebus ejus fuftitia es 17. &abundantia pacis... Tempus eft, ut finem 7. Dan. accipiat peccatum, & deleantur iniquitas &adducatur Juftitia fempiterna, & ungatur Sanctus Sanctorum. Auffi S. Augustin n'a fait aucune difficulté de dire, que comme Balaam, & Caïphe, & ce Poëte Prophete des Cretois, dont parle S. Paul, & les amis de Job qui vinrent le vifiter fur fon fumier n'ont pas laille, quoiqu'Idolâtres, de prophetifer par une infpiration fecrette de Dieu, qui fe fert des méchans pour faire le bien; auffi nôtre Poëte Virgile, fans connoître JC, l'avoit prédit par un mouvement du Aug. in Ciel. Il cite fouvent ces Vers avec admira- 12. tion, auffibien que S. Jerôme.

Epift

Hieron.

Epift. ad

in Bibl.

Ce que Virgile dit, que Selenus chantoit Paulin. Hiftoire de la Femme, qui fut tentée. par la vue d'une pomme du jardin des Hefperides, a un rapport bien reflemblant à celui d'Eve, qui fut tentée par une pomme. du Paradis Terreftre:

Tum canit Hefperidûm miratam mala Puellam. Egiog.6.

quæ eft

Nos premiers Peres étoient Pasteurs & Silenus. paffoient leur vie à la campagne, & dans les bois & les montagnes, avec leurs troupeaux.

Serm.

qu'ils font une des fept playes de l'Egypte reprefentées par cette multitude de grenouilles, qui incommodoient par leurs cris importuns le Peuple de Dieu qui y demeuroit: Aug. Quòd verò in fecunda plagâ multitudo ra$7. de narum, intelliguntur in eis carmina PoëtaTemp. rum, que nullis unquam prodeffe potuerunt. Cela eft bien contraire à ce qu'il nous a dit ci-deffus. Auffi c'eft ce qui me fait croire, que ce n'eft pas de Virgile, mais bien d'Hor mere & de fes femblables, qu'il a voulu parler: Car en effet, au lieu que Virgile parle toûjours des Dieux d'une maniere noble, & capable de leur attirer du refpect & une veneration religieufe, Homere en parle toujous comme de poliffons, qui fe battent comme des chiens, qui s'enivrent comme des cochons, qui rient de bagatelles comme des fous, à ventre déboutonné, qui fe raillent & fe brocardent enfemble par des plaifanteries de crocheteurs, qui fe difent des injures groffieres comme des harangeres, qui font pleins de vices infimes, & char-gez de crimes, comme la roue, & le gibet. En voici des preuves & des exemples.

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Vulcain boiteux, & fort laid, fe prefente devant les Dieux. Ils éclatent tous de rire en voyant la figure grotefque de ce Perfonnage: Et ce ne fut pas pendant quelquesjours feulement qu'ils en rirent. Homere dit que ce rire dura toujours ne pût jamais finir, & qu'il fut éternel.:

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