de penitence de nos fautes paffées ? Les parjures de nos Ancêtres & de la Ville de Troye, dont nous tirons nôtre origine, “ n'ont-ils pas été affez bien lavez & expiez " par le fang de tant de braves Citoyens que << nous avons perdu à Pharfale, & par l'en- .. levement de Jule Cefar que vous avez en- < vié à la Terre, & que vous avez voulu << placer au Ciel avec vous ? Di patrii indigetes, & Romule, Veftaque mater, Georg. 1. Jampridem nobis cæli Te regia, Cæfar, Alexandre voyant le tombeau d'Achille, s'écria: O jeune homme que tu és heureux d'avoir en pour ton panegyrifte un auffi grand Poëte qu'étoit Homere! c'eft à luy que tu és redevable de ta gloire & de l'immortalité ! mais on peut affurer hardiment que les éloges que Virgile a faits d'Augufte, & qu'il a adroitement coulez dans toutes fes Poëfies, font incomparablement plus d'honneur à la memoire de l'Empereur des Romains, que ceux d'Homere n'en font au Roy des Myrmidons. Celui-ci nous re prefente toûjours fon Heros en furear, tantôt difant des injures de crocheteur au Iliad. lib. Roy Agamemnon, & l'appellant ivrogne chien, οινο Βαρές : κυνὸς ἔμματ ̓ ἔχων, tantot refufant brutalement à Hector mourant, & tombant fous les coups, la feule grace qu'il luy demandoit, de permettre qu'on enterrât fon corps: tantôt en luy faifant donner par fes foldats mille coups aprés fa mort, & fouffrant qu'en fa prefence fes gens, comme des bêtes feroces, déchiraffent en mille pieces le corps de ce grand Prince (ce qui Iliad. lib. eft de la derniere inhumanité) x &Theαoxe aas. Cela juftific merveilleufement le Spondan. reproche qu'Hector luy avoit fait d'avoir pag. 389. une ame de fer & de bronze, ool ye sidinge☺ Iliad. lib. vote cúμos. Auffi Patrocle l'intime ami 22. fub d'Achille, qui le connoiffoit mieux que x. Homer. fin. Ibid. Iliad. lib. 16. perfonne, l'appelle cruel barbare, & dit qu'on avoit raifon de dire que Tethis étoit fa mere, parce qu'en effet un homme auffi cruel que luy ne pouvoit être né que de la Mer, ou de quelque rocher de la Mer. Ailleurs Homere dépeint le même Achille pleurant comme un enfant, de ce que le Roy Agamemnon luy avoit enlevé une belle efclave, nommée Brifeis, qu'il Iliad. lib.a voit prife à Lyrneffe à la guerre de Thebes. 1. Verf. Au lieu de fe la faire rendre par force, & de l'arracher l'épée à la main d'entre les bras, d'Agamemnon, il fe dépite, & s'évapore сп en injures contre luy comme une femme, quitte le fervice de la guerre, & prend deffein de s'en retourner chez luy pour ce fujet: tout cela ne donne pas une grande idée du Heros. Enfin il faut convenir que c'est un fort petit theatre de gloire que celuy du fiege d'une feule Ville, qui refifte dix ans durant; & que c'eft acquerir la qualité de Heros à bon marché, que de n'y faire autre exploit de guerre & de valeur, que celuy de tuer un feul homme diftingué, à fçavoir Hector, pendant les dix années que dura la guerre. Ah! que ce n'eft pas ainfi que Virgile louë Auguste : ce : ce n'eft pas à de fi petits exploits qu'il borne la gloire du grand Prince, à qui il veut faire fa cour. Il luy fait étendre les conquêtes jufqu'aux extrémitez de la Terre: il fait vaincre tous les Peuples de l'Aurore, de la Mer-Rouge, de l'Egypte, des Indes, de la Perfe, & de l'Afrique : il luy fait foudroyer l'Euphrate, mettre en déroute toutes les Armées de l'Orient, & diffiper la Flote redoutable de Marc-Antoine & de Cleopatre, avec toutes les richeffes de l'Afrique & du Midi : Il éleve fes exploits audeflus de ceux d'Hercule & de Bicchus, & décrit amplement & en termes pompeux & magnifiques, les victoires qu'il gagna dans toutes les parties de l'Univers. B »J'écrivois ceci, (dit Virgile en finiffant » le quatrième Livre de fes Georgiques) lorf que nôtre incomparable Prince, le grand Augufte Cefar, étoit occupé à réduire les Peuples de l'Alfyrie & de la Bactriane fous » fon obéissance, & lorsqu'il fe foûmettoit » fes ennemis, encore plus par les charmes de » fa douceur & de fa moderation, que par la force toute puiffante de fes armes. Georg. lib. 2. Hæc fuper arvorum cultu, pecorumque canebam L'Italie (dit-il en un autre endroit ) eft la region de tout l'Univers qui a porté de plus grands hommes. C'est là que font nez & que fe font formez les Camilles, les Decius, les Scipions, & les Marius. C'eft en ce Païs-là, pour tout dire, que vous êtes né auffi, ô grand Augufte, vous qui ayant porté depuis peu vos armes victorieufes jufqu'aux extrémitez du Levant, avez trouvé feul le fecret, & avez eu feul le pouvoir d'empêcher que les Indiens ne vinffent faire des courfes fur nos Terres, & interrompre le commerce de nos Alliez. Hæc Decios, Marios,magnofque Camillos Scipiadas duros bello, & Te maxime Cæfar, Qui nunc extremis Afiæ jam victor in oris Imbellem avertis Romanis arcibus Indum, . Voici comme il fait parler ailleurs un O Melibae, Deus nobis hæc otia fecit, Tourne les yeux de côté ci, mon fils, « dit Anchife dans les Enfers, à fon fils Enée, " je vais te faire voir l'ornement & les déli ces de ta Race future, le grand Augufte Co Egleg. ti |