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§. LXXIII.

IERRE Caftellan Evêque de Mâcón, & grand Aumônier de France fous François I, fit l'Oraifon Funebre de ce Roy, & après avoir fort vanté fes vertus, il affura, Qu'il y avoit tout lieu de croire qu'il étoit au Ciel, fans avoir passé par le Purgatoire, on tout au moins fans s'y être arrêté longtemps. Les Docteurs de Sor-, bonne qui en vouloient depuis longtemps à Caftellan, parcequ'il avoit protegé contre eux Robert Etienne, & qu'il fçavoit le Grec & l'Hebreu, (ce qui fuffifoit en ce temps là pour rendre un Homme fufpect de Lutheranisme,) députérent auffitôt des membres de leurs corps vers Henri II, pour fe plaindre à luy de ce que Caftellan avoit prêché, & qu'on voyoit bien que cet Evêque étoit Lutherien, & ne croyoit point au Purgatoire. Jean Mendoze, qui favorifoit en tout ce qu'il pouvoit les Novateurs, Treforier des Menus, ami du Prélat, alla audevant des Docteurs dans l'antichambre. du Roy, & leur dit: Je fçay, Meffieurs Thuan quelle eft l'affaire qui vous amene ici: e'eft 3.ad ana pour vous plaindre de ce que Monfieur de 1547 Mâcon a dit que l'ame de notre bon Roy défunt n'avoit pas paffé par le Purgatoire, ou tout au moins qu'elle ne s'y étoit pas arrêtélongtemps. Ma foy, je crois que le Pré

N

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Hift. lib.

dicateur a raifon je connoiffois mieux que perfonne le Roy François, & je fçay bien qu'en fa vie il n'a pu s'arrêter longtemps en un même lien: Ainfi s'il a été en Purgasoire, je fuis für qu'il n'a fait qu'y boire un coup &a paffé outre. Ce difcours, quoiqu'impie & boufon, ne laiffa pas de faire rire tout ie Monde. Et les Docteurs voyant que les rieurs n'étoient pas pour eux, & que Caftellan avoit plus d'amis qu'eux en Cour, prirent le parti de fe retirer avec leur courte honte, & leur fourrure fous le bras, fans attendre l'Audience du Roy, qui en rit comme les autres, quand on luy conta la chofe. Cependant il y eut un de ces Docteurs qui cria tout hauten fe retirant en " colere: Il est bien honteux que les Payen's "-mêmes foient meilleurs Catholiques que

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nos Evêques. Ce Parpaillot Caftellan dit "que l'Ame du Roy François n'a été qu'un "moment en Purgatoire, & Virgile Payen ›› dit que les plus faintes ames y font mille

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Donec longa dies, perfecto temporis orbe,
Concretam exemit labem.

§. LXXIV.

ACQUES d'Alegre, Bifayeul Paternel du Marquis d'Alegre d'aujourd'hui, Lieutenant General d'Armée, & qui en com

mande une maintenant fur la Mofelle, fut Ambaffadeur à Rome l'an 1548 fous Henri II, auprés du Pape Paul III, au fujet de la Tranflation du Concile à Boulogne. Comme il étoit Fils du fameux Ive d'Alegre, qui faillit à prendre prifonnier le Pape Jule II, à la Bataille de Ravenne, que ce Pape perdit l'an4512,on le questionna fort fur les particularitez de cette action. Il dit tout ce qu'il en avoit oui dire à son Pere, & en rendit bon compte. Mais lorsque le Pape Paul III, voulut luy dire d'un air moqueur que fon Pere auroit été bien fier de prendre un Pape prifonnier, & de gagner la victoire fur luy; & qu'il l'auroit bien maltraité s'il l'avoit tenu entre fes pates. pour venger fon Roy, d'Alegre luy répondit avec Virgile,

-Nullum memorabile nomen Fœmineâ in pœna eft, nec habet victoria laudem. La vertu ne gift pas à battre Femme, on Prêtre.

FE

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Eu Monfieur de Bartilhat étoit un grand Homme de bien & de probité. Il avoit été Garde du Threfor du Roy pendant plufieurs années; mais de tout ce prodigieux amas d'or & d'argent qu'il avoit eu fous fa garde, il n'en détourna jamais un

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tefton à fon profit. Il fortit de fa Charge plus pauvre qu'il n'y étoit entré, en forte que n'ayant qu'un Fils unique, qui par fon mérité & fes fervices s'eft élevé à la dignité de Lieutenant General des Camps & Armées du Roy, il ne fe trouva point en état, comme il me l'a dit luy-même quelques années avant fa mort, de luy pouvoir donner un équipage. It étoit dans le deffein de fe retirer en Province dans une petite Maifon paternelle affez propre, prés de Montluffon, lieu de fon origine, & de n'y fonger plus qu'à fon falut. Je luy confeillai, de faire mettre fur la cheminée de la grande Chambre, où il vouloit recevoir les Etrangers qui le viendroient voir, ce Vers de Virgile,

En. lib. Difce hofpes contemnere opes, & Te quoque

dignum

Finge Deo.

Toy, qui que tu fois, qui viendras dans ce lien.

Par le mépris des biens rends toy digne de

Dien.

§. LXXVI.

E Roy François I. fit alliance avec le Roy de Tunis, Hariadene Barberouffe, & avec le grand Seigneur Soliman, contre 'Empereur Charles V. aprós avoir fait

E

tous fes efforts pour gagner l'amitié du
Pape Paul III. qui le trompa, & qui avoit
fait une Ligue fecrette contre luy avec l'Em-
pereur. Ce Pape, ou plutôt Octave Farnefe
fon Petit-fils, voulut un jour s'en plaindre
à Dufraine Evêque de Bayonne, lorfqu'il
étoit en Allemagne Ambaffadeur de Fran-
ce. Celui-ci luy dit ce Vers de Virgile,

Dubitem haut equidem implorare quod An. lib.
ufquam eft ?

Flectere fi nequeo fuperos Acheronta movebo.
Sur le refus du Ciel, je m'adresse aux

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I Ln'eft pas vray que la Maison d' Aligre
foit la premiere depuis l'établissement de
la Monarchie, où le Pere & le Fils ayent
été Chanceliers de France. Ceux qui ont
dreflé les Lettres Patentes du dernier Chan-
celier d'Aligre, fe font trompez, quand ils
y ont avancé ce fait, & qu'ils ont fait
dire au Roy, qu'il vouloit mettre dans la
familie du Sieur d'Aligre un Titre d'hon-
neur & de diftinction, dont il n'y avoit aucun
exemple, fous aucune des trois Races de nos
Rois: Car, fans recourir aux exemples de
la premiere & feconde Race, il y en a plu-
fieurs dans la troifiéme, étant certain que
Meffieurs Alegrin, de Flotte, & de Marle,

7.

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