l'y avoit reprefentée d'une maniere fenfi- " Hæc inter tumidi latè maris ibat imago Diis, Stans celsâ in puppi. Hinc ope barbaricâ, variifque ANTONIUS armis Victor ab Auroraæ populis & littore Rubro, Ægyptum, virelque Orientis & ultima secum Bactra vehit,fequiturque,nefas Ægyptia conjuxRegina in mediis patrio vocat agmina fiftro, Necdum etiam geminos à tergo refpicit angues, Omnigenûmque Deûm monftra & Latrator Anubis Contra Neptunum, & Venerem, contraque Mi En.lib. 8. in fin. Tela tenent: fævit medio in certamine Mavors. Actius hæc cernens arcum intendebat Apollo Defuper omnis co terroræ Ægyptus & Indi, : Omnis Arabs, omnes vertebant terga Sabæi. Vela dare,& laxos jam, jamque immittere funes Je voudrois bien qu'on me fit voir dans Homere quelque chofe, ( je ne dis pas de femblable & d'égal,) mais même d'approchant de cette defcription; quoique ce foit dans les defcriptions qu'Homere excelle principalement. Il y a des beautez & des fincffes inimitables & incomparables dans tous ces vers, que les feuls Maîtres dans l'art. de la Poëfie Latine peuvent comprendre & fentir. Mais tout cela n'eft rien au prix de la peinture & de la reprefentation qu'il fait immédiatement aprés, de l'Entrée triomphance d'Augufte dans la Ville de Rome, lorfqu'il eut gagné les tro's fameufes Batailles qui luy affurerent la Couronne, & mirent fin à toutes les guerres qui agitoient depuis longtemps l'Univers. Les réjouis fances & les fêtes que fit le Peuple Romain, & les actions de graces qu'ils rendirent aux Dieux, y font décrites avec une grace & une élegance fi grande, que plus on a defprit, plus on cft charmé de la beauté de cette defcription. Vulcain, dit-il, avoit representé sur ee Bouclier l'Empereur Augufte, entrant en triomphe dans Rome, & offrant des facrifices d'actions de grace aux Dieux Tu- " telaires. Toute cette grande Ville étoit en joie, en fêtes, en jeux, & en divertiffemens, ou bien en prieres pour remercier les Dieux. On voyoit trois cens Temples ouverts, où " une foule innombrable de Peuples de tout âge & de tout fexe, alloit offrir des vœux & immoloit des victimes à leurs Liberateurs. Augufte recevoit leurs complimens & leurs prefens avec un air de bonté, de " majefté & de reconnoiffance, qui charmoït " tout le monde, pendant qu'il traînoit aprés fon Char de triomphe une infinité de Prin- " ces, de Rois & de Generaux d'armée, de " toutes fortes de Nations, qu'il avoit vaincus." Les Mores & les Numidicns, les Sarmates " & les Gelons, y étoient avec leurs fléches " qu'ils tiroient en courant. L'Euphrate & le " Rhein y paroiffoient enchaîncz & gémiffans, auffibien que l'Araxe qui avoit rom- " pu fon pont, ne pouvant contenir fes eaux ‹‹ dans fon canal ordinaire, tant elles étoient " groffies par le fang des Medes, des Parthes, ,, des Affyriens & Armeniens, qui avoient été ,, tuez fur fes bords par l'Armée d'Augufte. Les Daces & les Tartares, & les Peuples qui font fur les côtes d'Angleterre & de la Mer Baltique, les Belges & les Morins, que ,, nous regardons comme les plus reculez de tous les Hommes, luy rendoient hommage comme à leur vainqueur. دو وو An. lib. At Cæfar triplici invectus Romana triumpho aræ. Ante aras terram cæfi ftravere juvenci. Hic Lelégas, Carafque, fagitiferofque Gelonos cornis, Indomitique Dacæ & pontem indignatus Araxes. Mais comme rien ne pouvoit fi fort flater les grands Seigneurs de Rome, que d'être crûs defcendus de ces anciens Heros, qui avoient été les compagnons d'Enée, & les fondateurs de fa nouvelle Monarchie en Italie, Virgile ne perd aucune occafion d'infinuer l'origine des plus grandes Maifons des Senateurs, & il le fait d'une maniere incomparablement plus adroite, plus ingenieufe & plus agreable que ne fait Homere: Car, au lieu que celui-ci fait toujours faire à fes Heros leur propre genealogie, & leur fait vanter à eux mêmes leurs propres Ancêtres; Virgile au contraire, fait luy-même la genealogie de fes Heros ; &c au lieu que ceux d'Homere font la leur dans le temps qu'ils fe battent contre l'ennemi, à qui.ils racontent toûjours fort au long & d'une maniere tres ennuyeuse, la Nobleffe & les proüeffes de leur ayeux par la plus fotte de toutes les vanitez; Virgile au contraire, prend toûjours occafion de quelques belles actions des Lieutenans Generaux & autres Officiers de l'Armée d'Enée, de dire, que c'eft d'eux, que tel & tel Seigneur de Rome eft defcendu de pere en fils, & de mâle en mâle. Jule Cefar, dit-il, eft defcendu de Jule fils d'Enée : Julius à magno demiffum nomen Julo. Le Colonel " Claufus conduifoit l'avant-garde, dit il " ailleurs ; & c'eft. de luy que la Maifon des « Claudius tire fa fource; comme lui de fon " côté la tiroit des anciens Rois des Sabins " A |