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Hine exauditi gemitus, & fæva fonare Verbera, tum ftridor ferri, tractæque catena.

Monia quæ flammis ambit torrentibus amnis Tartareus Phlegeton.

Devenere locos lætos, & amœna vireta Fortunarorum nemorum, fedesque Beatas: Largior hîc campos æther, & lumine vestit Purpureo; folemque fuum fua fydera norunt.

Plus éclairé que les Mahometans & kes Juifs, qui font confifter la felicité des Juftes de l'autre vie dans les plaifirs fenfue's, & à faire bonne chere: Virgile au contraire, la fait confifter à voir la Verité, & à entendre les oracles qu'elle prononce, & qu'il met à la bouche de Caton, comme étant le plus fage de tous les Hommes, & le plus digne organe par lequel la Verité pât le faire entendre à l'afferablée des Juftes.

Secretofque pios: his dantem jura Catonem.

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Canditus infuetum miratur limen Olympi, Sub pedibufque videt nubes, & fydera Daphnis.

Plus éclairé & plus approchant du Chrif tianifme que les Sociniens, qui croyent que les peines des Damnez finiront, & que l'enfer, ni les tourmens qu'on y fouffre, ne feront pas éternels, il reconnoît avec le Prophete Ifaie, un ver rongeur qui ne

Ib. verf.

565.

Ib. verf.

$49.

Verf

648 & Leqq.

An. lib. 8. fub fine Ecl. 5.

mourra jamais, & un feu devorant d'une
fynderefe éternelle, qui les brûlera & les
bourellera fans fin. Il reconnoît avec Ho-
mere un Titye, à qui un Vautour impor-
tun ne ceffera jamais de déchirer les en-
trailles toûjours renaiffantes & fecondes
en fouffrances: (cet endroit eft copié mot à
mot d'Homere.) Il reconnoît un Catilina
toûjours menacé de nouvelles peines, toû-
jours fouetté par les Furies.

An. lib. Necnon & Tityon terræ omnipotentis alumnum
Cernere erat, per tota novem cu jugera corpus
Porrigitur, roftroque immanis vultur obunco
Immortale jecur tondens fœcundaque pœn's
Vifcera, rimaturque epulas, habitatque fub alto
Pectore, nec fibris requies datur ulla renatis.
En lib. Et fcelerum pœnas, & Te Catilina minaci
Pendentem Scopulo, Furiarumque ora tremen-

$.fub fin.

tem.

Plus éclairé encore que ces déteftables Heretiques fur la Nature de Dieu, il en établit d'une maniere tres belle & tres éloVide quente la fpiritualité, en l'appellant Mens Crell. de Spiritus. Il en reconnoît auffi l'immensité de im- & la Pantacouffie, ou la prefence en tous

Deo cap.

mens.

Dei.

lieux, que les Sociniens ont la fureur de nier. Il foûtient avec ce Poëte anonyme, dont parle Saint Paul dans les Actes, que toutes chofes font muës, vivantes & refpi

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28.

Jerem.

23.24.

rantes par luy & en luy, c'ett-à-dire, que Aa. 17. c'eft en luy & de luy que nous recevons le mouvement, la refpiration & la vie : qu'il eft tout en tous qu'il eft dans toutes les parties de la malle de l'Univers: Qu'il remplit le Ciel & la Terre, comme dit le Prophete qu'il eft à l'égard de ce grand corps du Monde, ce qu'eft nôtre Ame, ou P'Etre Penfant à l'égard de nôtre corps: qu'il en dirige tous les mouvemens par fa volonté, & qu'il en regle tous les refforts: & que comme il n'y a point de partie dans le corps, quelqu'éloignée qu'elle foit de la tête, où eft la principale réfidence de l'Ame, qu'elle n'anime, & à laquelle elle ne foit prefente, parcequ'elle aperçoit, & fent tout ce qui s'y palle, & que cette partie reçoit la figure & les impreffions que l'Ame veut luy donner, fans que la Nature de P'Ame fe confonde avec celle de la Matiere, & qu'elle devienne une même fubstance avec le corps. Auffi Virgile dit, qu'il n'y a point de partie fi éloignée du Ciel, où eft la principale réfidence de Dicu, que ce grand Dieu n'anime & ne vivifie : qu'il eft dans le Soleil, dans la Lune, dans les Aftres, dans les plus profonds abîmes de la Terre, de la Mer, & de l'air; parcequ'il y opere & y agit, comme principe de toutes chofes: & que c'eft de cette maniere qu'il eft auffi dans tous les animaux qui respirent

C

dans l'air, fur la Terre, ou dans la Mer; parcequ'il y produit la chaleur & la vie par fa volonté toûjours efficace, & que tout luy obéit, & luy eft foûmis, & execute fes ordres avec tant de promtitude, qu'on a de la peine à diftinguer quelque intervalle entre le commandement & l'execution: qu'il eft dégagé de la Matiere, quoiqu'il foit mêlé dans la Matiere: & que ce grand corps de la Nature, fous lequel il eft caché, bien loin de l'appefantir & de le dégrader, comme nôtre Corps appefantit & dégrade nôtre Ame, eft au contraire un habillement qui luy fert d'ornement, parcequ'il est dégagé de la Matiere, & qu'il luy donne telle impreffion & telle forme qu'il veut. C'est te fens de ces admirables Vers-ci.

En. bib. Principio cælum, ac terras, campofque liquentes Lucentemque globum Lure, Titaniaque aftra Spiritus intus alit, totamque, infufa per artus, Mens agitat molem, & magno fe corpore mifcet.. Inde hominum, pecudumque genus, vitæque volantûm,

E quæ marmoreo fert monftra fub æquors

Pontus,

Igneus eft ollis vigor & cæleftis origo.

§. 11.

N me dira fans doute, que c'eft mal Ο à propos & fans fondement, que je fuppofe que Virgile dans ces Vers-ci a éta

bli & enfeigné par anticipation les fentimens que S. Auguftin & Defcartes ont eu depuis fur la Nature de Dieu & fur celle de l'Ame, & qui font les feuls Auteurs qui ayent eu de juftes idées de leur fpiritualité, & les feuls qui ayent fait le difcernement de l'Esprit & de la Matiere, & qui n'ayent pas confondu l'une avec l'autre, au leu que peutêtre Virgile n'a eu autre intention dans cet endroit-ci, que de reprefenter le fentiment des anciens Pytagoriciens qui confondoient Dieu avec la Nature, & qui le croyoient épars & répandu dans toute la malle de PUnivers, de la même maniere qu'ils croyoient que l'Ame eft éparfe & répandue dans le Corps, & qu'elle le vivifie de fa propre chaleur, comme une modification & une qualité habituelle, &TEXÉXELα Vide wμats, & enfin qui fe figuroient que Dicu ade Aniétoit tellement mêlé & confondu avec la mal. malle de tout l'Univers, que de luy & de la Matiere generale il en réfultoit un animal, comme ils fe figuroient que la Subtance qui penfe dans l'Homme & le Corps, auquel elle eft unie, ne font qu'une même fubftance & un même compofé en fe mê- Arift. lb. lant l'une avec l'autre : Et qu'à l'égard de rat. Anice qu'ajoûte Virgile, que l'Efprit eft une mal & portion de Dieu, & une parcelle de la Di- lib. 1. vinité; il n'avoit voulu dire autre chofe phy & que ce qu'enfeigne Ariftote; à fçavoir, Anima

Arift.lib.

de Gene

Meta

i & i. ds

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