Homere & fur Virgile, dont les Vers font toûjours à la bouche des demi fçavans, & que tout le Monde fe pique d'avoir lû & de fçavoir par cœur, je pouvois defabuser le Public de tant de faux préjugez dont il eft plein, luy fournir un antidote contre les erreurs dont les Libertins, les Heretiques, & même plufieurs Catholiques, les empoifonnent ; & fi en traduifant en Vers François quelques-uns de ceux d'Homere, de Virgile, & de David, j'avois pû faire entrevoir le rapport qu'il y a entre la politeffe & les Sciences de Jerufalem, d'Athenes, de Rome & de Paris, les quatre plus celebres Academies qui ayent jamais été des Sciences Divines & Humaines.

Mais que quelque Proteftant ne s'avife pas ici de dire fur quelques

tournons,

Hiftoricttes & quelques railleries qu'il verra dans ce Livre faites par des Catholiques mêmes, que nous nous autres Catholiques, nôtre Religion en dérision. A Dieu ne plaife. Nous croyons le Dogme des Indulgences, mais nous condamnons l'abus qu'on en peut faire, & qu'on n'en fait que trop: Nous fçavons auffi que la plus grande partie des Souverains Pontifes ont édifié l'Eglife par leur fainteté & leur bonne vie; mais nous avoüons avec le Cardinal Baronius, qu'il y en a eu qui font scandalisée. Quel mal pourroit-il donc y avoir à le dire, puifque les Hiftoires en font foy? Cela ne préjudicie en rien à Peffentiel de nôtre Religion.

Au refte, je n'ay point fait de Table de correction des fautes fur

venues en l'Impreffion, parceque je n'y en ay remarqué aucune confiderable que celle qui est à la penultiéme ligne de la page 207, où ой il y a Charles IX. au lieu de François I, & celle qui eft à la page 462, ligne 25, où l'on a obmis ces motsci, fur le fait des Idées, aprés celui d'Efprit. Je ne crois pas qu'il faille mettre au nombre des fautes de ce qu'en la page 289, j'ay appellé Pierre Caftellan Evêque de Macon, celui qu'on appelloit de fon temps Pierre Châtelain, Evêque d'Orleans: Car ce dernier Evêché ne luy fut donné qu'aprés l'action que jen raconte. Et comme l'on ne connoît guére ce Prélat que par fes Ouvrages Latins & par M de Thou, qui l'ap pellent toûjours Caftellanus ; j'ay crû devoir luy conferver ce nom. J'en ay ufé autrement toutes les

fois que j'ay parlé du premier Prefident Gilles le Maître, à qui Monfieur de Thou* donne la qualité d'Homme de grand Efprit, Magno acri ingenio Hominem: Je l'ay appellé du nom que porte aujourd'hui dans le Monde fon illuftre Famille & Pofterité, quoique je n'ignore pas que fon Pere & Ayeul fignoient Magiftri, & qu'on ne l'appelloit point à Paris autrement Magiftri,comme l'on peut voir dans un Auteur qui luy étoit Contemporain, & qui a écrit l'Hiftoire Eccle fiaftique des Prétendus Réformez. Ce fut ce qui donna occasion au Cardinal de Lorraine de luy faire une application malicieuse d'un Vers de Virgile, qui fit rire le Roy François II. Le Parlement vouloit faire ôter la Tutele de ce Prince, & la

Thuan. 1. 15. tom. I. p. 683.

Regence du Royaume à ce Cardinal & à fon Frere le Duc de Guife, pour se l'attribuer à luy-même, ou aux Princes du Sang. Il vint en Corps, ayant fon premier Prefident Magiftrià la tête, pour voir le Roy exprés fur ce fujet. D'auffi loin que François II. qui étoit à la fenêtre vit venir le Parlement, il dit au Cardinal: Mon Oncle, qu'est-ce que ces Robes longues qui viennent au Louvre ? Le Cardinal chagrin de cette Visite, luy répondit par ce Vers de Virgile que le jeune Roy étudioit actuellement,

Pécus omne Magiftri: Georg. l. 3.0.475. C'est le Troupeau de Magiftri,

Que Diable vient-il faire ici?