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à prix,feu Monfieur le Prince de Conti,déclaré Général du Parlement, les Ducs d'Elbeuf & de Bouillon, & le Maréchal de la Mothe-Houdancourt, tous trois grands ennemis du Cardinal. Et puis il ajoute, que les Ducs de Longueville & de Beaufort groffirent le parti,& que prefque tous les Parlemens s'y joignirent. Ils font tous bien obligez à ce Noble Venitien de la comparaison avec les Anglois.

Au livre 9.il dit,que le Roi répondit à une lettre du Sacré College avec de fi aigres invectives contre le Pape Alexandre V II. que cette reponfe parut indecente & pour l'un & pour l'autre. Et comment la Seigneurie de Venife en a-t-elle ufé dans fes differends avec les Papes?Outre qu'il n'y a point de comparaison entre un Roi de France (particulierement un comme celui qu'il cenfure) & une République,quelque grande qu'elle foit.

Au refte, le portrait que M.

Nani fait d'Alexandre VII. peut faire juger des sujets que les Princes Chrêtiens avoient de se plaindre de fon Pontificat. Il le com

rez,

*

2. livre

mença, dit-il, par des ordres * Tome precis à tous fes parens de fe te-3. nir éloignez de Rome,& par des Brefs adreffez à tous les Princes, pour les inviter à la paix,par des audiences publiques,par la lecture des Vies des Papes faints; par l'expofition d'un cercueil dans fa chambre;enfin,par des œuvres & des paroles dignes de l'éternité. Mais les Coloffes, qui font adon'ont quelquefois que des piez d'argile, & il s'eft vû fouvent, furtout dans les Principautez électives,que les gens montez de la vie privée au Trône ne tardent guere à reprendre leurs vieilles habitudes.C'eft ainfi qu' Alexandre,bientôt laffé de voler fi haut,& féduit par des confeils intereffez, commença de croire que fon interêt particulier étoit compatible avec le bien-public; enforte que fe laissant aller

10.

fa

au luxe & à la fole paffion de bâtir,il fembloit n'avoir pour objet de fon Gouvernement,que famille, & les murailles de Rome. Et dans un autre endroit il * Livre parle ainfi de fa mort.* Dans le cours de fa vie, il avoit donné à connoître, combien les vertus des Particuliers font differentes de celles des Princes. Car tandis qu'il fut fimple Prélat,il fe montra fi propre au manîment des affaires,fi apliqué à son devoir,& si détaché des interêts de fa Maifon, que chacun fe le figuroit pour un fujet de qui l'on pouvoit faire un très-bon Pape. Dès qu'il fut devenu Cardinal, il tint un fage milieu entre les défauts blâmez dans la perfonne d'Innocent X. & les conditions, qu'il favoit qu'on demandoit en celui qui devoit être fon Succeffeur. Mais quand il fut parvenu au Pontificat, foit qu'il fût déja las de se contraindre,ou que fes flateurs le trompaffent fous le mafque d'une fauffe pieté,il se jetta fi fort dans

l'oifiveté & dans la vanité des bâtimens,qu'il ne fe mit plus en pei-. ne ni des befoins des Princes, ni de la mifere des peuples. Si bien qu'à force d'enrichir fes Neveux, & d'élever inutilement de fuperbes édifices, à l'imitation des anciens Monumens, il appauvrit l'Etat Ecclefiaftique. C'est-pourquoi il mourut fort haï du peuple, qui fit plufieurs insultes à la Maison de fon frere, & point estimé des Princes, à qui fa maniere de gouverner avoit été très-defagreable.

Je crois inutile de justifier ici les faits que je raporte dans mon Hiftoire.Les Auteurs,que je cite à la marge, font mes garans, & particulierement André Moccenigue, & André Morofin, tous deux Nobles Venitiens, & Sénateurs illuftres. Et fi les Venitiens veulent bien fe donner la peine de feuilleter les vieilles Croniques M. S. qui font dans leur Biblioteque de S. Marc, ils trouveront que j'y ai puisé ce qui

les offense davantage dans mon Hiftoire.

Il y a une Relation imprimée de l'Ambaffade Extraordinaire de M. Nani en France, où il parle ainfi du Roiaume:

Vi hò in contrato inefplicabili calamità, & i popoli erano indotti ad una infeliciffima forte, di pagare molto più di quello ritrarre potevano dalla cultura de' terreni, e dalle continuate fatiche, non reftandoli altro di libero che' l' foffiato, perche l'aria è il più gratuito elemento della Natura, fopra'l quale l'humana inventione e fottigliezza non per anche bà faputo rinvenir dominio, leggi, ed impofte. Ce qui en bon langage veut dire, que le Roi tiranife fes Sujets, & mettroit des impôts jusques fur l'air & le Soleil, s'il le pouvoit. Qui eft la maxime ordinaire des Républiquains, pour décrier le Gouverment des Rois, & par ces impoftures rendre le leur plus tolerable à des Sujets qui gemiffent fous un peuple de Tirans.

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