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fi ce Magistrat étoit-il inftitué en partie pour prendre foin des orphelins, qui restoient fans tuteurs, régler les Succeffions de ceux qui mouroient fans tefter, & fans enfans; faire executer fidéllement les teftamens des autres ; & enfin entretenir le bon ordre & le repos dans les familles.

Ce fut à l'occafion de ce pouvoir, que tous les Procurateurs furent excommuniez par les deux Nonces (o) que le Pape Jean XXII. envoia exprès à Venise, en l'an mille trois cens vingt-deux, pour ramaffer tous les deniers laiffez à la Chambre Apoftolique par les Marchands qui avoient négocié en Levant, d'autant que ces Seigneurs étoient exécuteurs de la plupart de ces Teftamens, qu'ils refufoient de remettre à ces Prélats, afin de conferver aux enfans des biens que leurs Peres n'avoient abandonnez au Pape, que par l'apréhenfion d'être damnez, s'ils ne reftituoient, comme on leur difoit, autant que montoit le capital de toutes les marchandifes, qu'ils avoient portées durant leur vie au Levant. Car les Moines, & les autres (p) Eccléfiaftiques, jettoient ces fcrupules dans les conf ciences des moribonds; à qui ils faifoient accroire que fans cela ils n'étoient pas en état de recevoir l'abfolution, Encore faloit - il que cette reftitution fût au profit du Pape,. conformément à la Bulle de Clément V. de 13:07. Ce qui alloit manifeftement à la def

(o) Ardenaro Largo & Falcone Ceftaria.
(P) Trat. dell'Inquifit, di Vendi. Frà Paolo,

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truction des Familles, & à la ruine du Commerce de Venise, fi le Sénat eût négligé plus long-tems un fi grand mal.

Les Procurateurs ont encore aujourd'hui le même foin, avec la direction des aumônes publiques, qu'ils peuvent diftribuer à leur volonté, en les apliquant aux Hôpitaux, ou à la fubfiftance des Monaftérés qui ne font pas rentez; aux Pauvres-honteux, ou au payé ment des Créanciers de ceux qui font détenus prifonniers pour dettes; ou enfin au rachat des Sujets de la République devenus efclaves du Turc. En forte que ces Seigneurs font proprement les Peres communs de tous les malheureux.

Les Procurateurs ne font jamais envoiez Ambaffadeurs Ordinaires. En quoi la République reçoit un notable préjudice de cette quantité de Procurateurs faits par argent, qui pourroient fervir utilement la Patrie, & paroître avec éclat à la Cour des Princes, s'ils n'étoient pas revêtus d'une Robe qui les en difpenfe. Car le Sénat manquant affez fouvent de gens riches & puiffans, comme le font la plupart de ces Procurateurs, pour fournir aux Ambaffades auprès des Rois, il eft contraint d'y nommer des Nobles, qui pour n'être pas accommodez des biens de la fortune, fe ruinent entiérement s'ils font la dépenfe neceffaire, & deshonorent leur caractére, s'ils ne la font pas.

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Ils ont leurs Palais dans la Place-Saint-Marc, comme j'ai déja dit, mais d'autant qu'il n'y

a que pour en loger fix, les Procuraties-Vieilles n'étant plus habitées que par des Citadins, la République gratifie les autres d'une penfion de foixante fequins, ou ducats-d'or, jufques à ce qu'il y ait un lieu vacant, & chacun y vient à fon tour, tant le Procurateur par argent, que le Procurateur par mérite, fuivant l'ordre de leur reception. Ils ont encore leurs Chambres de Confeil à Saint-Marc, où ils s'affemblent d'ordinaire le Mardi, le Jeudi, & le Samedi. Et parce que la Bibliotheque eft proche de ces Chambres, ils en ont la direction avec la nomination des Chaires-Ducales, qui y font établies pour enfeigner publiquement la Philofophie, le Droit, & la Médecine. La premiére eft toûjours tenuë par un Noble, avec une penfion de cinqcens ducats; & de mon tems c'étoit le Séna→ teur Jean-Baptiste Contarin, qui la tenoit depuis l'année 1626. ou 1627. Les deux autres font remplies par des Citadins de Venife, qui font pareillement aux gages du Public.

L'Univerfité de Padoue eft toûjours fous la direction de deux Procurateurs,que l'on apelle Reformatori dello Studio di Padoa, & leur fonction eft à peu-près femblable à celle du Provifeur de Sorbonne. C'eft à ces Reformateurs de prendre connoiffance de tous les livres, qui s'impriment dans l'Etat, & d'avoir foin qu'ils ne foient point expofez en vente, que les Libraires n'ayent fourni les Exemplaires qui doivent être mis dans les Bibliothé ques publiques,

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