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troit d'une maniere non équivoque le defir que l'époux avoit de conferver fa vie. Saphira le quitta donc, & courut à l'hôtel du gouverneur pour obtenir la grace de fon mari. Rhynfault loua fes charmes, fe flatta d'avoir avec elle un commerce libre par la fuite, & lui dit avec une gaieté barbare,

allez à préfent retirer votre mari de la prison; -ne foyez pas cependant fâchée (ajouta ce monftre) fi j'ai pris des mefures pour l'empêcher de mettre obstacle par la fuite à nos rendez-vous. Ces dernieres paroles préfagerent à Saphira le trifte fort de fon mari: elle le trouva en effet mort dans fa prifon. Accablée de douleur elle s'échappa fecrettement de la ville & courut se jetter aux pieds du duc de Bourgogne, à qui elle préfenta un mémoire qui contenoit l'hiftoire de fes malheurs & de la barbarie de Rhynfault. Le prince manda fur le champ le gouverneur ; ce dernier étant arrivé fut confronté auffi-tôt avec Saphira. Connoiffez-vous cette femme, lui dit le duc? - lorfque Rhynfault fut revenu de fa premiere furprife,il propofa au prince d'époufer Saphira, & le fupplia de vouloir bien regarder cette démarche comme une répara

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tion de fon crime. Le duc parut fatisfait de cette propofition & fit d'abord célébrer le mariage. Il dit enfuite au nouvel époux :

Vous n'avez fait ce facrifice que par la crainte de mon autorité, ainfi je ne croirai point que vous aimiez votre femme,à moins que vous ne lui faffiez une donation de tout votre bien pour en jouir après votre mort. — Rhynsault, pour plaire au duc, fit auffitôt une donation univerfelle de fes biens à fa nouvelle épouse. L'acte qui contenoit cette donation ayant été remis à Saphira, le duc lui dit :-Il ne vous refte plus qu'à jouir du bien que votre époux vous a donné, & fur le champ il fit arrêter Rhynsault & le condamna à perdre la tête ».

ROBERT, roi de France.

(Trait de clémence de)

Robert, roi de France, fut averti, étant à Compiegne, que douze fcélérats avoient formé le deffein de l'affaffiner; on les arrêta fur le champ & leur procès fut inftruit, Pendant que la juftice étoit occupée à venger le monarque, ce prince fit donner la communion aux criminels, après les y avoir

fait préparer par la pénitence ; il leur accorda enfuite l'honneur de manger avec lui, leur pardonna, & envoya dire aux juges qui les avoient condamnés d'une voix unanime << qu'il ne pouvoit se réfoudre à fe venger » de ceux que fon maître avoit reçus à fa » table ».

RODOLPHE Ier,

ufe d'adreffe pour découvrir un vol.

Un riche marchand de Nuremberg vint un jour fe plaindre à l'empereur Rodolphe, qu'ayant remis à fon hôte fa bourse qui contenoit 100 florins, & que l'ayant voulu retirer l'hôte avoit nié le dépôt, dont il n'avoit pas de témoins. Cet hôte qui étoit riche & un des premiers de la ville, ne pouvoit être facilement convaincu. Les députés de Nuremberg s'étant présentés à l'audience de l'empereur, ce prince reconnut dans leur nombre l'hôte contre lequel on lui avoit fait des plaintes. Il s'approcha de lui, & examinant fa parure: « vous avez » lui dit-il, unaffez beau chapeau,troquons ». L'hôte préfente auffi-tôt avec joie fon chapeau, & reçoit celui de l'empereur. Dans

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l'inftant Rodolphe fort de la falle & ordonne à un bourgeois qu'il rencontre d'aller de la part de l'hôte demander à sa femme la bourse où étoit le dépôt que le marchand avoit défignée, & de lui montrer le chapeau pour preuve de fa miffion. L'hôteffe à ce figne remit l'argent au bourgeois, qui le rapporta à l'empereur ce prince rentra dans la fälle avec le marchand qui avoit fait des plaintes contre l'hôte; ce dernier affirma avec ferment qu'il n'avoit point la bourse Rodolphe indigné la lui présenta, la remit au marchand & condamna l'hôte à une amende confidérable.

ROI qui juge en pere.

Philippe V, roi d'Efpagne, voulant dé: truire une foule d'abus qui fe commettoient à Madrid dans la perception des droits d'entrée, fit un édit par lequel il ordonna aux commis de faire des vifites exactes. Le fils d'un des feigneurs les plus illuftres de la cour de Madrid, méprifant la loi nouvelle, voulut faire paffer quelques ballots fans permettre aux commis de les vifiter. Un commis ayant eu recours à la force pour exécuter la loi, fut tué par le jeune homme,

qui fut auffitôt arrêté & conduit en prison. Le roi ayant été inftruit de cet attentat, fit appeller le pere du coupable & lui contat ce qui venoit de se paffer, fans nommer le criminel; le duc dit auffi-tôt qu'une pareille action méritoit la mort & qu'il étoit néceffaire de faire un exemple. Vous ne

connoiffez pas fans doute le coupable, répliqua le roi ; fi c'étoit votre fils? quand ce feroit moi-même, reprit le pere, je n'ai rien dit que de jufte & je ne change point de fentiment. « Oh bien, dit Philippe yous avez jugé en roi, je vais juger en » pere; je fais grace à votre fils à condition » qu'on dédommagera la famille du mort, & que le coupable ira voyager pendant » quelques années, jusqu'à ce qu'il ait appris » à avoir plus de respect pour les loix ».

ROI d'Ecoffe,

condamné à recoudre une patente qu'il avoit déchirée.

A l'avenement de Mahome au trône d'E

coffe, un feigneur lui préfenta la patente de fes privileges & le fupplia de la confirmer. Le roi à qui il s'adreffoit dans un

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