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Telles font nos mœurs; encore n'en avons-nous peint que les vices & les ridicules les plus apparents. Tout ce défordre prend fa fource dans la mauvaife éducation que reçoit aujourd'hui la jeuneffe. Cette éducation de sévère & mâle qu'elle étoit autrefois, eft deyenue molle & efféminée par les excès du luxe; & les erreurs de la fauffe philofophie ont achevé de corrompre les moeurs jufques dans leurs germes. C'est elle, qui la première a fonné l'alarme fur l'Éducation publique, en ameutant contre la première École de la Nation l'ignorance, la calomnie & la mauvaise foi. Mais fondez, pénétrez les motifs de ces injuftes clameurs, & vous verrez qu'elle veut dominer feule & s'arroger le droit d'enfeigner. C'eft elle, qui, le dédain fur les lévres, le menfonge à la bouche, la fauffeté dans le regard, l'effronterie & l'orgueil fur le front, a dit à fes fuppôts : « A quoi nous ferviront les poifons que nous avons

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préparés, fi nous laiffons fubfifter » plus long-temps l'enfeignement de » l'Univerfité? Qu'attendons-nous ? IL » eft temps de renverfer cette vieille » Idole; éloignons de fes débris & de » la pouffière qui l'environne la géné» ration naiffante; flattons l'orgueil, "favorifons la fottife & la négligence » des parens envers leurs enfans, » pour qu'ils nous les confient: empa» rons-nous fur-tout de la jeunesse, qui, par fa naiffance, peut avoir » un jour quelque part au Gouver» nement : nous devons l'inftruire de » préférence, la fouftraire à tous les » préjugés, & la rendre indifférente à » tous les cultes, en lui infpirant une » tolérance fans bornes. Ne laiffons pas » réfroidir notre zèle, & répandons

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également nos maximes parmi le » peuple & dans les campagnes : fai» fons des Catéchismes qui combattent » ceux que la Religion met entre » leurs mains, & que notre Doctrine

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» feule triomphe. Agiffons néanmoins

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avec ordre & prudence; & masquons » nos deffeins de l'amour du bien pu»blic & de l'humanité ».

Le cri de cette audacieuse philofophie ne s'eft que trop fait entendre à la Cour, à la Ville & dans les Campagnes; il a retenti jufqu'au fond du Royaume; il a influé fur l'opinion des Parens, qui n'ont plus vu dans les études de leurs enfans confiés aux

Écoles publiques, qu'une perte de temps précieux. Dès-lors on ne pense qu'à chercher les moyens de réformer la mauvaise éducation : les Corps les plus refpectables en font occupés. Mais quel est l'objet de cette réforme ? Quels font les vices qu'on reproche à l'Éducation publique ? L'Université ne feroit-elle plus la Mère de fes Élèves? Auroit-elle changé de méthode & de principes? N'est-ce pas dans fon sein que fe font formés tant d'illuftres Savans, tant de Pontifes pieux & éclai

rés, tant d'habiles Capitaines & de fages Magiftrats ? N'a-t-elle pas veillé toujours fur le cœur comme fur l'efprit de la Jeuneffe? Sa tendre follicitude ne s'eft-elle pas toujours occupée à la former aux Lettres & aux Sciences fur les meilleurs modèles ; à graver dans fon cœur l'amour de l'ordre & du devoir, les vérités de la Religion, tous les fentimens, en un mot, qui font l'honnête homme & le vrai citoyen?

Auroit-on auffi de grands reproches à faire à cette favante Compagnie, éteinte depuis peu, dont les Écoles étoient remplies de la Jeuneffe la plus brillante & la plus précieufe de la Nation? Son zèle pour l'enfeignement des bonnes Lettres & de la Religion s'est-il jamais démenti ? N'a-t-elle pas fourni à l'État un très-grand nombre d'hommes du premier mérite, dans l'Églife, dans le Militaire, dans la Robe & dans les Sciences & les Lettres ? Si ces Écoles

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publiques font tombées ; fi elles font. déchues de la fplendeur dont elles brilloient autrefois ; fi les fages Modérateurs de ces études ne jouiffent plus de la confidération que leurs nobles fonctions exigent; à qui s'en prendre, fi ce n'eft à l'efprit de ce fiécle, deftructeur impitoyable de tout bien; à ces hardis Novateurs intéreffés à empoifonner le coeur & l'efprit de la Jeuneffe de leurs fauffes & dangereuses maximes? Car il faut bien fe garder de prendre le change fur leur fyftême d'éducation; ce n'eft point le progrès des Lettres, encore moins la perfection des mœurs qu'ils ont à cœur, c'est le fuccès de leur entreprife. Le but unique qu'ils fe propofent eft de jeter les fondemens de leur nouvelle Doctrine, & de renverfer de fond-encomble l'édifice de l'ancienne. Ils ne l'ont déjà que trop ébranlé par leurs coupables écrits, qui ont corrompu la génération préfente, au point qu'elle

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