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attention particuliere le Volcan, & la montagne de Salafes.

Le Volcan eft à la cime d'un mont figuré en pain de fucre. Au deffous du fommet, il y a un contour creux, où, comme dans un large baffin, le Volcan vomit des torrens de machefer enflammé. Le baffin étant une fois rempli, cette matiere en dégorge avec tant d'impetuofité & d'abondance, qu'elle a forcé la mer à fe retirer affez confidérablement,mais les flots regagnent infenfiblement leur terrain. Le feu continuel que cette montagne nourrit, fe fait voir au voifinage prefque toutes les nuits, & caufe de tems en tems de petits tremblemens de terre, qui varient beaucoup quant au lieu. C'eft, pour ainfi parler, un feu

ambulant.

La montagne de Salafes eft

au milieu de l'Ifle, & elle domine fur toutes celles qui l'environnent. La violence de la mer, ou telle autre caufe que vous voudrez, éleve jusqu'à fon fommet par des voyes fouterraines une fi grande quantité d'eaux, que les trois plus grandes rivieres de l'Ifle en font formées. Ces rivieres fe précipitent avec une extrême rapidité, & font fur leur route un nombre prodigieux de bruïantes cafcades. Les autres Rivieres font auffi fort impétueuses, excepté celle qui porte le nom de fainte Suzanne, qui eft affez tranquille, mais elles ont leurs fources ailleurs.

Les quartiers de sainte Suzanne, de S. Denis, & de S. Paul, font les plus confiderables de l'Ifle, & les plus habitez. A fainte Suzanne le terrain eft cultivé

jufqu'à la mer. C'est principalement là que croît le Tabac. Les pâturages font excellens à S. Denis, de nombreux troupeaux y paiffent. On cultive le Caffé au quartier de S. Paul.

En general, l'Ile de Bourbon eft fi féconde qu'elle eft, pour ainfi-dire, inépuisable en rafraî chiffemens. Les beftiaux & les volailles y multiplient à l'infini. La terre n'y éxige point de labour; il fuffit d'y répandre le bled, & les autres femences. Elle n'a befoin d'aucun repos. Le Ris, le Maïs, les cannes de fucre y viennent fucceffivement, & fans relâche. Tous les oifeaux font bons à manger dans cette Ifle, fur tout les Merles. Il n'y naît aucun animal dangereux. Le Poiffon de riviere y fent un peu la vafe, mais celui de mer eft d'un gout exquis. Le vin

du Payïs eft le fuc exprimé des cannes de fucre. Il est très-agréable à boire, après qu'il a fermente tois ou quatre jours dans les bouteilles. L'air y eft en tout tems fi pur & fi doux, & les eaux y font fi faines, que les malades qui y débarquent, recouvrent en peu de jours leur fanté. On prétend qu'il n'y a dans l'Ifle de Bourbon aucune plante qui ne foit falutaire. Malgré tout cela, on n'y a encore trouvé aucun remede pour la crampe, mal vif & mortel, qui enleve trèsfoudainement ceux à qui il arrive quelque froiffement ou lézion de nerfs.

Les habitans de l'Ifle de Bourbon ont pour Pafteurs des Miffionnaires de S. Lazare, Prêtres d'une vie irréprochable, & qui s'acquittent de leurs fonctions avec une régularité qui merite

votre

votre approbation, & celle de votre Compagnie.

Notre paffage de cette Ifle à Pondicheri a été auffi heureux que tout le reste du voïage. Me voici donc, Monfieur, dans le Carnate, je touche au bord de la fainte carriere que le Ciel me deftine. Que le progrès que la Religion fait tous les jours dans cette Ville même, eft encourageant ! Il y a 25 ans qu'on ne voïoit à Pondicheri aucun Malabare chrétien,& on y en compte aujourd'huy trois mille. J'y ai trouvé que depuis le 12 Octo. bre 1724, jufqu'au 12 Octobre 1725, il s'eft fait fix cens un Baptêmes, de Choutres pour la plûpart, c'est-à-dire de ce qu'il y a de plus difficile à convertir. Voilà l'ouvrage d'un feul Miffionnaire le P. Turpin. Il y a 12 à 13 ans que le P. Bouchet n'a

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