Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ve de Chrétiens. Je ne vous parlerai ni de l'ancien Maduré, ni de Maiffour, où il y a des mil lions d'ames qui adorent JefusChrift. Dans la feule Miffion du Carnate, que les Jefuites François ont fondée, & qu'ils cultivent feuls depuis environ trente ans ; on a déja élevé à la gloire. du vrai Dieu onze Temples. Entre la premiere Eglife qui eft à Pincipondi, jufqu'à la derniere, il y a plus de cent lieues. Nous y comptons huit à neuf mille Chrétiens, partie Choutres, partie Parias, & cette Chrétienté n'eft deffervie que par quatre Miffionnaires. Encore n'y en at-il maintenant que trois ; car le Pere Aubert qui réfidoit à l'entrée de la Miffion, vient de nous rejoindre, pour se rétablir d'une maladie qui l'a mis à deux doigts de la mort. Les Peres Gargan

32 Lett. de quelques Miff. &c. & du Champ demeurent à l'autre extrêmité, & le P. le Gac qui eft Superieur, fait fes excurfions de l'un à l'autre bout, pour voir, animer, regler tout; ainfi que dans le refte de l'Inde, les Brames font nos plus cruels ennemis, & nous ne pourrions réfifter à leur fureur, fi nous n'étions protegez comme nous le fommes, par le Nabab ou Viceroy du Carnate, & par le Grand Mogol même, qui a donné des ordres trés-favorables à la Religion. Je compte vous envoyer dans la fuite l'Hiftoire de cette Miffion, & la Carte du Royau

me.

Je fuis avec refpect, &c.

LETTRE

DUP PARENNIN MISSIONNAIRE

DE LA COMPAGNIE DE JESUS. Au P*** de la même Compagnie.

A Pekin ce 20
Juillet 1725.

M ON REVEREND PERE,

La Paix de N. S.

Je ne doute point que vous n'aïez été édifié du détail que je

By

vous envoiai l'année derniere, fur le progrès que la Religion a fait dans une nombreuse famille du Sang Impérial; & fur la generolité toute Chrétienne avec laquelle ces Princes encore nouveaux dans la Foy, fe font vûs dépouillés de leur dignité, & condamnés à un pénible exil. Mais, peut-être, êtes vous en peine de fçavoir s'ils fe font foutenus dans la même ferveur qu'ils ont fait paroître au commencement de leur difgrace, & fi la continuité de leurs fouffrances, n'a point à la fin ébranlé leur courage. Non, mon R. P. la vertu de ces illuftres Neophytes n'a point chancellé ; leurs maux qui croiffent chaque jour, ne fervent qu'à augmenter leur patience, & ils nous donnent de continuels exemples d'une conftance, & d'une fermeté he roïque.

Je ne vous rapporterai que ce que j'ai appris, foit des Chrétiens qui font venus du lieu de leur exil, foit de quelques Lettres que ces Seigneurs m'ont écrites; mais j'ignore plusieurs traits particuliers de vertu, que leur humilité a pris grand foin de nous cacher.

Au refte il eft bon de vous avertir; 1o. Qu'en parlant du lieu de leur exil que les Chinois nomment Feou ouée, je ne me fervirai que du nom Tartare qui eft Fourdane, & qui fignifie en general place de guerre, bâtie dans les paffages de la grande muraille, ou ailleurs dans des gorges de Montagnes, pour fermer aux ennemis l'entrée du Roiaume 2°. Que quand je parlerai du vieux Regulo pere des Princes Chrétiens, je l'appellerai deformais de fon nom ho

« AnteriorContinuar »