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coup plus difficiles dont il s'étoit chargé.

Pendant qu'on chaffoit les Princes du Fourdane, Ha peylé Regulo du troifiéme Ordre, propre neveu de Sourniama, augmenta le nombre de fes perfécuteurs. Pouffé par une inimitié de famille, il fit fçavoir à l'Empereur que contre fes Ordres, le neuviéme fils de Sourniama avoit laiffé fa femme à Pekin, fous prétexte de quelques incommodités. Sur quoi le Général du Fourdane reçût ordre de charger de chaînes ce neuviéme fils, & de l'enfermer dans une étroite prifon. L'Empereur chargea enfuite cet indigne delateur, de faire partir inceffamment la Dame & les Princeffes épouses des Princes Louis & Jofeph,qui avoient été envoyez à la guerre, ainfi que je l'ai marqué

dans ma premiere lettre. Le cinquiéme fils de Sourniama étoit mort depuis longtems avec la dignité de Comte fa veuve ne s'étoit pas crû obligée de fuivre fon beau-pere & étoit reftée à Pekin; on l'obligea de partir avec les autres; ce neveu dénaturé exécuta ces ordres avec une extrême dureté. Il précipita leur départ, & à peine leur laiffa-t-il un équipage; il ôta leurs fuivantes, & fubftitua en leur place d'autres vieilles fem. mes inconnuës, & incapables de leur rendre le moindre fervice durant le voyage, encore eurent-elles ordre de s'en reve nir auffi-tôt que les Princeffes feroient arrivées à Sin poutfe. Le barbare qui vifita leurs balots,ne leur laiffa pas même emporter l'argent & les habits néceffaires, pour se rendre au lieu dele ur

exil. La feule époufe du Prince Jofeph étoit Chrétienne. Les deux autres ont dans leur infortune ouvert les yeux aux lumieres de la Foi, comme je le dirai dans la fuite.

Après cette trifte expédition, le Regulo prit le titre de chef de la famille. Il fit affembler tous les Domestiques qui gardoient les Hôtels des Princes, & il leur défendit fous les peines les plus feveres d'aller aux Eglifes, ou de recevoir des vifites des Chrétiens. Ces menaces refroidiffent la pieté de quelques-uns, & les autres ne viennent àl'Eglife qu'avec de grandes précautions.

Le Tribunal des Princes eut ordre de fon côté de dreffer un état des Domeftiques, des Terres, & des Maifons de Sourniama, & de fes enfans; ce qui fit croire que leurs biens alloient être adjugées au fifc. Ceux de

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leurs Domestiques qui avoient fait paroître peu de bonne volonté, en devinrent plus infolens. Ce fut dans de fi fâcheufes circonftances que Marc Ki arriva. Il n'en trouva prefque aucun qui fût difpofé à fournir aux befoins de leurs maîtres, & le pouvoir manquoit à d'autres qui avoient encore pour eux quelque refte d'affection. Le Prince Jean avoit laiffé mille taels* en garde à fon beau-pere, qui étoit un Mandarin des plus diftingués, comptant trouver cette fomme toûjours prête au premier befoin qu'il en auroit. Le Mandarin qui regardoit ce befoin comme éloigné, l'employa à des ufages particuliers.

Cependant Marc Ki arrive; & rend au Mandarin la lettre du Prince. Il mandoit que des dé

*Un tael vaut environ cinq livres de notre monnoye.

penses imprevuës l'obligeoient d'avoir recours à lui plûtôt qu'il n'avoit crû, & qu'il le fuplioit de remettre aù porteur de fon billet homme fûr & fidele, le dépôt qu'il lui avoit confié. Le Mandarin fe trouvant fort embaraffé, lui fit dire d'attendre encore quelques jours, jusqu'à ce qu'il eût emprunté une fomme qu'il vouloit lui donner.

Pendant ce tems-là fes Domeftiques fçûrent le tirer d'intrigue par une indigne fupercherie, dont ils uferent pour éloigner ce vieillard, qui étoit fi fort à charge à leur maître. Ils fubornerent quelques gens de la lie du peuple. Ceux-ci felon les inf tructions qu'on leur donna, se rendirent un jour de Fête à l'Eglife des PP. Portugais, où ils fçavoient que Marc devoit être. Ils dirent qu'ils étoient envoyés

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