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Au

roit les Ouvriers Evangéliques. commencement de fon Régne il ne permit l'entrée de fon Palais à aucun Européan, pas même à ceux qui y paroiffoient le plus fouvent du vivant du feu Empereur; & foutenant cette premiere démarche, il ne les em ploya prefque à rien, foit qu'il n'ait pas pour les fciences le même goût qu'avoit fon pere, foit qu'il cherche à fe passer de leurs fervices.

Dès fon avenement à la Couronnne, il fit emprisonner ou exiler des Princes & des Seigneurs, dont plufieurs protégeoient les Miffionnaires, & qui par cette raison là même étoient favora

ay

bles au Chriftianifme. La plûpart des Courtifans fe conformerent felon la coûtume aux inclinations du Prince, & applau dirent à l'Edit folemnel, par lequel il profcrivit enfuite la Religion Chrétienne de fes Etats. Vous n'ignorez pas quels ont été les fuites de cet Edit: Tous les Miffionnaires chaffez de leurs Eglifes,& tolerez feulement à Peking & à Canton; plus de trois cens Eglifes ou détruites, ou converties en ufages profanes ou devenues des Temples du Demon; les Idoles fubftituées à la place du vrai Dieu; plus de trois cens mille Chrétiens deftituez de Pafteurs, & livrez à la ra

ge des Infidéles; les travaux &les fueurs de tant d'Hommes Apoftoliques prefque anéantis, fans qu'on puiffe voir encore quelque lueur d'espérance, qui préfente le moindre adouciffement à tant de maux. Tel eft le trifte, état d'une Miffion, qui étoit fi florissante avant les troubles qu'on y a vu naître.

A deux différentes fois que le nouvel Empereur a fait venir quelques-uns des Miffion naires qui font à Peking, tout fon difcours à roulé fur les raifons qui l'ont déterminé à profcrire notre Sainte Religion, fans leur laiffer la liberté de dire un feul mot pour fa défense.

Il n'y a pas long-tems qu'ayant compofé lui-même un livre pour l'inftruction de fes Sujets, il y parle de la Religion Chrétienne en des termes tout-à-fait injurieux, jufqu'à la comparer au Pe lien kiao, qui est une Secte abominable de

gens tou

jours difpofez à la révolte, dont le foin eft de fe tenir bien cachés. Il ajoute que fi l'on a introduit à la Cour ceux qui prêchent cette Loy, & fi on les y tolére encore, c'eft uniquement à caufe de l'utilité que l'Empire reçoit de leur habileté dans les arts, dans les Sciences. Voilà, dit-il, en finiffant, ce que vous ne devez pas ignorer.

Ce qu'il y a encore de plus trifte, c'eft qu'il a ordonné expreffément à tous ceux qui dans chaque Ville font chargez de faire deux fois le mois un dif cours au Peuple, de puifer leur fujet dans ce livre, & de l'ex

pliquer d'un bout à l'autre. C'eft pour les Chinois Infidéles un

moyen dont ils fçavent bien profiter, pour fe répandre en invectives contre la Loy Chrétienne, & pour en infpirer de l'horreur aux Peuples.

Je vous rapporterai à ce fu jet un trait bien édifiant d'un Néophyte,qui demeure dans une Ville peu éloignée de Peking. C'est un Lettre habile, & qui

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