y ont vécu jufqu'ici affez tranquilles. Les fervices qu'ils ont rendus,& ceux qu'on espere qu'ils rendront encore, ont fait quelque impreffion fur l'esprit de l'Empereur. Mais on fe contente de ne les pas inquiéter, & on ne leur donne aucune marque de bienveillance. Un feul Frere Féfuite Italien & excellent Pein tre eft employé au Palais : fi l'on y appelle quelques-uns des autres ce qui eft très-rare, ce n'eft que quand on ne peut pas abfolument fe paffer de leurs fer vices. Il ne paroît pas non plus qu'on cherche à molefter les Chrétiens; ils s'affemblent dans nos Eglifes de Peking, où on leur adminiftre les Sacremens: mais ces assemblées ne fe tiennent qu'avec les plus grandes précautions. En l'année 1725 plus de fix mille Chrétiens ont approché des Sacremens. Il en eft venu de plus de cent lieuës pour recevoir cette grace. Entr'autres un fervent Chrétien, qui eft Colonel d'un Régiment en Tartarie, a fait plus de cent-cinquante lieuës pour fe rendre à Peking, & participer à nos Saints Myfteres. A peine fut-il de retour chez lui qu'il mourut àgé de soixante-dix ans. On a baptife la même année plus de 3200 enfans expofez dans les ruës. en Ce peu de liberté qui reste aux Miffionnaires dans la Capitale de l'Empire, ne laiffe pas de con foler les Chrétiens des Provinces, & de mettre un frein à la perfécution des Idolâtres. Un nouvel évenement a achevé de produire ce bon effet. L'Empereur a donné un nouveau titre d'honneur au P. Kegler, déja Préfident du Tribunal des Ma thématiques; fon Emploi ne lui donnoit de rang que dans son Tribunal : l'Empereur en le revétant de ce titre, n'a eu d'autre vûë que de le faire paroître avec décence devant fa perfonne fur-tout à certains jours de cérémonie, où il fe trouvoit aupa, ravant fans aucune marque de diftinction. Il a accordé la même grace à plufieurs Eunuques, & l'on n'en doit point conclure que Sa Majesté foit pour cela dans des difpofitions plus favorables à la Religion. Les Miffionnaires, tant ceux qui réfident à Peking, que les autres qui font exilez à Canton, reçoivent fouvent des Lettres très touchantes de leurs chers Néophytes, qui fe trouvent dans les Provinces privez de leurs Pafteurs. Ils voudroient bien pouvoir fecourir ce troupeau affligé mais comment s'y prendre? Dans ces triftes conjonctures où l'on eft attentif à toutes leurs démarches, il ne leur eft pas poffible d'aller eux-mêmes les vifiter. Quelques Missionnaires qui ne font pas de notre Compagnie, dont les noms font inf crits dans tous les Tribunaux de Canton, ont crû pouvoir fortir furtivement de cette Ville, & pénetrer dans les Terres; leur Zéle eft loüable fans doute, mais l'inconvénient qu'il y a, c'est que l'Empereur a dépêché des Mandarins à Canton avec des Ordres très feveres, pour le faire repréfenter tous les Europeans qui y ont été exilez. L'Ordre a été fignifié à tous les Miffionnaires de paroître au Tribunal de ces Mandarins, & l'on ne |