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fçait pas encore ce qui arrivera de cette affaire, dont on craint des fuites fâcheufes.

On a pris cependant des mefures, pour ne laiffer pas tout-àfait fans fecours fpirituel une Chrétienté fi nombreuse. Trois Jefuites Chinois Prêtres, à qui il est plus aife de fe cacher, parcourent les Chrétientés des Provinces, & s'employent avec zéle au Salut de leurs Compatriotes. Il y a auffi parmi les Millionnaires de la Propagande, quelques Prêtres Chinois occupez aux mêmes fonctions. Mais qu'est-ce que ce petit nombre d'Ouvriers Evangéliques dans un fi grand Empire?

Pour

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Pour fuppléer à ce défaut on envoye chaque année dans les Provinces des Catéchiftes habiles & bien choifis, qui se répandent dans les diverfes Chrétientés, qui y raniment la Foy des Néophytes, qui leur fourniffent des Calendriers, des Livres,& des Images de pieté qui examinent fi les Catéchistes particuliers rempliffent leurs obligations, & qui fe préfentent même aux Mandarins, & leur offrent des préfens, pour gagner. leur amitié & leur protection. Tout cela ne fe peut faire fans de grands frais: mais les charités des perfonnes, qui ont à cœur la Propagation de l'Evangile XVIII. Rec.

dans ces Contrées éloignées ; peuvent - elles être mieux employées, qu'à maintenir la Foy dans l'ame de tant de nouveaux Fideles, jufqu'à ce qu'il plaise au Seigneur de changer le cœur d'un Prince, qui paroît fi aliené des Miniftres du vray Dieu. Quoique cette Lettre foit dé ja un peu longue, je ne crains pas, mes RR. PP. de vous ennuyer, fi je vous rapporte encore quelques particularités affez intéreßantes

Le 20 d'Octobre de l'année 1725, le treiziéme frere de l'Empereur fit avertir quelquesuns des plus anciens Miffionnai res qu'il avoit à leur parler &

le

qu'ils fe rendiffent au plûtôt à Tchang tchun yuen, où il étoit alors auprès de S. M. qui paffe une partie de l'Automne à la Campagne, dans le nouveau Palais qu'elle a fait bâtir à peu de diftance de celui qu'occupoit l'Empereur Canghi. L'Ordre du Prince arriva fort tard: ainfi ils ne pûrent partir que lendemain matin. Quelque tems auparavant ̧la Cour avoit appris par des Lettres du premier Mandarin de Canton que deux nouveaux Européans étoient arrivez à ce Port; qu'ils apportoient de la part du Pape un Bref & des préfens au nouvel Empereur; & qu'il les

avoit fait partir pour Peking. Les Peres crurent qu'on vouloit les queftionner fur cette nouvelle légation, mais ils fe trompoient : il s'agiẞoit de toute autre chofe. Le Prince dit aux Miffionnaires qu'il n'y avoit perfonne qui prit un foin particulier de leurs affaires; qu'il n'avoit pas le loifir de s'en charger; que cependant il étoit tems qu'ils fißent un placet pour s'informer de la fanté de l'Empereur; mais qu'ils fe gardaffent bien de parler d'autre chofe, & qu'il s'offroit de le préfenter lui-même. Il affigna le jour qui fut le 24 Octobre il ajoûta qu'il falloit que tous les Missionnaires, s'y trous vaffent,

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