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Tandis qu'on préparoit le Placet, le Bref & les préfens du Pape arriverent: ils étoient ap portés par deux Religieux Carmes Déchauffez, dont le deffein étoit de demeurer à la Chine après s'être acquittez de leur commiffion. Ils étoient venus de Canton par la voye publique eft-à-dire, conduits au frais du escortez par un

Tfong tou,

des Officiers de fa Maifon. Dès la premiere nouvelle de leur arrivée à Canton, le Tribunal des Rites avoit reçû ordre de prendre connoiffance de cette affaire, de regler toutes chofes : c'eftles Envoyez ont

بن

que

à-dire, été affujettis à toutes les céré

monies, ce qui a fes inconve niens; car les Chinois, felon leur orgueilleuse coûtume, traitent de tribut tout ce que l'on offre ainfi l'Empereur par la voye pu

blique.

Le 24 les Peres partirent de grand matin pour Tchang tchun yuen,

se préfente

rent à l'entrée de la Cour du Palais Impérial, pour y attendre le treiziéme frere de l'Empereur. Ce Prince arriva peu après, reçût le Placet, & fit conduire les Miffionnaires par un Mandarin dans un petit Appartement extérieur, pour en recevoir la réponse.

Sur les trois heures du foir un

Eunuque vint les avertir de la part du treiziéme Prince, que l'Empereur avoit vú leur Placet, & qu'ils euffent à s'avancer, afin d'être prêts à entendre S. M. leur feroit dire.

ce que Une heure après un autre Eunuque les fit entrer dans l'intérieur : à chaque porte on les comp toit un à un. Les Mandarins les Gardes, & les Eunuques étoient fort furpris de voir fous ce Regne une vingtaine d'Européans introduits dans ces lieux inacceffibles, où regne un profond filence.

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Enfin après avoir fait différentes paufes en plufieurs endroits des Appartemens, ils fu

rent conduits au pied du Trône. l'Empereur étoit affis à laTartare les jambes repliées fur une large. eftrade d'environ trois pieds de haut, ayant derriere lui comme un dossier de fauteüil : le fond de l'eftrade étoit garni d'un grand paravent. Les Peres fe mirent auffi-tôt à genoux, & frapperent la terre du front. S. M. leur parla un moment, & leur fit prendre du thé en fa préfence. Ils étoient rangés fur trois lignes: le thé leur fut prefenté avec beaucoup d'ordre, par autant d'Eunuques qu'ils étoient d'Etrangers. L'Empereur continua à leur parler durant prés d'un quart

d'heure: tout ce qu'il dit, fe réduit à quatre ou cinq chefs; qu'il étoit bien aife qu'ils fußent venus s'informer de l'état de fa fanté; que le deuil de fon pere & les affaires furvenues au commencement de fon Regne, l'avoient • empêché jufqu'alors de les voir; qu'il ne leur vouloit point de mal; que quoique dans la derniere: guerre contre Tfe ouan rap tan,«< il eût fait tuer un grand nombre de Lamas, * cette févérité dont il avoit crû devoir ufer, n'étoit par rapport à eux de nulle conSequence; que toutes les Reli gions portoient au bien, & vifoient au même but, mais qu'au

Bonzès Tartares.

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