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puiffance proconfulaire & celle du tribunat qui faifoit la principale partie de la dignité impériale (a); &, par une prérogative qui n'avoit pas d'exemple, il fut encore honoré du titre d'Empereur (b). L'efprit

communiquoient à ceux qu'ils deftinoient pour fuccéder à l'empire. Cette qualité ne les rendoit point les collegues de l'empereur : ils étoient leurs premiers fujets, & les héritiers préfomptifs de leur trône; à peu-prèscomme les rois des Romains font en Allemagne.

De la (a) En 724 & 731 le peuple & le fénat fondation déférerent à Augufte la puiffance tribunide Rome. tienne: ce prince la conferva ; & après lui elle paffa à fes fucceffeurs. Les empereurs

étant revêtus de la puiffance du tribunat`, ils en obtinrent les priviléges; leurs perfonnes furent facrées, & leurs ordonnances prirent la place des Plébifcites. Dio, Caff. l. 51. 52. & Suetone.

(b) Le P. Pagi, ce favant critique da dix-feptieme fiecle, obferve avec fondement

de modération du nouveau prince ne laiffoit point appréhender qu'il abusât de la puiffance qui accompagnoit la réunion de tous ces titres.

La promotion d'Antonin à la dignité de Céfar, déconcerta tous ceux qui briguoient l'empire défefpérés de voir leurs projets évanouis, ils firent éclater leur chagrin, & s'échapperent en difcours injurieux qui prouvoient feulement combien ces mécontens étoient peu di

qu'Antonin eut dès le vivant d'Adrien le titre d'Empereur, qui fe mettoit avant le nom. du prince: Imp. Elio Cafari Antonino, &c. & qui marque l'autorité fouveraine, & non celle d'Imperator, qui fe mettoit après, & qui fe donnoit aux Céfars lorfqu'ils avoient remporté quelques victoires. Le P. Pagi & les Notes de M. de Tillemont, fur le regne d'Adrien.

An 139. Dio. t. 2. P. 1169.

gnes d'occuper le rang qu'ils régrettoient. Catilius Severus préfet de Rome, fut un de ceux qui montrerent le plus d'aigreur & d'emportement: Adrien le punit de fon audace, par la privation de fa charge, qui d'ordinaire ne fe perdoit qu'avec la vie.

Cependant, la fanté de l'empereur s'affoibliffoit. Sa derniere maladie (a), qui fut longue, fournit au Céfar l'occasion de lui prouver fa reconnoiffance & fa tendreffe, par fes affiduités, par fes attentions & par tous les fervices que le zele peut rendre. Les remedes de la médecine & ceux qu'on voulut tirer, felon l'efprit du temps, des réponses

(a) Cette maladie étoit une hydropifie.

myftérieufes des oracles, & des prétendus fecrets de la magie, furent également inutiles. La violence du mal attaqua l'efprit autant que le corps: Adrien devint furieux; tantôt il vouloit fe tuer, tantôt il regrettoit la vie. Les vers qu'il compofa pendant cette maladie, & que Spartien nous a confervés, font une preu. ve qu'en plaifantant fur l'avenir, il en étoit plus occupé qu'il ne vouloit le paroître enfin il mourut dans les douleurs, à Bayes en Campanie. Antonin recueillit én pleurant les derniers foupirs d'Adrien; fes larmes étoient vraies, & ne furent pas foupçonnées d'être feintes. Il rendit auffi-tôt les derniers devoirs à fon bienfaiteur, fit brûler fon corps, fuivant la cou

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tume (a); il en accompagna les cendres à Rome, & donna fes ordres pour la pompe funebre qui, felon l'ufage, devoit être fuivie de la cérémonie de l'apothéofe.

Depuis Romulus, qui avoit été déifié après la mort, jufqu'au temps d'Auguste, les Romains n'avoient pas imaginé de faire l'apothéose de leurs rois ni d'aucuns chefs de la république. Il

(a) L'ufage de brûler les corps étoit un ufage très-ancien chez les Romains: Plutarque obferve, dans la vie de Numa, que ce Roi défendit qu'on brûlât le fien. Le même Plutarque rapporte que Sylla fut le premier de la famille Cornelia dont on brûla le corps: c'est dans ce temps que cette coutume commença à devenir générale pour les perfonnes de confidération; elle fe perpétua long-temps, & elle ne fut entierement abolic que fous l'empereur Gratien.

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