veloppés dans le naufrage commun au plus grand nombre des ouvrages de l'antiquité. La perte de ces mémoires mérite fans doute nos regrets; notre unique reffource eft de recueillir ce qui peut nous refter fur Antonin & Marc-Aurele, & d'en faire un corps d'histoire auffi lié & auffi fuivi qu'il eft poffible, dans la difette où nous fommes réduits.

Hérodien dit dans fa préface, que plufieurs écrivains habiles avoient déja donné de fon tems l'hiftoire de ces empereurs, & c'eft la raifon qu'il apporte pour ne commencer la fienne qu'à Commode. San's cet auteur, nous ignorerions que ces ouvrages ont exifté il n'en refte aucun fragment.

On fait auffi que Gordien l'ancien, qui fut élevé à l'empire en 237, par les troupes foulevées contre Maximin, avoit dans fa jeuneffe exercé sa muse à chanter les exploits & les vertus d'Antonin & de MarcAurele. Ce poëme, connu sous le nom de l'Antoniniade, étoit divifé en trente livres : le fort nous a encore envié cet ou

vrage, il y a long-tems qu'il n'eft plus. Nous fommes également privés des mémoires de la guerre qu'eurent les Romains avec les Parthes du tems de Marc Aurele. : nous favons feulement par Lucien que bien des gens fe hâterent d'en donner des relations. Ce critique délicat & ingénieux les trouvant mal rédigées, fit son

traité fur la maniere d'écrire l'hiftoire, dans lequel nous apprenons quelques particularités fur la guerre des Parthes. Lucien compofa cet ouvrage dans l'intervalle qui s'écoula entre l'expédition de Médie en 165, & le triomphe des empereurs Marc-Aurele & L. Verus en 166; car il y parle de l'expédition de Médie comme récente, & du triomphe, comme d'une cérémonie dont on faifoit les préparatifs.

Quant à Dion Caffius, nous n'avons qu'une partie de fon hiftoire Romaine (a), & cette

(a) L'hiftoire de Dion Caffius, mort vers le milieu du troifieme fiecle, commençoit à la fondation de Rome, & finiffoit à la mort d'Alexandre Severe. Elle étoit divifée en quatre-vingt livres ; il n'y a que

partie ne contient ni la vie d'Antonin ni celle de Marc

Dion, Aurele; nous fommes réduits tom. II. à avoir recours à Xiphilin (a),

P. 1171,

1172.

des fragmens des trente-cinq premiers ; les vingt-cinq fuivans font prefqu'entiers; les vingt derniers font perdus; il faut fe contenter de Xiphilin. Le célebre Photius fait un grand éloge de Dion; il prétend qu'il avoit pris pour modele Thucydide, mais qu'il avoit évité fes défauts. Le président Coufin porte le même jugement dans la préface qui eft au commencement de la traduction qu'il a donnée de Xiphilin. Cependant la plupart des favans regardent Thucydide comme très-fupérieur à Dion, & pour le ftyle & pour le difcernement. J'ai fuivi l'édition d'Hambourg, de 1750.

(a) Xiphilin vivoit vers le douzieme fiecle; il eft l'abréviateur des quarante-cinq derniers livres de Dion: cependant il n'a pas fait l'extrait du foixante-dixieme livre, puifqu'il ne fubfiftoit plus au temps où il faifoit fon abrégé; auffi ce qu'il dit d'Antonin, contient à peine une vingtaine de lignes.

qui

qui avoue * lui-même que de * Bibl. Phot fon tems la vie d'Antonin & le commencement de celle de Marc-Aurele ne fe trouvoient plus dans les ouvrages de Dion. Enfin, il n'y a que ce que Jules Capitolin a recueilli fur nos deux empereurs qui foit parvenu en entier jufqu'à nous. Cet auteur, comme prefque tous ceux de l'hiftoire Augufte, a écrit fans goût, fans choix, fans méthode, & a négligé les détails les plus intéreflans; tout y eft découfu, confus & mal préfenté. Des collections auffi mal-faites méritent-elles d'être intitulées vie d'Antonin, & vie de MarcAurele?

Eutrope, Aur. Victor, Sex

b