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ture,fi elle eft neceffaire, cette vûëne la rend point libre, & fi elle eft libre, elle ne la rend point neceffaire.

V.

La difference des temps ne change point la nature des chofes : & par confequent fi la vûë d'une action actuelle libre ne la rend point necef. faire, la vûë de la même action comme future, c'est-àdire, auparavant qu'elle foit produite,fuft-ce dés l'éternité, ne préjudiciera point non plus à fa liberté. Il s'agit icy de faire une comparaison exacte entre la vûë des actions prefentes, & la vue des actions futures, ou bien de la connoif

B

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fance du paffé, & de la connoiffance de l'avenir; car il eft évident que fi la vûë de nos actions paffées, n'empêche pas qu'elles n'ayent été libres, auffi la vûë de nos actions futures ne peut empêcher qu'elles ne foient libres. VI.

Si une intelligence particuliere voyoit l'idée d'un efprit, & que Dieu luy revelât ce qu'il feroit luy même un jour dans cet efprit, elle verroit avant que cet efprit exiftât, de toutes les modifications neceffaires dont il eft capable, celles qu'il devroit éprouver, comme futures parce que la liaison requise

pour voir l'effet dans fa cause, fe trouve entre les modifications neceffaires des efprits,& l'action de Dieu qui les pro

duit.

VII.

Quand cette intelligence verroit l'idée de ce même efprit & l'operation de Dieu, dont ces actions libres font des fuites, elle ne verroit ces actions libres que comme poffibles, & nullement comme devant arriver; ou ce qui revient au même,elle ne pourroit que les conjecturer : & par confequent elle douteroit de leur futurition (fi je puis m'exprimer ainfi. ) Parce que la liaison neceffaire pour voir

l'effet dans fa caufe n'eft point entre les actions libres des efprits, & l'action de Dieu dont elles font des fuites..

VIII.

Ce doute touchant la futurition des actions libres, feroit une fuite de la limitation de cette intelligence.

TROISIE ME PROPOSITION.

Dieu n'eft point limité & ne peut ignorer les fuites de fes actions,ou en douter, cela feroit manifeftement contraire à fafou. veraine perfection.

CONCLUSION.

Il y a donc une liaison neceffaire, non pas à la verité

entre nos actions libres & l'action de Dieu qui les produit; mais entre cette action de Dieu & la connoiffance qu'il a de fes fuites, c'eft pourquoi les déterminations de la volonté créée dans toutes les circonstances poffibles, n'étant que des fuites de fon action, elles luy font connuës de toute éternité. Or j'appelle certe connoiffance du nom de prefcience & je croy que c'est un des attributs de la Divinité, tels que l'éxistence independante, & la puiffance réelle, que les creatures ne peuvent rece voir.

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