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On vit le peuple fou, qui du Nil boit les eaux,

Adorer les ferpens, les poiffons, les

oiseaux ;

Aux chiens, aux chats, aux boucs offrir des facrifices;

Conjurer l'ail, l'oignon, d'être à fes vœux propices;

Et croire follement maîtres de fesdeftins,

Ces Dieux nés du fumier porté dans fes jardins..

Ce fut alors que l'Eternel vou lut fe choisir un peuple pour être le dépofitaire de la Religion, de la Morale, & de toutes les vé rités divines; afin d'empêcher qu'elles ne fuffent dégradées & perdues par l'imagination, les paffions, & les vains raifonnemens des hommes.

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Ce même peuple devoit conserver dans fa pureté la tradition que les autres peuples corrompoient indignement ; il devoit faire paffer des pères aux enfans le fouvenir de la dégradation du premier homme, du besoin d'un Réparateur, & de la promeffe pofitive qui en avoit été faite par celui même qui devoit l'envoyer. Abraham mérita par fa foi & fon obéiffance d'être le chef & le pére de ce peuple heureux: Dieu lui ordonna d'aller s'établir dans la terre de Chanaan, & lui promit que fa poftérité seroit multipliée comme les étoiles du ciel; qu'après quelques épreuves, où elle feroit mife, elle pof

par

féderoit cette terre même ; & que (a) toutes les nations feroient bénites en celui qui devoit fortir de lui dans la plénitude des tems.

C'étoit une feconde promeffe du Meffie. Ainfi ce germe béni promis à Eve, devint auffi le germe & le rejetton d'Abraham. Ce faint Patriarche crut à la parole de Dieu, quoiqu'à l'âge de plus de quatre-vingts ans il ne fe vît

rus fum cùm futurus fit in gentem ma→ gram ac robustissi→ mam, & benedicende fint in illo omnes nationes terræ. lbid XVIII. 17.-18

(a) Benedicam be- Abraham que geftunedicentibus tibi, & maledicam maledicentibus tibi, atque in te benedicentur univerfæ cognationes terræ. Gen. XII. 3. Dixitque Dominus: Num celare potero.

encore aucun enfant, & que fa femme Sara fût ftérile.

Agé de quatre-vingts-fept ans il eut Ifmaël de sa servante Agar. Dieu lui déclara que ce fils feroit le chef d'un grand peuple, mais non du peuple élu qui étoit l'ob- · jet de fon espérance. Enfin treize ans après, c'est-à-dire à l'âge de cent ans, Abraham eut de fa femme Sara cet enfant tant défiré.

Il fut nommé Ifaac, c'est-àdire Ris, enfant de joye, enfant de miracle, enfant de promeffe, qui marque par fa naiffance que les vrais enfans de Dieu naissent de la grace.

Il étoit déja grand, cet enfant béni, lorfque Dieu mit à une

terrible épreuve la foi d'Abraham. Il lui commanda de lui immoler Ifaac. Ce faint homme affûré des promeffes que Dieu lui avoit faites, ne confulta fa raifon que pour croire & obéir. Le Seigneur fatisfait retint fon bras & lui rendit fon fils au moment qu'il alloit lui donner le coup

mortel.

Tous deux furent jugés dignes d'être les ancêtres du Meffie, après avoir donné au monde une image fi vive & fi belle de l'oblation volontaire de ce divin Sau

veur.

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