peuple. Les Juifs devoient donc renoncer le Meffie; car les Juifs étoient fon peuple, puifque Moïfe leur avoit dit : (*) Dieu vous fufcitera du milieu de votre nation, & du nombre de vos frères, un Prophéte femblable à moi. Les Juifs devoient donc ceffer d'être le peuple du Meffie & le peuple de Dieu, c'est-à-dire qu'ils devoient être livrés à l'aveuglement où nous les voyons.

Mais combien doit durer l'anathême, & jufqu'à quand les Juifs fermeront-ils les yeux à la vérité ? Daniel nous l'aprend encore: la défolation, dit-il, per

(*) Sup. Ch. II. Art. VIII.

· févérera jufqu'à la confommation & jufqu'à la fin ; & il parle ainfi après avoir marqué la destruction de la Ville & du Sanctuaire, la profanation du Temple & la défolation univerfelle du peuple, comme les fuites de fa réprobation. Ofée va fervir d'interpréte à Daniel, & de preuve à ce que j'avance. Les enfans d'Ifraël, dit-il, (a) feront long-tems fans Roi, & fans Prince fans facri

(a) Dies multos, Ifraël, & quærent fedebunt filii Ifraël fi- Dominum Deum ne Rege, & fine prin- fuum, & David Recipe, & fine facrifi- gem fuum; & parecio, & fine altari, &bunt ad Dominum fine Ephod, & fine & ad bonum ejus, in Theraphim. Et poft noviffimo dierum.Of hæc revertentur filii III. 43.

fice & fans autel, fans Ephod & fans Arche : & enfuite les enfans d'Ifraël retourneront au Seigneur leur Dieu, ils le chercheront, & David leur Roi; & ils feront pleins de crainte pour le Seigneur, & de respect pour le bien du Seigneur, & cela arrivera dans les derniers jours.

Ce ne fera donc qu'à la fin des fiécles, que la grace de la converfion leur fera acordée ; & l'état où ils font maintenant, eft un effet visible de la providence divine, qui a voulu répandre partout des témoins non fufpects de la miffion de JESUS-CHRIST. S'ils font difperfés, c'est parce qu'ils n'ont point cru; s'ils font confervés malgré leur difperfion,

c'eft parce qu'ils croiront. Leur incrédulité nous prouve aujour d'hui, ce que leur converfion prouvera à la fin des tems, favoir que JE'SUS-CHRIST eft le Meffie promis, qu'il eft Dieu, & que fa Religion eft divine.

IX.

Récapitulation de toute cette
Démonftration.

LOIN donc ces bouches profanes qui ôfent blafphémer contre notre fainte Religion, fous le vain prétexte de l'incompréhen fibilité des miftéres qu'elle pro-, pofe à notre foi.

(*) Non, des miftéres faints l'au gufte obfcurité

Ne me fait point rougir de ma do cilité.

Je ne difpute point contre un maître
fuprême :

Qui m'inftruira de Dieu, fi ce n'eft
Dieu lui-même ?

Dans un fombre nuage il veut s'en-
veloper,

Mais il eft un rayon qu'il en laiffe échaper:

Que me faut-il de plus? Je marche

avec courage,

Et content du rayon, j'adore le

nuage.

Il a dit : & je crois. Aux pieds de fon Auteur

Ma raifon peut fans honte abaiffer fa hauteur.

(*) Racine fils. Poëme de la Religion. Ch. VI.