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mêmes Religieufes à ajoûter aux trois vœux folemnels & communs aux autres Religions, un quatrième vœu d'inftruire les jeunes filles.

L'Ordre des Urfulines pris en général, eft divisé en deux parties. La premiere, eft celle des filles liées feulement de fimples vœux de Chasteté & d'Obeïffance, lefquelles ne gardent point de clôture; mais demeurent féparées chez leurs Parens, ou ensemble dans une même Maison, & inftruisent les filles & les femmes, vifitent les malades, & font dédiées au fervice du prochain fous la direction d'une Supérieure prife d'entr'elles. Pendant la vie de la Mere Angele qui ne dura que peu aprés l'inftitution de fon Ordre en la ville de Breffe (car elle mourut le 21. Mars de l'an 1540. âgée de 34 ans) on n'y tenoit point encore de Commu nauté; mais auffi ce n'étoit l'éque bauchement de la perfection où il devoit parvenir. Depuis cet Ordre s'étendit dans l'Italie, & il y fleurit encore maintenant, partie en communauté fans clôture, partie en Maifons clauftrées, & partie en Sœurs & Allociées qui logent féparément, & sont unies aux autres & fervent le prochain. Cinquante ans aprés, Made

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moiselle Françoife de Bermont defirant provigner en France une plante fi belle & fi utile, obtint des Bulles pour ce fujet de Clement VIII. & inftitua les Urfulines en ce Royaume, vivant féparément felon les régles de celle d'Italie. A peine la Mere de Bermont eût-elle entrepris ce grand œuvre, qu'en plufieurs autres Villes & Provin ces, des Perfonnes zélées pour la gloire de Dieu, érigerent de pareilles Affemblées, & des Congrégations de filles qui s'employerent par charité à l'inftruction familiere de la jeuneffe avec bien du profit, & la plupart voulurent avoir le nom d'Urfulines, auffibien que l'emploi.

La feconde partie de cet Ordre quoique pofterieure à l'autre, eft plus noble & plus parfaite, parce qu'elle renferme des Religieufes qui font des vœux folemnels par l'approbation du faint Siége, vivent fous la clôture perpétuelle, obfervent la régle de Saint Auguftin, & ont des Conftitutions conformes à leur Inftitut, joignant à l'inftruction gratuite des jeunes filles, les exercices fpirituels ordinaires aux Religions bien établies. Prefque toutes les Vrfulines congrégées de France ont embraffé l'état Religieux; la Maison de

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Paris l'ayant fait la premiere l'an 1612.

Entre les Religieufes Urfulines, il s'en diftingue encore de deux fortes; les unes ne font que les trois vœux folemnels de Pauvreté, Chafteté & Obéiffance, telles que font les Urfulines de Bourbeaux, de Lion, & quelques autres femblables Monasteres primitifs, & enfuite une grande multitude d'autres qui en font dérivez. Les autres Urfulines s'obligent par un quatriéme vœu à l'inftruction des petites filles, ce qui met pour ainfi dire la derniere perfection à tout l'Ordre. Les Monafteres de Paris, de Dijon & ceux qu'ils ont établis font ce quatrième vœu. La Divine Providence a voulu que ce grand Ordre fut compofé de Filles congrégées & de cloîtrées pour une raifon remarquable; fçavoir afin que le fruit en fut plus prompt. Les Sœurs congrégées, allant d'abord trouver les enfans dans les maifons pour leur donner des préfervatifs contre l'héréfie, au milieu de laquelle ils étoient bien fou vent, avant que les Religieufes dûffent s'attendre qu'on les leur amenât dans leurs Convents pour conferver leur

innocence.

La Compagnie de Sainte Urfule (car cet Ordre porta d'abord ce nom ) `dés

fon commencement fut appellée du peuple la divine & fainte Compagnie, L'an 1544. le Pape Paul III. l'approuva, & par fa Bulle lui confirma le nom que la Bienheureuse Angele avoit choifi, l'appellant la Compagnie de Sainte Vrfule. Il déclare qu'elle étoit canoniquement inftituée, & donna pouvoir aux Supérieurs d'augmenter, de diminuër, ou de changer ce que l'on trou veroit convenable, felon les temps ou les lieux où elle feroit établie. Le grand Cardinal Saint Charles Borromée ne chérit rien tant dans fon Diocéfe que les filles de Sainte Urfule, en ayant fait venir de Breffe à Milan, qui s'y multiplierent jufques à quatre cens, & dont il avoit un foin particulier; elles lui rendirent des fervices confidérables pendant que la pefte faifoit de fi triftes ravages dans cette grande Ville. Pour affermir davantage ce nouvel Inftitut, il obtint du Pape Gregoire XIII. l'an 1572. de nouvelles Bulles d'approbation, & de nouveaux Priviléges à la Compagnie de Sainte Urfule. Sixte V. Paul V. & plufieurs de leurs Succeffeurs, ont auffi approu vé & favorisé cet Ordre.

Il nous faut maintenant parler des Urfulines confidérées comme Religieu

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fes, & faifant profeffion des vœux solemnels de Religion, & gardant une étroite clôture. Ce fut Madelaine l'Huilier, Dame de Sainte Beuve, qui étoit une Veuve de grand merite qui en fut la premiere Inftitutrice, & qui en fonda le premier Convent au Fauxbourg Saint Jacques à Paris l'an 1612. Cette vertueufe Dame nâquit vers l'an 1562. Son Pere fut Meffire Jean l'Huillier, Seigneur de Boullencour, de Chanfenay & d'Angeville, Préfident en la Chambre des Comptes de Paris : & fa Mere Dame Renée Nicolaï. Elle futmariée à l'âge de dix-neuf ans à Meffire Claude le Roux, Sieur de Sainte Beuve, Confeiller au Parlement de Paris, iffu de la noble Maifon des le Roux de Rouen, devenuë Veuve à l'âge de vingt-deux ans fans avoir eû d'enfans; elle prit une ferme réfolution de ne fonger jamais à un fecond Mariage & d'employer au contraire le refte de fes jours qui devoient être encore fort longs felon le cours de la nature, à à procurer la gloire de Dieu, & d'y employer tout le bien qu'elle avoit au monde.

En ce temps-là Mademoiselle Acarie, affez connue fa haute vertu, par vailloit avec un zéle infatigable à l'é

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