de Cofence, capitale de cette Province, de huit ou dix lieuës. Il eût pour Pere Jacques Martotille & pour Mere Vienne de Fufcaldo , qui s'appelloit ainfi d'un Château voifin de Paule. Ces deux Perfonnes vivant à leur aise, des biens qu'ils avoient herité de leurs parens, paffoient prefque tout leur temps dans la pratique du jeûne, de l'oraifon, & des autres exercices de la pieté chrétienne. On dit qu'ayant été longtemps dans le Mariage fans avoir d'enfans, ils obtinrent celui-ci par leurs prieres, & croyant qu'ils en étoient redevables à Saint François d'Affife dont ils avoient invoqué le fecours & l'affiftance auprés de Dieu, ils lui firent donner fon nom fur les fonds du Baptême. ? Sa naiffance fut fuivie quelque temps aprés, de celle d'une fille appellée Brigide, laquelle ayant été mariée à Antoine d'Alexio, Gentilhomme du pays, eft devenue par fon fils André ( qui vint en France à la fuite de fon faint Oncle) la tige féconde de plufieurs illuftres Familles , que leurs grandes charges & leur probité, ont rendues recommandables dans le Royaume. Ce fut affez à Jacques Martotille & à Vienne, d'avoir un fils & une fille; ils renoncerent aprés la naiffance de celle-ci à tout ufage du Mariage, & d'un confentement mutuel, ils firent vœu de continence. La ferveur même de Jacques alla fi loin, qu'aprés que l'Ordre des Minimes eût été établi par fon fils, il y entra, & y vécut avec une pieté tres-exemplaire. Certes François de Paule ne pouvoit recevoir d'un Pere fi parfait, & d'une Mere fi vertueufe, qu'une éducation toute fainte. L'an 1427. pour s'acquiter d'un vœu qu'ils avoient fait pour fa naiffance, & qu'ils avoient renouvellé quelque temps aprés pour fa confervation à l'occafion d'une tumeur qui vint à l'un de fes yeux, & qui le mit en danger de le perdre, le conduifirent aux Religieux de Saint François du Convent de Saint Marc, ville Epifcopale de la même Province de Calabre, pour y porter pendant un an l'habit de leur Ordre. L'année fuivante, ayant accompli le vœu de fes parens, il fortit du Monaftere de Saint Marc, & fit avec quelques-uns des Religieux plufieurs pélerinages, ayant toûjours un grand foin de vifiter les Monafteres & les Hermitages les plus célébres qui fe trouverent fur fon paffage. C'est une tradition de l'Ordre, qu'il alla chez les Hermites du Mont-Luc à Spolette, dont il femble avoir imité la forme d'habit dans les vétemens qu'il a depuis donnez à fes Religieux. Le mépris qu'il avoit conçû du monde par l'infpiration du Saint Efprit qui l'appelloit à la folitude, le porta à fe retirer l'an 1429. dans un endroit éloigné d'environ cinq cens pas de la ville de Paule, qui étoit un lieu du Domaine de fes parens. Mais cette retraite ne lui femblant pas affez fecrette, ni affez féparée de la fréquentation des hommes, il ne s'y arrêta que fort peu de temps, & quelques mois aprés, il en choifit une autre non-feulement plus éloignée; mais auffi plus affreufe & plus deferte, dont le fond lui fut donné par une de fes proches parentes, où il mena pendant cinq ou fix ans une vie femblable à celles des plus fameux Anachorettes de la Thébaïde. Sa réputation fe répandit bien-tôt dans toute la Calabre; & il alla tant de monde dans le defert, voir ce nouveau Jean-Baptifte, que plufieurs animez du defir de le fuiabandonnerent leurs parens & tous leurs biens pour être les compagnons de fa penitence. Ce fut dans ce defert, qu'ayant bâti une Chapelle & quelques Cellules, il jetta les fonde vre, mens de fon Ordre. Saint François de Paule & fes compagnons demeurerent en cet état pendant plufieurs années, fous le nom d'Hermites de Saint François, & depuis ce Saint Fondateur voulut que fes Religieux s'appellaffent Minimes, pour marquer que l'humilité, cette grande vertu du Chriftianifme, devoit être leur caractere particulier. L'an 1444. François fut appellé par les habitans de la Ville de Paterne, pour prendre un nouvel établiffement chez eux. Le nombre de fes imitateurs s'augmentant continuellement, il prit enfin résolution l'an 1452. de bâtir à Paule, avec la permiffion de Pyrrhus fon Archevêque, un Monaftere d'une jufte étendue, & une Eglife plus fpatieufe. Saint François d'Affife lui apparut dans le temps qu'il commençoit cet édifice, il en réforma le plan, & lui fit prendre de nouveaux alignemens. L'année fuivante il s'établit à Spezane le Grand, qui eft du Diocéfe de Cofence, & n'eft éloignée de cette Ville que de quatre milles ; & de Spezane il alla à Corilian, qui eft du Diocéfe de Roffane, & avec la permiffion des Ordinaires il y établit de nouvelles Colonies, & y bâtit dans la fuite de nouveaux Convents. L'an 1460. il prit un Convent à Crotone en la haute Ca labre, Le bruit de fes vertus & de fes miracles s'étoit tellement répandu en Sicile, qu'il n'y avoit point de Ville dans toute cette Ifle, qui ne fouhaitât avec ardeur de jouir de fa prefence. Ainfi aprés avoir donné fes ordres pour le gouvernement des maifons de Calabre qu'il laiffoit, il partit pour la Sicile avec deux de fes Religieux. On rapporte qu'un Nautonnier n'ayant pas voulu le paffer avec fes compagnons, faute d'argent pour payer leur paffage, animé de cet efprit de foy capable de tranf porter les montagnes, il ne fit qu'éten dre fon manteau, & s'étant mis deffus avec fes deux difciples, il traverfa ce fier élément fans aucun danger, & étant arrivé dans cette Ifle, il y bâtit de nouveaux Monafteres. Aprés que nôtre Saint eût fatisfait à la priere des Siciliens, il revint l'an 1468. en Calabre, où il affifta les pauvres dans une extrême famine qui affligeoit toute cette Province. L'an 1469. il mania des charbons ardens fans fe brûler, en la prefence d'un Camerier, que le Pape Paul II. avoit envoyé à Paule pour examiner fa vie, fa doctrine & fes mœurs. L'Archevêque de Cofenfe qui lui |