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fréquens de ce temps-là avoient beaucoup affoiblie. Il y travailla pendant quelques années avec un fuccés admirable, & en 153. il vint à Rome pour affifter au Concile de Latran › que le Pape Jules II. avoit indiqué l'année précédente, pour travailler au grand ouvrage de la réforme, dont on avoit tant de befoin. Ce fut là que Leon . ́. fucceffeur de Jules, ayant connu les grandes qualitez de Caraffe, l'envoya Nonce en Angleterre vers le Roy Henry VIII. & que content de la maniere dont il s'étoit acquité de fon emploi, il le fit paffer en Espagne à la Cour du Roy Ferdinand, auquel il confeilla peu de jours avant qu'il mourut, pour décharger fa confcience, de rendre le Royaume de Naples à fon Neveu, qui Y avoit des droits plus juftes & mieux fondez qu'il n'en pouvoit avoir, & dés lors les Espagnols commencerent à se défier de lui. Cependant il continua fes fervices dans cette Cour avec beaucoup de fermeté & une force d'efprit admirable. On rapporte qu'étant un jour à l'Autel, & prêt à commencer la Meffe, un Page lui vint dire qu'il atCharles tendit, & que le Roy* ne pouvoit pas d'Autri encore venir. Ie ne ferai pas cela, dit-il, & commença incontinent la Meffe.

* C'étoit

ch de 9

puis En

pereur,

Une liberté fi chrêtienne, & qui s'accommodoit fi peu avec la politique & quelques autres paroles qu'il lâcha dans le Confeil contre les fentimens des Miniftres d'Efpagne, lui firent juger qu'il ne pouvoit pas demeurer long-temps dans cette Cour avec dignité. Il demanda fon Congé, & l'ayant obtenu, Charles Quint ne laiffa pas de lui donner des marques de l'etime qu'il faifoit de lui, en le nommant à l'Archevêché de Brundifi, qu'il garda avec celui de Théate, felon la coûtume, ou plûtôt l'abus de ce tempslà. Mais ce ne fut pas pour longtemps; car il remit l'un & l'autre entre les mains du Pape l'an 1524. pour s'appliquer à fervir Dieu dans la retrai te. Ses glorieux emplois lui avoient acquis la réputation d'un grand hom-, me de bien, il fut un rigide cenfeur des vices, & fa qualité de Nonce & d'Archevêque ne l'empêcherent pas de mener une vie fort auftere, Aprés s'ê-. tre dépouillé de toutes les marques de fa dignité, il fit deffein de vivre conformément à l'efprit des Apôtres, &. embraffa cet Etat en fondant avec Saint Gaëtan, l'Ordre des Clercs réguliers qui portent fon nom. Cepen-. dant le Pape Paul III. ayant conçu

pour fon merite une eftime toute particuliere, & croyant rendre un grand fervice à l'Eglife, le fit Cardinal l'an 1536. & voulut qu'il reprit l'Archevê.. ché de Chiéti qui vint à vâquer cette même année. Ce fut dans ce pofte éminent, qu'ayant donné des marques de la grandeur de fon efprit, de fa fermeté, de fon zéle, & de fon attachement inviolable à foûtenir les interests du Saint Siége, on le jugea même digne de le remplir fous le nom de Paul IV. s'étant voulu appeller ainfi en memoire de Paul III. qui lui avoit donné le Chapeau de Cardinal. Il fut le fucceffeur de Marcel II, dont la mort ar. riva l'an 1555. Pendant fon Pontificat,

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qui dura quatre ans il eût beaucoup de traverfes, & fes Neveux qui abuserent de fon autorité & de leur fortune, pour commettre une infinité d'injustices, fans qu'il y eût de fa faute, le rendirent odieux à bien du monde : il eft vrai qu'il les punit févérement lorsqu'il eût appris leurs déréglemens & leurs crimes; mais ne pouvant fupporter le fais accablant de fes afflictions mourut le 18. Aouft de l'an 1559.

il

Gaëtan de Thienne, que l'on reconnoît communement pour premier Intituteur de cet Ordre Apoftolique,

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étoit de Vicenze, ville de l'Etat de Venife, & vint au monde l'an 1480. trois ans avant la naiffance de Luther, Sa famille étoit des plus illuftres de ce temps-là, foit dans les dignitez Eccléfiaftiques, foit dans les emplois militaires. Gaëtan fe confacra au fervice des Autels dés fa pius tendre jeunesse, & il continua toûjours les mêmes éxercices de pieté, jufqu'à ce qu'étant entré dans la Congrégation de l'Amour Divin, il s'affocia, comme nous avons dit, à l'Evêque de Théate, pour former une nouvelle Congrégation de Clercs & Religieux tout enfemble, ou il donna des marques fi éclatantes de fon amour pour Dieu, de fon defintereffement, de fon courage & de fon zéle. Il le fit particulierement éclater dans une maladie contagieufe qui s'alluma en Italie, & qui fe répandit juf ques dans la ville de Rome. Car les Hôpitaux s'étant en pet de temps remplis de malades, on l'y voyoit continuellement avec fes Confreres s'appli quer au fecours de ces miférables, & à leurs befoins tant fpirituels que corporels. Ils n'étoient encore que quatre; mais alors plufieurs perfonnes de merite s'étant joints à eux leur nombre monta jufqu'à douze. Cette augmen

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tation les obligea de quitter la maison du Champ de Mars qui étoit trop petire & d'en prendre une autre fur le Mont-Pincius, où ils ne furent qu'environ deux ans, ayant été obligez de l'abandonner dans la prife de Rome par l'Armée des Impériaux, qui commirent dans cette Ville une infinité de defordres. Il n'eft pas de mon fujet d'entrer dans aucun détail des facriléges, des meurtres, des viols, des im piétez, & des autres maux que cette armée d'hérétiques fit dans le pillage de cette capitale du monde ; je dirai feulement qu'un de ces malheureux qui avoit fervi autrefois Saint Gaëtan à Vincenze, & s'étoit depuis enrôlé dans les troupes de George Fronfperg; cet infolent Luthérien, qui en venant à Rome, montroit continuellement un cordon d'or, dont il difoit qu'il vouloit étrangler le Pape, ayant reconnu fon ancien maître, & croyant qu'il étoit encore riche comme il étoit autrefois lorfqu'il étoit à fon fervice, anima fes compagnons à fe jetter fur la maifon des Clercs réguliers pour la piller. On fit mille cruautez au faint homme, afin de lui faire dire où étoit fon Trefor, ce qu'il fouffrit avec une patience héroïque. Aprés que par un

piller

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