SCENE V I. JONATHAS, SAUL. SAUL. ́Ous m'êtes cher, mon fils, & jusqu'à ma Tout a dû vous parler de cet amour de pere. M'ont fait payer bien cher la vaine complaifance Pour conferver ce rang où le fang vous appelle', Dieu ! que n'a point tenté mon amour paternelle! Mais l'ennemi l'emporte, & par l'arrêt du Ciel, Si vous n'obéiffez, c'en eft fait d'Ifrael. JONATHAS. Quel ennemi nouveau menace la patrie? Je te fais Roi, mon fils; & le Ciel qui me frappe Je ne fouffrirai point que ta main me le rende, JONATHA S. Hé! de quel fang, Seigneur? SAUL. Je te vais accabler Mais il ne s'agit plus enfin de reculer. David? veillai-je ? ô Ciel! eft-ce vous, est-ce un pere, Qui vient de me dicter cet arrêt fanguinaire? Il faut que David meure, & meure par ma main ? Saül auroit conçu ce projet inhumain ! Non, non, ce n'eft pas vous; l'Iduméen perfide Mon pere, au nom du Ciel tant de fois irrité, Ces frivoles difcours ne font plus de faison; Ou Ou fi par tes refus je perds le Diadème, Tout me fera David, fût-ce Jonathas même. Lâche, tu le verras regner, & nous mourrons! Si c'eft l'arrêt du Ciel, s'il le faut, expirons, SAUL. Perfide... cette main fera le facrifice: JONATHA S. Frappez. SAUL tirant l'épée. Meurs. SCENE VII. DAVID fe préfentant à Saül. A Ah! c'eft toi... RRESTEZ. O Ciel ! qu'allezvous faire? SAUL à David. JONATHA S. Fui, David: immolez-moi, mon pere. DAVID. C'eft à moi de mourir: frappez, votre ennemi. SAUL à David. Traître, reçois ce coup. JONATHAS. Cher David, prends la fuite. SAUL épouvanté. Quelle main invifible arrête ma poursuite? Où vai-je? quelle horreur ! quoi! viens-tu,Samuel, Soldats, où courez-vous ? l'ennemi m'environne Son Démon l'abandonne, & fa fureur expire; SCENE VIII, & derniere. JONATHAS, DAVID. MA jour. JONATHA S. Ars une fainte horreur me faifit à mon tour. Le Ciel s'ouvre pour moi, Dieu faint, ta voix m'appelle, Pour mes foibles vertus récompenfe trop belle! Pour qui brillent ce fceptre & ce glaive inhumain ? On t'offre l'un, David; l'autre arme un Philiftin. Le cruel il me perce! ô mort toutefois chere! Pardonne au moins, Dieu jufte, à mon malheureux pere! Qu'il te fuffife, helas, de punir dans le fils Des forfaits qu'il abhorre & qu'un autre a commis. Mais d'où vient malgré moi fens-je couler mes larmes ? Quel trifte fouvenir diffipe ces doux charmes ! O tendreffe, ô David! ô regrets fuperflus! Quel ordre rigoureux, l'Eternel me déclare! pare. |