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La majefté, l'air, la figure.
L'efprit, les dons de la nature,
Ne font point ta regle & tes loix :
C'eft le cœur humain que tu vois.
Si tu veux nous donner un Maitre,
Daigne nous le faire connoitre ;
Et pour le couronner, je n'attends que ta voix.
(La Symphonie recommence.)

SCENE

VII.

'ISAI, DAVID, SAMUEL.

V

IS AI à Samuël.

Oici l'objet de ma tendrèssę:

Quoique pour ce cher fils tout mon cœur s'inté

reffe,

Vous-même prononcez, fi j'ai dû l'amener,

SAMUEL à Isaï.

'Arrêtez. C'est à Dieu de nous déterminer.

DAVID à Samuël.

Confus d'être fi lent à faire mes offrandes,
Je viens excufer ma lenteur.

Cet agneau paré de guirlandes
Eft le plus chéri du pafteur.
Pour honorer votre préfence,

Il falloit un moment d'abfence;

Je n'ai pu j'en conviens, laiffer feul mon troupeau :

Prophète, béniffez le berger & l'agneau.

'SAMUEL.

Berger chéri des Cieux, des hommes, & d'un pere,
Daigne le Seigneur débonnaire,

Compofant pour David le deftin le plus doux,
Ratifier les vœux que je forme pour vous !
Pour le rendre aujourd'hui propice,

Je deftine au Très-Haut ces dons en facrifice.

SCENE VIII.

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SAMUEL, ISAI.

SAMUEL.

'UR le choix de vos fils le Ciel n'a point parlé : Gardez que le fecret ne leur foit révélé.

Nous fonderons leur caractère :

Je dois, vous le fçavez, moins conseiller un pere, Que l'oracle du Ciel qui fera dévoilé.

IS A I.

Mes vœux ne penchent fur personne :

Que Dieu choififfe un fils digne de la Couronne, Il fuffit: mais, Prophète, à l'ombre des ormeaux, Venez goûter du moins la douceur du repos.

Fin du premier Acte.

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Les huit freres de fuite felon l'ordre de l'âge, avec leurs habits divers, & leurs fymboles comme houlette, faucille, ferpette, ligne à pêcher, &c. fuivant leurs profeffions.

U

ELIAB aîné, en entrant.

Du jour que l'on nous donne il faut goûter la

joye.

ABINADA B.

Jouiffons du plaifir que le Ciel nous envoye.

SAMMA.

Aux ennemis de Dieu laiffons les noirs chagrins. MERIM.

Que pour nous tous les jours foient calmes & fereins!

NAZA.

Banniffons d'entre nous la difcorde & la haine.

A OD.

Oublions aujourd'hui les travaux & la peine.
BETHEL.

Faifons couler ce jour en d'innocens ébats.

DAVID.

Le travail dans la fuite en aura plus d'appas.

ELIAB

ELIAB aîné.

Tant que l'amitié fecourable;
Tant qu'une paix douce & durable
Regneront ainfi parmi nous,

Les Rois, de notre fort devront être jaloux.
Mais à propos de Rois, comprenez-vous, mes
freres >

Du grave & faint vieillard les fublimes difcours
Pendant tout le festin j'en ai suivi le cours,
Et retraçant des Rois les divers caractères,
Je l'écoutois fans ceffe, & l'admirois toûjours.
Dans quel gouffre de foins le Diadème entraine!
Qu'on achète à grand prix une pompeuse chaine !
L'éclat dont elle brille, & fes trompeurs attraits,
Valent-ils l'humble état où nous vivons en paix ?
Où fur le port affis à l'abri des orages,

Nous voyons s'écouler nos beaux jours fans nua ges;

Où chacun fçait donner un terme à ses desirs,
Où nous n'avons enfin que d'innocens plaifirs?
Heureux, qui comme nous dans ces réduits
tranquilles,

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Loin du bruit de la Cour, du tumulte des villes,
Goûte d'un doux loifir les appas fouverains,
Et ne doit fon repos qu'au travail de ses mains
Il ne voit point du fond de ses palais antiques
Les flots d'adorateurs inonder les portiques.
Son toit n'étale point l'azur, la pourpre,
l'or,

Et fes feules vertus compofent fon tréfor:

Tome IV.

K

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peres.

Mais la terre pour lui prodiguant fes largeffes,
Récompenfe fes foins par d'utiles richelles :
L'automne de moiffons couvre fes longs guérêts,
Tandis qu'il fe nourrit fous les ombrages frais,
En béniffant du Ciel les faveurs falutaires,
Des fruits qu'il a cueillis dans le champ de fes
Il goûte, il connoit feul le paifible fommeil,
Qui jamais n'eft troublé par un triste réveil.
Il voit, en loüant Dieu, les campagnes fleuries,
Les arbres toujours verds, les riantes prairies,
Sous un pénible joug les taureaux gémiffans,
Et fes nombreux troupeaux fur l'herbe bondiffans.
Jamais des noirs foucis les affreufes cohortes
De fa chafte maifon n'affiégérent les portes:
Il bannit des plaifirs le charme empoisonneur.
Heureux qui fçait connoitre & fentir ce bonheur !
Heureux, qui détrompé d'une erreur inquiéte,
Poffédant peu de biens a tout ce qu'il souhaite!
Si de fa deftinée on lui laiffoit le choix,
Voudroit-il la changer avec le fort des Rois?
ABINADA B, Voyageur.

Quand j'enrichis les miens par d'utiles voyages,"
Je dédaigne en fecret les plus flatteurs hommages.
Content de mon destin, satisfait de mon choix,
Je ne changerois pas avec le fort des Rois.

SAMMA, Jardinier.

En voyant le verger que cette main cultive,
Je croi voir d'un cœur pur une image naïve :
Content de mon deftin, fatisfait de mon choix,
Je ne changerois pas avec le fort des Rois.

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