Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Pourquoi donc par ce vain fantôme,
Prétendre nous donner la loi ?

Un Royaume, mon frere, est une mer plus vaste,
Qù le plus habile Nocher

Voit fouvent au moindre rocher
Brifer fes projets & fon fafte.

Les Peuples ne font pas poiffons,
Ni le Roi pêcheur. Finiffons;

Le Vigneron (c'est moi) feroit mieux votre af

faire.

BETHEL, Soldat.

Un Vigneron! que peut-il faire?
De fon inutile labeur,

Le vent, la grêle, ou la vapeur
Font évanouir l'espérance:
Et la plus heureuse apparence

N'eft pour lui qu'un voile trompeur.
Par fa prudence & fon courage

Un Roi guerrier prévient ou diffipe l'orage,
Et fait par fes nobles projets

Eclorre des combats les doux fruits de la paix.

DAVID.

Je pourrois, fuivant ces vestiges Montrer qu'un Roi guerrier n'est pas le plus grand

Roi,

Et plus d'un Royaume en fait foi.

Mais de tous ces difcours écartons les preftiges: Pleins de talens & de vertus

Vous méritez tous d'être élus.

L'Eternel, qui voit ma pensée,
Sçait qu'elle eft défintéreffée.

Mais allons, fans nous perdre en des propos fi

vains,

Attendre du Seigneur les ordres fouverains.

Fin du troifiéme Alte.

***********

ACTE QUATRIEME, & dernier.

SCENE UNIQUE.

SAMUEL, ISAI, & fes huit enfans avec leurs dons.

LA

ISAI.

A Couronne, mes fils, n'eft pas ce que l'on
pense.

Vous reconnoiffez l'imprudence
Qui vous la fit fouhaiter.

trop

Ciel! en quel embarras un Sceptre doit jetter
Ceux-mêmes qui par leur naiffance
Sont obligés de le porter ?

Un Prince aux yeux d'autrui ne fçauroit difpa

roitre,

Pour jouir de foi-même en paix ;

En un mot il eft moins le maitre
Que l'esclave de fes fujets.
SAMUEL.

Dégagés déformais d'une erreur féduifante,

Approchez, & d'une ame au thrône indifférente, Offrez à Dieu vos dons & vos vœux les plus

[merged small][ocr errors]

Et quel que foit le Roi pour qui Dieu fe déclare, Jurez tous, d'un accord auffi jufte que rare, Qu'aucun n'en deviendra jaloux.

ELIAB mettant le pain & le vin fur l'Autel.
Confus de mes vœux téméraires

Je le jure pour moi : j'en jure pour mes freres.
ABINADAB mettant son offrande fur l'Autel.
Ciel! daigne recevoir mes dons & mes fermens.
SAMMA mettant fur l'Autel une corbeille
de fruits.

Dieu vivant, oubliez mes honteux fentimens,
MERIM mettant fur l'Autel une gerbe.
Que ce préfent offert vous rende favorable!
NAZA mettant fur l'Autel les poiffons.
Qu'un fi prompt repentir me rende moins cou-
pable !

AOD mettant des raifins fur l'Autel.
Je vous préfente un cœur exempt de paffion.
BETHEL mettant fur l'Autel son épée.
Je vous préfente un cœur libre d'ambition.
DAVID mettant fon agneau fur l'Autel.
Acceptez mon offrande: & pour l'honneur infigne
regner fur tout Ifraël,

De

Choififfez avec Samuël,

Non le plus jeune fils, mais le fils le plus digne.
ISAI vers l'Autel.

Toi qui vois mes enfans inclinés devant toi,
Sui le bien de ton peuple en choisissant son Roi.
SAMUEL vers l'Autel.

Bethléem, Cité fainte, ô Cité favorite,

Du jour que tu vois luire, où tu vas de ton fein

A nos douze Tribus donner un Souverain,
Des villes de Sion jadis la plus petite,
Tu verras à tes loix céder Jerufalem.
O Cité fainte, ô Cité favorite,

Le Jufte défiré naitra dans Bethleem.
Peuple, écoutez ma voix, l'Efprit divin m'in-
fpire...

Qu'on prête à mes transports les doux fons de la lyre.

(Symphonie.)

O Toi, qui fus toûjours fidéle à nos ayeux,
Dieu de Jacob & de nos Peres,

Daigne encore en ce jour exaucer mes prières.
Donne au Roi que tu vas exposer à nos yeux
Tes Thréfors les plus précieux,

L'efprit de vérité, de douceur, de sagesse,
Un cœur qui pour toi s'intéresse,
Un cœur dont tu fois feul le maitre & le foutier,
Un cœur droit, en un mot , un cœur conforme
au tien.

Parle, éclatte, il eft tems: qui veux-tu qu'on choififfe?

Montre-nous le Roi d'Ifraël.

Quel qu'il foit, que fon facrifice
Soit marqué par le feu du ciel.

(La Symphonie recommence. Il paroît une flamme fur l'agneau offert par David Samuel le conduit auffitôt entre lui Ifaï; puis il dit :)

SAMUEL.

Le Ciel s'est déclaré : Peuple, que tout fléchiffe.

« AnteriorContinuar »