SIMPLICE la Boëte étant ouverte. Quelle fumée, ô Dieux ! quelle flamme! fuyons, (Ils s'écartent un peu.) MERCURE à côté de la Boëte. C'eft fait, la mine eft éventée ; (Je l'ai prédit à Promethée.) Voici déja les Maux aux champs : Pour peu qu'ils faffent les méchans, Ils vont faire de belles œuvres. Mais non; Meffieurs les Maux, gens galans & polis, Vont jouer du torticolis, Pour faire dans la fuite avaler des couleuvres. (Epimethée & fes élèves un peu rassurés, s'avancent doucement pour regarder dans la Boëte. ) J'en vois un; place, place à tout le régiment. Paix; écoutons fon compliment. (Mercure fe retire dans fon coin.) SCENE VII. Les Mêmes, le GENIE des Honneurs. LE GENIE. Ous voyez des Honneurs le Génie & le Maître ; MERCURE à part. Des faux Honneurs, s'entend. LE GENIE aux hommes. Pourquoi me fuyez-vous? Ceux que vous allez voir paroître 223 Vous feront avec moi le destin le plus doux. Jugez-en par les biens que je vais faire naître ; Sortez, Honneurs, rendez les Dieux mêmes ja loux. des (Il tire de la Boëte des Sceptres, des Couronnes, & marques d'Honneur, qu'il place fur une table.). EPIMETHE'E. Qu'eft ceci ? LE GENIE. PAMPHILE. ( Et cela? LE GENIE. Des Couronnes De Potentats, de Ducs, Princes, Comtes, Mar quis. PAMPHILE. Certes voilà des Maux exquis. EUGENE. Oui-dà, ces choses-là font bonnes. LE GENIE. Je vous expliquerai leur mérite & leur prix. Déjà fans les connoître ils en font tous épris. LE GENIE. Le Sceptre en main & la Couronne en tête, Seuls vous ferez le calme & la tempête. Vous goûterez l'encens, vous aurez des Autels Et vous irez de pair avec les Immortels. POLYTRO PE prenant un Sceptre. Cela donne un grand air. PROTHYME mettant une Couronne fur Sa tête. Et ceci de l'empire. FRONIME prenant un drapeau. Cette pompe me plait. SIMPLICE. Cela ne fait point rire. PAMPHILE au Génie qui tire de la Boëte des écuffons. Hé! que veut dire encor cet attirail. Ne vous en mocquez pas ce font des armoiries. Je ne voi point encor ici le mot pour rire. Voyons fi de la Boëte un autre fortirà. la Boëte. O Toi, qui des plaisirs es le fuprème arbitre, 225 SCENE VIII. Les Mêmes, le GENIE des Plaifirs. PAMPHILE en le voyant. SON air ON air & fes fleurs méritent bien ce titre. Il va leur réciter quelques vers d'Opéra. Joüiffez des belles années. Qu'ai-je dit? II. GENIE. Je puis feul les rendre fortunées : MERCURE à part. Il ne leur dira pas qu'incontinent fannées, Les délices qu'il offre ont le deftin des fleurs. (Le fecond Génie présente des fleurs aux Jeunes gens, qui en prennent.) EPIMETHEE à fes élèves. De ce prétendu mal je vois qu'on s'accommode: A peine paroît-il, qu'il devient à la mode. EUGENE. Je ne fçai pas pour moi ce qu'il m'a fait ; Mais il a fur mon cœur un empire parfait. POLYTROPE. Tout finet que je fuis je confens qu'il m'attrappe. Tome IV. P PROTHYME. Je ne veux pas qu'un feul de ses plaifirs m'échappe FRONIM E.. J'ai beau faire ici le faget; Le plaifir vient faifir le cœur le plus difcret. Tant d'hommages ravis ne vous flattent-t-ils pas ? On n'en voit qu'un effai; mais bientôt que fera-ce? TOUS enfemble. Voyons, voyons; montrez de grace. MERCURE dans fon coin. Que l'attrait du plaisir rend l'homme curieux ! II. GENIE tirant de la Boëte une bouteille & des verres qu'il met für une table. Cela vaut le nectar des Dieux. Connoiffez par mes foins le doux jus de la treille : Regne à jamais le Dieu du vin. PAMPHIL E prenant un verre. Nous boirons à longs traits cette liqueur vermeille. Sa couleur feule me réveille. EUGEN E. J'ignore ce que c'eft; mais j'en croi le goût fin, FRONIM E. Elle fçait, ce me semble, égayer la fageffe. POLYTROPE. Je fens de mon efprit s'aiguifer la fineffe. |