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et à ses funérailles, M. le capitaine Boulard prenant la parole comme vice-président de cette Société, s'écrie avec chaleur : « Président de la Société des médaillés de Sainte-Hélène, M. Gayot y apporta les précieuses qua« lités dont on vient de vous entretenir; nous pensons pouvoir y ajouter que s'il possédait à un degré éminent la mémoire des faits dont il avait été témoin pen« dant sa longue vie, il n'avait pas moins la mémoire • du cœur. »

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Nous ne devons point nous arrêter sans avoir payé un tribut de compassion à la douleur de ce père infortuné qui avait caressé l'espoir de voir son second fils Louis Gayot suivre les traces de son frère et devenir lui aussi une illustration. Elève brillant du collège de Châlons, il avait été l'émule de plusieurs jeunes gens offrant les plus belles espérances, qui sont tombés prématurément. Lui aussi mourut loin de son pays sous le drapeau de la France, en 1854, au camp devant Sébastopol. S'il ne repose point dans le tombeau de sa famille, au moins son nom y est-il inscrit sur le bronze comme un pieux souvenir, par ses amis et ses condisciples.

Nous ne taririons point sur cet homme de bien; sa vieillesse fut environnée de la vénération de tous; il vécut en sage et mourut en chrétien à l'âge de 90 ans 7 mois 27 jours, le 24 mars 1868.

Il serait superflu de parler de la solennité de ses funérailles où toutes les classes de la société étaient représentées ; quoique M. Gayot eût atteint un âge auquel il est donné à un petit nombre de parvenir, on ne pouvait se faire à l'idée de ne plus revoir cette belle et sympathique figure.

SUR LES

PETITES ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE

DE M. NAGEL

PAR M. LE DOCTEUR CHANOINE

MESSIEURS,

Depuis de nombreuses années, l'industrie séricicole est dans un état précaire qui semble aujourd'hui s'aggraver encore, non-seulement par les maladies si nombreuses et si terribles qui attaquent les vers à soie, mais aussi par la mauvaise qualité des graines venant de l'étranger. Je ne chercherai pas à vous décrire les maladies des vers à soie; cette importante question, sujet approfondi des études des plus grands savants (des Robin, des Pasteur, des Guérin-Menneville), est bien au-dessus de ma compétence, et, malgré des recherches nombreuses, je n'ai qu'une connaissance bien imparfaite de ce sujet si complexe.

Des études de toutes sortes, des expériences sous toutes les formes ont été faites pour connaître les causes de ces différentes affections et les moyens de les guérir; malgré les travaux de tant d'hommes compétents, malgré les publications sans nombre faites par les Sociétés d'Agriculture depuis plus de dix ans, le fléau défie jusqu'à ce

jour toutes les investigations de la haute science et de la pratique la plus consommée.

Quel remède apporter à un pareil état de choses? On crut que l'importation des graines étrangères équilibrerait facilement le déficit; ce fut, Messieurs, une grave erreur, une erreur qui devint fatale aux éleveurs euxmêmes en leur faisant oublier les vrais principes conservateurs de la graine.

Pendant plusieurs années, on resta dans le statu quo. Cependant en voyant le malaise général augmenter, des éducateurs sérieux essayèrent de lutter contre le fléau, mais ils n'obtinrent aucun résultat.

Dans un article publié le 26 avril 1864 dans le Commerce séricicole, M. Duseigneur, de Lyon, résume ainsi la position du grainage français à cette date :

En France, l'on continue les tentatives de grainage en poursuivant désespérément les localités qui sont présumées fournir quelques semences saines.

« M. Bousquet, de Saint-Hyppolite, grand propriétaire dont j'ai cité les grainages d'autant plus sérieux qu'il ne produit que pour sa consommation, après s'être fourni longtemps dans les Pyrénées, a franchi d'un bond toute la France centrale et s'est approvisionné pour 1864 dans l'Yonne et le Cher.

«M. Nagel, de Chenonceaux, directeur de l'un des anciens établissements subventionnés par le gouvernement, se retire de la lice et porte à la connaissance du public (en date du 2 avril) que le grainage indigène étant devenu impossible dans l'Indre-et-Loire et les races étrangères perdues la deuxième année de leur importation, tous travaux séricicoles et de grainage cessent dans la magnanerie jusqu'à la fin du fléau. »

Cette résolution extrême n'a certes pas été prise à la

légère par M. Nagel, l'un des combattants les plus intelligents et les plus intrépides de la sériciculture française. Les hommes les plus compétents dans la sériciculture ayant échoué dans leurs recherches et dans leurs essais, on fonda de grandes espérances sur les graines provenant du Japon, de Yokohama, en particulier, mais les déceptions arrivèrent bien vite.

En effet, les chances d'avaries que courent les graines étrangères surtout de provenances lointaines sont nombreuses. M. D'Arbalestrier, dans une communication faite à la Société d'Agriculture de la Drôme, en signale une qu'il appelle sèche; elle est produite par l'action de la chaleur tropicale que les œufs subissent lorsqu'ils n'ont pas encore la faculté d'éclore. Les graines importées du Japon il y a deux ans, furent en grande majorité inertes. Les transports convenablement aménagés manquèrent, et l'on fut obligé de mettre les caisses sur le pont des navires; ainsi placées, on ne peut les garantir des chaleurs excessives de la traversée et les empêcher de contracter l'avarie dont nous venons de parler plus haut. La ténuité de leur coque rend ces œufs encore plus impressionnables. Enfin la fraude est venue mettre le comble aux inquiétudes des sériculteurs.

La circulaire suivante de M. le Ministre de l'agriculture et du commerce adressée aux présidents des comices agricoles en est une preuve :

« Florence, 26 mai 1868. Il est à la connaissance de ce ministère qu'il est arrivé en Italie, à l'adresse de la maison Guiseppe Dell' Oro di Giosné et Cie, à Milan, de nombreuses caisses remplies de cartons japonais, mais privés de graines.

Ces cartons, au nombre de vingt mille environ, sont munis, à l'endroit, du signe de convention du grand

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